Journal des Mines (1798-99, volume 9) [Image 17]

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OPHITE DES PYRÉNÉES.

pas , s'il les eût composés de nos jours ; et quoi-

que les écrits de Rien méritent notre admiration , on sent combien il est à regretter que ce

savant interprète de la nature n'ait pu profiter des précieuses découvertes des naturalistes et des chimistes qui lui ont survécu. Depuis qu'on se livre à l'étude de la saine physique, chaque génération ajoute aux lumières de celle qui la précède. Sachons donc être indulgens envers ceux qui ont commencé à défricher une terre qui promet encorè de riches récoltes : car nous ne devons pas croire malgré les progrès rapides de la minéralogie, que les substances minérales soient parfaitement connues. Parmi les nombreuses preuves de cette vérité, je nie contenterai de citer une espèce de pierre qu'on trouve dans les Pyrénées , et que j'ai désignée sous le nom d'ophite. Le genre auquel elle doit appartenir n'étant point encore fixé, je vais en attendant qu'elle devienne l'objet de l'attention des sav ans, hasarder quelques observa-

tions qui ne seront peut-être pas inutiles pour

déterminer sa nature. Cette pierre , principalement composée d'hornblende et de lames de feld-spath , varie dans sa couleur : elle est ordinairement nuancée de vert clair et de vert obscur ; elle forme des masses continues-, qui se succèdent alternativement avec des bancs calcaires ; et comme si la nature l'avait destinée à remplacer le schiste argileux, on la trouve

ordinairement dans les montagnes de fa partie

occidentale des Pyrénées , où le schiste est moins répandu qu'au centre de la chaîne. Je crus d'abord pouvoir ranger cette pierre parmi les serpentines dont elle présente l'apparence ; mais là propriété qu'elle a de donner quelques étincelles lorsqu'on la

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la frappe avec le briquet , et sa grande facilité pour entrer en fusion , détruisirent la Vraisemblance de cette conjecture. Me défiant de mes propres lumières , je rassemblai un grand nombre de Morceaux de la pierre verdâtre des Pyrénées ; je les portai à Paris. La plupart furent placés dans les. cabinets d'histoire

naturelle de Lavoisier , de Rucquet , et de quelques autres savans. J'en exposai plusieurs sous les yeux de la ci-devant académie des sciences et faisant en même temps l'aveu de mon ignorance sur là, nature de cette pierre , je sollicitai auprès de cette illustre assemblée des éclaircissemens que j'avais lieu d'attendre de son profond savoir : mais, après

une assez longue discussion, on ne fut point d'accord sur la dénomination qu'il convenait de donner à la pierre verdâtre des Pyrénées. D'autres mettras: listes auxquels j'eus recours, ne satisfirent pas mieux ma curiosité. Les doutes que la diversitéNdes opinions fit naître dans mon esprit , m'engagèrent à consulter plusieurs ouvrages de minéralogie. Après beaucoup de recherches dans cette sorte d'écrits, qui étaient alors moins instructifs qu'ils ne le sont aujourd'hui j'osai soupçonner que la pierre verdâtre des Pyrénées

pouvait être de la nature du

trapp

décrit par

Cronsted : Sanun.compositum jaspide martial', seu argillâ molli indaratâ. Je trouvais quelque ressemblance entre ces deux pierres.- La pierre verdâtre

des Pyrénées étincelle dans plusieurs parties lorsqu'on la frappe avec l'acier, présente souvent, à sa surface des cristaux de scion l fibreux , fond aisément lorsqu'elle est exposée au contact du feu ses masses sont séparées par des fentes irrégulières de manière que les morceaux qui s'en ,détachent Alun, des Mines, îrenciént, an VIL C