Journal des Mines (1795-96, volume 4) [Image 170]

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( 78 'avait subi le degré de chaleur qu'aurait dû Id

communiquer une coulée de lave épaisse de 700 pieds. Cependant on a cherché à expliquer dans le Système des volcanistes , les différens faits que nous avons exposés. Ily-pothèse Suivant M. de Beroldingen l'endroit occupé de M. de .Seraldiugen, aujourd'hui par la montagne du Meissner , a dû être au contraire dans l'origine , une dépression du terrain. Cette dépression était remplie par un marais à tourbe , vaste et profond, où des arbres étaient ensevelis comme dans la plupart des tourbières. Par la suite l'éruption d'un volcan voisin aura couvert cet amas de substances végétales du massif de basalte qu'on trouve au-dessus. Cette matière étant pâteuse , ainsi que la tourbe , elles- n'ont pas pu s'appliquer l'une sur l'autre d'une manière uniforme. La tourbe a obéi plus ou moins, suivant son degré de mollesse, à la pression de la coulée de lave qui s'étendait sur elle. Elle s'est plissée en quelque sorte , en se comprimant en quelques endroits et en s'amassant dans d'autres. On peut supposer, d'ailleurs, que le dégagement des gaz a contribué à soulever la masse encore molle. De ces deux causes sont résultées les sinuosités de la partie supérieure de la couche de combustible. A une troisième époque, la base du Meissner aura été soulevée au-dessus du niveau des terrains voisins, par l'action des feux souterrains qui ravageaient alors cette partie de l'Allemagne. M. de Beroldingen donne pour preuve de cette hypothèse, .° le redressement qu'on observe dans les couches de la plaine qui est au pied du Meissner,, à l'approche de ,cette montagne ; 2.° les fragmens de basalte qui se trouvent le long de sa pente, et qui a.nnoncent la rupture violente des prismes de basalte

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qui couronnaient son sommet ; 3.° la manière même dont le bitume est réparti dans la couche de combustible. La chaleur du feu souterrain lui paraît en être la seule cause : c'est elle , dit-il , qui faisant subir à la tourbe renfermée sous le basalte, une sorte de distillation, a élevé le bitume jusque

dans la partie supérieure de la couche, et en a

dépouillé la partie inférieure gni n'a plus été qu'un résidu terreux , un véritable capot mortuuin à peine combustible, et dans lequel se trouvent charbon-

nisés les arbres entiers ou coupés qui occupaient le fond de la tourbière. Telles sont les conjectures hardies de M. de Réflexions,. Beroldingen. Il faut observer qu'elles lui ont été suggérées par l'examen attentif qu'il paraît avoir fait du pays , et que du moins elles ont le mérite d'expliquer la plupart des phénomènes. Si le fait des bûches coupées à la scie ou à la hache, et ensevelies sous un massif de 700 pieds de basalte est exact, il faudrait, sans doute , en conclure que le 114eissner doit en effet son existence au feu souterrain ; car ce n'est que dans les pays volcaniques qu'il a pu se former des montagnes postérieure-

ment à l'existence de la société et des arts. Cet objet mérite d'être approfondi par les observateurs qui auront occasion de visiter cette montagne. Si

ces bûches charbonilisées sont aussi reconnaissables que M. de Beroldingen le dit, si par la situation où, elles se trouvent, il est impossible de supposer qu'elles aient été apportées dans les travaux , qu'elles se soient introduites à travers des fissures de la montagne , iI ne doit , ce me semble , rester

aucun doute que le basalte du NIeissner ne soit véritablement une coulée de lave.

Charles COQUEBERT.