Journal des Mines (1798-99, volume 9) [Image 92]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

DISCOURS,

DES PROFESSEURS.

S'ils n'ont pn, comme les Chimistes pour leur science, et comme Linnens pour l'histoire naturelle , changer entièrement la face de la minéra-

multipliés , rendus précis, tranchés et comparables

182

logie, en rendre la marche absolument méthodique,

au moins ont-ils approché, autant qu'il leur a été possible, de ce genre de perfection. Si l'on compare

l'extrait du Traité de minéralogie, publié par le C." Haiiy dans le Journal des mines , avec les méthodes connues de cette science ; si l'on compare la nomenclature proposée avec celle que l'on fait tous les tours , on verra facilement que l'on

a cherché à approcher , autant que l'état de la

science a pu le permettre , de cette précision qui écarte toute hypothèse vague et qui caractérise les chimistes français, de cet esprit d'ordre et .de cette nomenclature concise et méthodique que Linneeus

a créée.; on verra que si on a su profiter avec sagacité de toutes les connaissances acquises , on

a eu le mérite encore plus rare de se borner à ce qui est bien connu , sans vouloir , à l'aide de suppositions faciles , aller plus vite que les faits. Afoutons à ces avantages précieux pour la science en général , quelques autres changemens qui n'influent pas moins sur la perfection de son ensemble. Tels sont La théorie de la cristallisation , confirmée par de nouveaux faits , et encore plus généralisée Les cristaux décrits par un langage géométrique , uniforme , clair, méthodique ; les variétés de formes , exprimées par des noms univoques et expressifs ; les décroissemens qui les ont fait naître,

représentés par des signes presque algébriques peu nombreux et faciles à apprendre Les caractères des pierres , considérablement multipliés

I83

par la méthode de leur application. Parmi les obstacles que l'on rencontre dans .

l'étude de la minéralogie , et sur - tout dans la distribution méthodique des pierres , un des plus grands, un de ceux qui, s'opposent le plus aux

méthodes et qui iettent dans cette science le plus de vague, c'est la difficulté de déterminer ce que l'ou doit réellement appeler espèce parmi les corps du règne minéral; c'est Je défaut de 'données suffisantes pour former ces groupes si utiles pour l'étude, que l'on nomme genres. Tous les naturalistes ont reconnu cette difficulté ; mais la plupart l'ont éludée

par l'arbitraire, sans la lever par la raison. L'auteur du nouveau Traité de minéralogie annoncé par le conseil des mines , n'a pas voulu devancer l'état de la science par des hypothèses lorsqu'il n'a trouvé aucun caractère commun pour réunir des espèces , il n'a point formé de genres , et il a présenté ces espèces isolées ; seulement il a cherché à les déterminer par des caractères lmportails , tirés de leur nature chimique ou de leur structure cristalline. II a séparé ainsi celles qui lui paraissaient distinctes , et a réuni celles qui, com-

posées des mêmes principes , dans les mêmes proportions , ne lui paraissaient pas devoir être séparées. Il a relégué dans des appendices toutes ces pierres mélangées qui ne peuvent être considérées comme espèces pures , comme espèces chimiques, ou même minéralogiques. Cette détermination des espèces , aussi prckise

que l'état de la science a pu le permettre , nous paraît être un des plus grands services rendus à la minéralogie : car nous pensons que c'est placer une science sur la route de sa perfection que de Jauni, des Mines , Friaz, an VIL