Journal des Mines (1801-02, volume 11) [Image 137]

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POCÉDS PROPRES A CORRIGER 24° Je me suis souvent dit : cc Je puis être envoyé

dans une colonie qui manquera de tout, ou qui n'aura en tout genre de matières, que le

rebut des magasins d'Europe ; je dois me mettre à présent à même de braver toutes les contra-

rietés qui m'attendent Je me suis particulièrement attaché au for, ce métal qui fournit les premiers instrumens de tous les arts. Le fer peut être défectueux, ou par vice de fabrication dans les premiers ateliers où il .a été travaillé, ou par sa nature, étant allié à des substances étrangères pour la séparation desquelles les moyens jusqu'ici connus sont insuffisans.

Dans le premier cas , le fer est pailleux, filandreux, fendillé ; il a peu de nerf : dans les mains d'un ouvrier un peu adroit , ces défauts disparaissent bientôt ; des chaudes suantes bien ménagées , un corroyeinent bien fait et "bien suivi, rapprochent les parties mal soudées, et le nerf parait où l'on ne voyait que du grain, sur-tout si le refroidissement n'est pas brusque. Il n'en est pas de même des défauts inhérens à la nature du fer, et provenans de sa combi-

naison plus ou moins intime avec des substances

étrangères qui le rendent cassant, et font le

désespoir des ouvriers qui ne savent pas le travailler. On. distingue le fer fragile- chaud, appelé par les ouvriers fer de couleur ou rouverain , cassant à froid. et le ferfragile:froid outrès-grande ténacité à Le premier, qui a une

froid, se casse sous le marteau, lorsqu'il est 'chaud , et est ordinairement rebuté dans tous les

CERTAINS PERS , ACIERS

, etc.

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les arsenaux comme le plus mauvais de tous les fers il en est cependant le plus précieux,

Fer rond

Verain,

quand 'on sait le mettre en oeuvre : j'en vais donner les moyens très-simples que j'ai appris clans le département de l'Isère où il est fort commun, et que j'ai fait éprouver avec succès dans les forges de l'artillerie de la marine à Toulon. Il faut chauffer ce fer à blanc presque fon- Travail de dant, et le forger dans cet état lorsque sa ce fer. couleur se rembrunit, on doitcesser de le forger; c'est alors qu'il casserait sous le marteau, si l'on continuait de le battre. On achève de le parer, lorsqu'il est devenu cerise ohscur,, et l'on continue de le forger à froid. L'on peut même accélérer son refroidissement en l'im:

mergeant dans l'eau.

J'ai fait éprouver des fers fragiles - chauds mis au rebut à Toulon , et travailler de la

sorte. Les épreuves sur la ténacité se sont faites de dureracioi, deux manières; par le moyen d'un poids sus- verain.

pendu à l'extrémité d'une barre dont l'autre extrémité était engagée et fixée dans un mur,

et par le moyen de la torsion. L'on a saisi pour cette dernière épreuve, dans un étau, une cheville à oeillet, dans l'oeillet de laquelle on a passé un levier ou tourne-à-gauche : l'on n'a pu parvenir qu'avec beaucoup de peine à rompre la tige de la cheville forgée avec du fer fi-agilechaud, et celle forgée avec le fer passant pour le meilleur de l'attelier,, s'est rompue facilement. Dans la première espèce d'épreuve, le rap port moyen de la ténacité s'est trouvé à l'avanloura. des Mines ,Frimaire an X. Q