Journal des Mines (1796-97, volume 6) [Image 66]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

( 624 )

(

Ces comtés réunis dans la maison d'Anjou , issue d'un frère de Louis IX, retournèrent en 1480 à la France, envertu du testament du dernier prince de cette maison. La vallée de Barcelonette est la seule partie du département des Basses-Alpes qui

ne revint pas à cette époque sous la domination Française : elle s'était détachée en t 38 8 de la Provence pour se donner à la Savoie ; mais en 171 3 elle fut

cédée à la France, en échange d'Exiles et de FenestreIles ( s ). Depuis cette époque , jusqu'à la nouvelle division de la France , la totalité du dé-,

.

Population.

partenient des Basses-Alpes 4 été comprise dans le 'gouvernement de Provence. Sur 74, myriamètres et demi carrés , on ne

compte , dans ce département , que 14,4 à 145 mille habitans, ce qui fait environ r 8 16 habitans par myriamètre carré, ou 358 par lieue carrée: il n'est point de partie de la France plus faiblement peuplée. Les villes les plus considérables, comme Digne, Manosque, Sisteron, n'ont que 5 à 6000 habita us.

Nature du sol.

La principale cause de cette dépopulation est

sans doute le peu de fertilité de la terre. Les côteaux

qui bordent le Verdon et la Durance ont un sol graveleux, excellent à la vérité pour les fruits,

mais qui ne convient ni aux grains ni à l'éducation des bestiaux. Les montagnes sous-Alpines offrent, la plupart, à nu les bancs calcaires qui les composent. Les eaux de l'atmosphère, roulant avec rapidité sur leur surface, y causent des ravins profonds: (i ) Busching , ordinairement si exact , se. trompe lorsqu'il le avance que cette vallée a été .x.endue au roi de Sardaigne par Voyez ipe édition allemande. traité de Turin , du 2.4 mars 176o.

Plusieurs géographes 'ont répété cette erreur, Busching.

-sur

la foi de

)

ces eaux s'infiltrent entre les bancs inclinés des montagnes, ou se perdent dans, des cavités souteriaines. Aucune humidité n'y défend les végétaux contre l'action d'un soleil brûlant. N'ayant point de fourrages pour l'hiver, on envoie, pendant cette saison , les bestiaux dans la basse-Provence

de

sorte qu'ils ne laissent point d'engrais dans le pays: on cherche à y suppléer en enfouissant dans les terres labourables les arbrisseaux , et particulièrement les buis dont on dépouille les friches : mais en enlevant à ces hauteurs cette dernière défense, on accroît la cause du mal. En général, si ce pays avait conservé des bois ; si les racines des plantes Spontanées avaient continué à lier le peu de terre végétale qui s'était, formé par succession de temps,

ce pays serait beaucoup moins aride ; et tel était peut-être l'état des choses lorsque fleurissaient encore les villages et les chàteaux dont on voit de nombreuses ruines , qui attestent une population plus considérable. En défrichant inconsidérément, on a livré cette couche mince d'humus aux eaux pluviales qui l'ont entraînée ; il n'est resté que des rochers. C'est ainsi que les efforts de l'homme pour améliorer sa position, la rendent souvent plus mau-

vaise lorsqu'ils ne sont pas dirigés par des lumières et de la prudence. Les montagnes alpines offrent un aspect moins affligeant; leurs sommets élevés dans la région des nuages , sont couverts de gazons qui entretiennent la fraîcheur et empêchent l'action dévastatrice des eaux atmosphériques. Quoiqu'il y vienne beau-

coup de troupeaux de la basse-Provence , il en reste aussi pendant l'hiver dans les étables , et les fumiers ne manquent pas entièrement. Aussi les

Dz