Journal des Mines (1802-03, volume 14) [Image 182]

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VOYAGE

plus pur, mais son disque était dépourvu de rayons , et le ciel semblait d'un bleu noir si

fortement nuancé de vert, que mes guides rnt. me furent frappés de son étrange apparence. La

première teinte a été observée sur toutes les

hautes montagnes ; mais il n'y a point d'exemple de la seconde, et je ne sais à quoi attribuer cette singulière illusion d'optique. A onze heures un quart j'atteignis le sommet, et j'eus le plaisir de voir enfin toutes les Pyrénées sous mes pieds. Je mis aussi-tôt mesdnstrumens en expérience. II régnait un vent furieux d'ouest-

sud-ouest, qui rendit cette opération assez difficile. Je notai l'état du baromètre et du thermomètre à midi. Le Cit. Dangos faisait à Tarbes l'observation correspondante avec les instrumens qu'il a portés au mont Etna, et qui avaient été soigneusement comparés aux miens. Mon

baromètre, placé au sommet de la calotte de

neige, était, toute correction faite, à 18 pouces 1.1 lignes 14. A Tarbes, il se trouvait au même moment à 27 pouces i ligne 47. La différence des logarithmes donne donc 155o toises pour la hauteur verticale de la colonne mesurée. D'un autre,eô té , le thermomètre à Tarbes était à 2D°, 5

de l'échelle de Réaumur, et au sommet du pic à 5', 5 de la même échelle, ce qui donne, suivant la formule de Trembley, , 12 t. ii à ajou-

ter, et porte la hauteur de cette colonne à 1562 t. Il. Or, les opérations trigonométriques de Vio-

lat, placent le Mont-Perdu à 1599 t. au-dessus de Tarbes : il y a donc une différence au moins de près de 37 t. ou de e7,- de la colonne mesurée. La formule du Cit. Laplace augmente cette différence de plus du double. Il en est de même

AU SOMMET DU MONT-PERDU. 33/' de celle de Deluc, mais la correction de Schiick-

burgh ramène très-exactement le résultat de cette dernière, à celui de la formule de `frein= bley.

J'examinerai de plus près cette observation quand je rendrai compte à la classe de l'en-

semble de mes observations barométriques. Je

me contente, quant à présent, de remarquer qu'il régnait un vent impétueux ; que ce vent

soufflait de la région australe, et que le ciel était

orageux tout autour de moi. Les observations que j'ai faites dans de pareilles circonstances, m'ont toujours donné des hauteurs trop petites. Je remarquerai encore que la correction de température, qui déjà est si souvent hasardée, ne méritait ici aucune confiance. Des circonstances locales, infiniment variées, influençaient diversement toutes les parties de la même couche d'air qu'il m'était permis d'examiner, En effet, si le thermomètre placé à côté du baromètre, sur la calotte de neige, et à quatre pieds - au-dessus du sol, annonçait 50,5 de chaleur, le même thermomètre descendu à la snrface de la neige, descendait à 20, à raison de la forte absorption de chaleur qu'occasionnait la rapide. évaporation de cette surface. En même-tems , autre thermomètre , placé de même à l'ombre de son bâton et à quatre pieds du sol, mais sur

la face méridionale du pic , d'où les neiges

avaient'disparu indiquait + 100, et ce même thermomètre, placé au niveau du soi, et ex-

posé au soleil, montait à + 18,25. Je remarquerai enfin, comme une circonstance singulière et heureuse, que le Mont-Perdu

.et le col du Géant, où Saussure a fait une si

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