Journal des Mines (1804-05, volume 17) [Image 69]

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1) TI NI 0 N

MINES DE FER ET FORGES moyen 33 pour à la fonte en grand. Le minerai qui se trouve dans le voisinage des crevasses, lesquelles donnent accès à l'an et à l'humidité, est d'un brun foncé; cette variété , très-difficile -à fondre, est susceptible d'être convertie immédiatement en fer, et les forgerons en mêlent souvent à la gueuse qu'ils affinent. La montagne des Heurtières est généralement 124

Nature de la montagne,

composée de schiste quartz micacé grisâtre, souvent contourné : on y voit des, feuillets de mica gris alterner avec des feuillets de quartz et de feld - spath blanc. On n'observe aucune régularité dans la disposition des couches de

cette montagne, qui parait composée de pièces

détachées dit M. de Saussure, comme si elle avait été brisée ou froissée par un mouvement Étendue 'des travaux,

violent. Le filon de Saint-Georges est exploité depuis

près de trois siècles, et peut-être l'était-il an:térieurement. L'oeil mesure avec effroi l'étendue de l'excavation dite la grande fosse , laquelle se

prolonge, sans pilier ni étai , sur une hauteur de 120 mètres, sur près de 200 metres de longueur, et sur toute l'épaisseur du filon , qui est en cet endroit de 8 à 12 mètres, ce qui forme

-un vide d'environ 240000 mètres cubes. Les mineurs qui travaillent au haut de cette excavation , S'y tiennent suspendus au - dessus du précipice, à l'aide de morceaux de fer implantés

de loin en loin dans le roc ; ils sont tellement familiarisés avec ce danger, qu'à peine y pensent-ils; les accidens sont même très-rares. On jette les déblais dans de vieux travaux qui s'étendent encore 3oô mètres plus bas , jusqu'au niveau de l'endroit dit les terriers, où sont les.

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magasins de mine grillée. On n'a pas exploité au-dessous, quoique tout porte à croire que le filon s'y prolonge encore. Les habitans de la Commune de St-Georges s'attribuent le droit exclusif d'attaquer la montagne, partout où elle ne l'est pas déjà. Lorsqu'ils tiennent le minerai , ils le suivent à l'aventure jusqu'à ce que d'autres mineurs les rencontrent. Ils reviennent alors sur leurs pas, et travaillent dans un autre sens, soit en montant, soit en descendant. L'exploitation d'un filon est regardée comme une prise de possession, et cette singulière propriété, qui se vend et se transmet par héritage, donne lieu à des contestations interminables , souvent suivies de rixes sanglantes. Cet état de choses est très-contraire à l'intérêt

général. En effet, il n'y a aucun accord pour la direction des travaux entre les extracteurs : ceux-ci, la plupart très-pauvres", et dénués de

toute connaissance, ne sont guidés que par l'intérêt du moment ; le moindre accident les dé-

courage ; et pour peu que le filon devienne moins puissant ou moins riche, ils abandon

rient leurs travaux peut-être au moment oit ils allaient devenir le plus productifs , et vont se reporter plus loin. Il reste ainsi entre les diverses attaques des massifs considérables de minerai qui sont perdus pour toujours, vu qu'on n'aura pas de plans des travaux pour se guider dans leur recherche , à travers les déblais dont ils sont cernés. On arrive dans les travaux par des galeries lasses et étroites, plongeant à la rencontre du