Journal des Mines (1797-98, volume 7) [Image 224]

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R-APPOÊT DES VOYAGES

qui en mit pris les pentes et les courbures jusqu'à un certain point, se sont élevées sur les flancs de cette chaîne protubérante , jusqu'à la hauteur de

près de 2,000 toises. Cette sorte de manteau a ensuite été déchiré sur les épaules même qui le portaient ; mais quoique morcelé et détruit en trèsgrande partie , il en est resté assez de lambeaux pour connaître jusqu'où il s'est étendu , et pour savoir tout ce qui en a été arraché. On est étonné

d'en trouver des restes sur des sommets isolés et élevés de plus de i ,7oo.toises ; les hautes cimes des aiguille rouges , par exemple, en sont encore cou-

vertes, et le sommet du Buet en est formé. Dans cette dernière montagne , dont le corps est de granit , /e manteau qui couvre ses flancs du côté opposé à,celui qui regarde l'intérieur de la chaîne, traille encore à ses. pieds ; et lorsqu'on est placé sur ce haut belvédère, d'où on jouit d'une si belle vue sur le Mont-Blanc et sur les montagnes voisines , on voit les couches calcaires > en s'éloignant

de cette montagne, reprendre doucement la situation horizontale dont leur appui contre le primitif les avait écartées, et se joindre aux couches calcaires

qui constituent lés montagnes du canton de Berne. Mais.

il y a ceci de particulièrement remar-

quable, c'est que l'invasion du calcaire secondaire

sur le primitif, parait être venu ici de l'est , du nord-est et du nord ; que dans son mouvement

progressif, il a rencontré la chaîne granitique des Alpes , qui pourtant ne l'a pas entièrement arrêté; car il semble s'être élevé contre cet obstacle par l'effort d'une grande force impulsive, sans parvenir à le franchir ; de sorte qu'il n'a pu se déverser de l'autre côté- pour recouvrir la face opposée qui regarde le sud aussi ; du côté de l'Italie , le calcaire secondaire n'est point adossé contre les roches

DUC.'" DOLOMIEU, EN L'AN 5 ET L'AN 6.

primordiales

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ne les recouvre point ; et quelque attention que j'aie mise à le chercher , je ne l'ai pas plus retrouvé sur les flancs de ce revers de montagne , que sur les sommets voisins du centre. ( Je prie de ne pas confondre ce que je dis ici du. calcaire secondaire , avec le calcaire primitif; car de ce côté-ci , les roches calcaires, plus ou moins micacées , sont très - communes , alternent avec d'autres roches , et affectent les mêmes situations, ,

pendant qu'elles sont rares sur l'autre revers. ) Du côté qui regarde le nord et l'est , la chaîne des Alpes , ainsi que l'a remarqué Saussure, s'abaisse donc insensiblement , parce que le calcaire qui

en recouvre les flancs et qui en cache fa base, fléchit doucement en s'éloignant d'elle , et arrive

graduellement jusqu'au niveau des plaines; ce qui s'observe très-bien des sommets élevés Où l'on peut faire abstraction des vallées et des gorges qui interrompent la continuité des couches , et d'où on peut suivre leur prolongement aussi loin qu'il peut aller ; car ceci est une observation d'ensemble

et non pas de détail. Au contraire, du côté des plaines de Lombardie, la pente des Alpes est plus rapide , les escarpemens y sont plus grands et plus fréquens ( ils regardent ordinairement le sud ) , les montagnes se terminent plus brusquement et d'une manière plus nette et phis tranchée et les granits y arrivent jusque dans la plaine. D'ailleurs , dans ce dernier voyage , ainsi que dans ceux que. j'ai faits précédemment , re-

cueilli beaucouP' d'autres observations sur les reeüllvremens , atlossemens et remplissages , sur les superpositions' et les déplacemens ; phénomènes très-iMportans pour l'histoire physique' de notre globe , lesquels n'ont pas été pris en- assez grande considération quoiqu'ils puissent fournir la solution des- pro,