Journal des Mines (1801-02, volume 12) [Image 138]

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SUR LA VIE ET LES OUVRAGES

ses proches, de ses confrères, de ses amis fut une sorte de triomphe littéraire. A peine arrivé dans le -Muséum d'Histoire naturelle, il y donna un cours de Philosophie minéralogique. Sa voix se fit entendre du hautde la chaire de Daubenton. Mais bientôt il nous quitta pour aller de nouveau visiter ces hautes. Alpes, qu'il nommoit ses chères nzontagnes.

'Il fit ce dernier voyage accompagné d'un

savant Danois, M. Néergaard, qui en a publi&. l'intéressante relation, et de l'estimable préfet du Léman, le Cit. d'Eymar.. Il vit les plus hauts sommets des environs. ,du Saint -Bernard , l'endroit fameux par le passage d'un second Annibal, les monts Gemmi la belle route que le Gouvernement Français a. fait tracer au travers du Simplon, la vallée du Tessin, les gorges de Dissentis , celles d'Ur-. seren , le val de la Reuss, et les glaciers des monts Geisner. Non loin de là parurent à ses yeux les montacmes secondaires. En abandonnant les monts.. primitifs, Dolomieu, comme frappé d'un pressentiment secret, les considéra long-temps, se retourna plusieurs fois, et leur dit un long et. triste adieu., Il revint à Lyon par Lucerne, les glaciers de Grindelwald, Genève, les terres de ses pères,

où il reçut un accueil si touchant de ceux

avec lesquels il avait passé son enfance ; et il se Lita de partir pour Châteaun.euf, où l'attendaient une soeur chérie, et un beau-frère digne. de seconder ses travaux par ses connaissances en

- minéralogie,. ainsi que par la formation d'une

DE DOLOINIIEU. 241' des plus belles collections de substances minérales.

Là, il roula de nouveau dans sa pensée, le vaste dessein, qu'il avait formé. Il voulait ajouter à toutes ses recherches deux grands voya-, ges, l'un en Allemagne, pour lequel le célè.bre

Werner et d'autres minéralogistes habiles de-

vaient venir au-devant de lui, et l'autre

en.

Danernarck, en Norwège et en Suède. Il aurait ensuite publié l'ouvrage qu'il avait médité sur la Philosophie minéralogique, dans sa prison

de Messine, et dont il venait de faire imprimer un fragment, intitulé : De l'espèce minéCe fragment est un monument precieux de

son génie et de ses malheurs. Il a été écrit

dans son cachot de Sicile, sur les marges de quelques livres qu'on lui avait laissés. Le noir de fumée de sa lampe, délayé dans de l'eau, lui avait servi d'encre. Sa _plume avait été un os péniblement usé contre une pierre.

C'est dans ce fragment qu'il montre combien,

le défaut de règle constante dans la fixation

des espèces minérales, a nui aux progrès de la minéralogie ; qu'il propose de regarder lamolécule intégrante Tante du minéral, comme le principe auquel il faut rapporter la déterm'n.ation de l'espèce ; qu'il admet comme seuls caractères spécifiques, ceux qui résultent de la composition ou de la forme de cette molécule intégrante; qu'il distingue dans les différens états

sous lesquels l'espèce peut se présenter, les

variétés de modification qui naissent de la cris-

tallisation régulière, et qui seules constituent des individus, les variétés' d'impezléctiort,' qui

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