Journal des Mines (1795-96, volume 3) [Image 240]

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(

2 )

la détache de la veine

(1 )

il

sort aussi de la

veine même. On l'entend brise t les cellules qui le recèlent, et produire un léger frémissement ( ce que les mineurs appellent friser ou souffler), et qui

m'a paru plus sensible dans les- tailles abandonnées les plus basses et les plus humides (2). Souvent, lorsque l'eau séjourne dans une galerie pratiquée dans la veine , on- voit des bulles d'air inflammable s'élever à la surface , et se succéder avec rapidité. Mais c'est sur-tout dans les grandeurs , c'est-à-dire, lorsque la veine augmente de puissance, que cet air est le plus abondant ; il est plus dangereux aussi et plus sujet à s'enflammer, quand le toit est ébouleux et feuilleté. Ce toit tombe , Malgré tous les soins de l'ouvrier, et l'air renfermé entre ses couches, sort avec vitesse et en grand volume.

Il est plus dangereux encore par une raison semblable , quand on approche des failles ou des resserremens de veine où le charbon est toujours brouillé et mêlé de terre ou de schiste. Enfin, on a remarqué que les accidens étaient plus fréquens dans les temps d'orage ; sans doute parce qu'alors la moffète inflammable, moins (i) On s'est plu quelquefois à mettre le feu à l'air inflammable qui se dégage d'un -tonneau plein de houille, lorsque ce tonneau arrive au jour. ) Quand on s'avance sans lumière dans une galerie où le grisou est abondant, on le sent aux yeux, sur lesquels il produit une impression semblable à celle d'une toile d'araignée. On peut même le voir et le reconnaître , si l'on est assez hardi pour porter une chandelle dans une partie de la mine où l'air circule la flamme et l'oeil mal ; il suffit alors de placer la main entre de -manière que l'on aperçoive que la pointe de la flamme. Cette pointe paraît d'une couleur bleue, d'autans plus foncée que l'air inflammable est en plus grande quantité.

)

t =primée pat l'air extérieur, se dégage "avec

plus d'aisance et en plus grande quantité. L'exploitation des veines. à grisou est aussi dangereuse que difflc.il ; elle exige les plus grandes précautions; il faut sur-tout mener l'aira,!,9? serré c'est-à-dire , faire circuler l'air avec vîtesse. faut le faire passer à la taille même ou àfront afin de balayer les moffètes inflammables à la surface de 'la veine, de les entraîner dans le courant, et de

les noyer dans un volume d'air assez grand pour

qu'elles ne puissent s'enflammer. Il faut encore, dans les grandeurs de veine, ou lorsqu'on approche des failles et des resserremens diminuer le nombre des lumières, et n'en meure s'il se peut, qu'aux deux extrémités de la taille. Dans tous les- cas , il faut toujours placer les lumières dans le courant d'air , et se garder de les poser contre un abri ; car infailliblement un reflux, un simple remoux , y accumulerait quelque quantité de moffète qui s'enflammerait instantanément. Il faut aussi veiller à ce que la bouille ne tombe pas , et ne se brise pas sur les lumières; ce danger - est plus grand da.ns les veines droites , où souvent

on est obligé de placer près de chaque ouvrier, un homme dont la fonction unique est de tenir la chandelle dessus.

,

et d'empêcher que rien ne tombe

li

Ces derniers soins , au reste , et plusieurs autres sont parfaitement connus des mineurs , et ils ne les négligent pas. S'il arrive quelquefois des accidens c'est moins par leur oubli que par le défaut de circulation d'air. Je vais décrire la méthode usitée dans les mines du pays de Mons pour procurer cette circulation, et

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