Journal des Mines (1800-01, volume 10) [Image 48]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

ENFONCEMENT SUBIT C'est dans cette vue que j'ai cru devoir rendre compte de l'enfoncement subit d'une étendue assez considérable de terrain dans le pays de Liége. 564

Fait.

Dans les premiers jours de vendémiaire an III,

la terre étant couverte de neige, le terrain s'est abaissé subitement pendant la nuit , entre Wandre et Cheratte , à 5 kilomètres au-dessous de Liég-e , sur une étendue de 200 mètres en longueur, -et de 100 à 120 mètres en largeur, au pied de la côte qui regarde l'ouest, sur la rive droite de la Meuse. L'affaissement a eu lieu en partie sous le, talus même de la côte, ce qui a produit un arrachement à pic haut de 15 à 17 mètres sur toute la longueur de l'enfoncement. Tout le terrain a

glissé un peu vers la prairie, de sorte que le chemin qui longeait la côte a été transporté plus à l'ouest, et la rangée d'arbres qui était à l'est se trouve aujourd'hui dans l'alignement

de la rangée opposée. Aucun arbre n'a souffert de ce déplacement ; une mare s'est formée le long de Parrachemeut à pic, et est pleine d'eau depuis ce ,moment. Tout le sol de la prairie voisine s'est en même teins soulevé de 15 a 20 décimètres, le ruisseau qui y coulait s'est desséché ; enfin les deux maisons qui existaient sur ce local mal affermi , ont été renversées, et une femme y a péri clans son lit au moment où son mari effrayé, ouvrant la porte et regardant tout l'horizon en mouve-

ment autour de lui s'écriait, C'est la fin du monde.

D'UNE GRANDE ÉTENDUE DE TERRAIN. 565

Quoiqu'on ne puisse assigner avec certitude cause de cet événement extraordinaire , il me paraît probable qu'il est dû à d'anciennes excavations souterraines produites par l'exploitation des couches de l'ouille les plus voisines de

la surface. Il est vrai qu'on ne connaît dans

cette partie de la vallée aucun reste d'exploitation au-dessous du niveau de la Meuse ,- et que

l'on croit généralement que les nombreuses

couches de houille qui traversent la vallée et la

côte, et s'inclinent au sud de 8 à io degrés,

n'ont été dépouillées que jusqu'au niveau des galeries d'écoulement dont on apperçoit encore les embouchures à diverses hauteurs. Mais n'estil pas possible qu'à l'aide de ces mêmes galeries

et de quelques machines d'épuisement, on ait

aussi exploité les couches les moins profondes, au-dessous du sol de la vallée ? Cette mare d'eau qui s'est formée sur le lieu même, et au moment où l'enfoncement du terrain avait lieu, ne rendelle pas cet opinion très-vraisemblable ? Dans cette h-yp othèse,les vides de ces anciennes

exploitations ont été remplis d'eau à l'époque très-reculée où ils ont été abandonnés. Le toit des couches de houille est resté soutenu depuis ce teins sur quelques piliers, et ceux-ci cédant enfin au poids dont ils étaient chargés, ont laissé le toit se rapprocher du mur. Toute la masse s'est

alors affaissée sur elle-même, et les eaux qui remplissaient les excavations ont remonté à la surface. Le soulèvement du sol de la prairie semble indiquer, ouque le terrain inférieur a été comprimé latéralement et refoulé par la chûte de la

Observala