Annales des Mines (1873, série 7, volume 4) [Image 158]

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ENQUÊTE SUR LA QUESTION DES HOUILLES

marché houiller est bien démontré par la déposition de M. Isaac Lowthian Bell, qui est largement intéressé dans les usines métallurgiques de la Wear, de la Tyne et de la Tees; il décrit ainsi la

hausse qui a eu lieu sur les fontes et conséquemment sur les' houilles :

« Vous arrivez, dit-il, à cette conclusion que le point de départ de toute la perturbation a été l'accroissement considérable de la demande pour la fonte, le fer malléable et le fer manufacturé, qui en a été, sinon la seule, au moins la principale cause. Dans le cours ordinaire des choses, ceux des bassins houillers qui ne possèdent pas de mines de fer n'auraient pas été affectés par ce motif mais nous savons qu'une forte augmentation de demandes a été ressentie partout. Chez nous certainement, le commerce du fer a donné un grand élan au commerce du charbon, et je crois que le prix du coke dans nos environs s'est élevé, en conséquence, bien plus haut que dans aucuu autre district. Mais le fait est que toutes les industries, dans l'étendue entière du pays, ont

été et continueront à être, je puis le dire, dans une condition florissante, le commerce du fer comme les autres. « Les fabriques de soude du nord de l'Angleterre sont dans une

situation très-prospère; de plus, le développement des chemins de fer a le remplacement général des navires à voiles par les navires à vapeur, venant s'ajouter aux demandes pendant que l'extraction n'augmentait pas dans le même rapport, ont amené, je crois, la situation actuelle. Dès lors, à votre point de vue, il paraît que le développement du commerce du fer, en premier lieu,

et des autres genres de commerce à un moindre degré, a amené une augmentation de demandes plus rapide que l'accroissement de la production du charbon. Certainement, dans le nord de l'Angleterre, il en a été ainsi. En septembre 1871, nous vendions la fonte pour forges 62',5o, et le prix du coke était de 121,50 15 francs par tonne ; le prix de la fonte s'éleva graduellement vers la fin de l'année jusqu'à 8c) francs ; mais le coke ne fut pas affecté jusqu'à cette dernière date. En janvier, la fonte monta de 80 fr. à 88'02 et le coke à 25 francs. En mars, la fonte pour forges était à 105 francs et le coke à 5a5. En avril, la fonte s'éleva à 117%50_et le coke à Lior,6).. En juillet, la fonte pour forges arriva plus du double du cours de 1870 (neuf mois auparavant), et le coke monta à 46',87 et 5i',Q5 par tonne. Maintenant, la fonte 157',50,

s'éleva malgré l'augmentation de la quantité fabriquée, c'est-àdire qu'il y avait un plus grand nombre de hauts-fourneaux construits et en feu en juillet 1872 qu'en 1871 néanmoins, le prix

EN ANGLETERRE.

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de la fonte monta d'une manière auSsi contraire à nos prévisions que la hausse du charbon l'avait été à celles des exploitants des Mines. Je crois, en effet, qu'il n'y avait pas une seule maison, dans Middlesbro, qui n'eût en main des ordres pour six mois, entre environ 56`,25 et 58%75 par tonne, quand la fonte se vendait francs, on s'est 150 francs ; mais, une fois ce prix arrivé à 150 trouvé trop heureux de donner même 51%2.5 par tonne pour le coke, afin de profiter de la hausse du fer. » Dans le cours ordinaire du commerce, les fluctuations de prix du charbon auraient pu être limitées à la qualité employée spécialement pour la fabrication du fer ; mais apparemment la demande était si urgente que la hausse s'étendit à d'autres qualités L'état simultanément prospère de plusieurs branches d'industrie produisit une concurrence pour la houille; toutes les classes se trouvèrent ainsi forcées de payer le haut prix demandé, plutôt que de subir la perte résultant d'une diminution d'affaires ou les inconvénients du manque de charbon pour les usages domestiques. Les chiffres indiqués dans les tableaux précédents pour la production et l'exportation du fer, ainsi que pour la production et la consommation de la houille, pourraient sembler ne pas justifier suffisamment la grande hausse de ces marchandises; mais l'effet exact produit sur les prix par une perturbation dans le rapport de la demande à la production dépasse les limites de tous les calculs d'arithmétique. Les prix, en effet, ne dépendent pas seulement de la quantité de la marchandise, mais aussi des circonstances spéciales où se trouvent placés l'acheteur ou le vendeur au point de vue de leurs intérêts commerciaux, le premier pouvant être plus ou moins en état ou en volonté de payer, et le second éprouver le besoin plus ou moins pressant d'encaisser. En ce qui concerne la houille, la demande est .généralement d'une

nature si urgente que l'acheteur consent à subir un très-haut prix plutôt que d'être privé de l'approvisionnement dont il a besoin.

L'écart dans la hausse du prix n'est pas non plus nécessairement proportionnel à la diminution du. stock. Un déficit comparativement minime dans la production peut produire une très-forte

hausse, si l'empressement de l'acheteur à se mettre en garde contre une disette de combustible pour son industrie vient se joindre à une situation qui lui permet de payer le prix (quelque

élevé qu'il soit) qui est demandé par le vendeur. C'est ainsi que nous avons vu une modification relativement faible du rapport entre l'extraction et la consommation de la houille produire une