Annales des Mines (1872, série 7, volume 2) [Image 254]

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BÉVUE DE GÉOLOGIE. 498 question, par l'exécution du grand tunnel du col de Fréjus ou du

mont Genis, qui met en communication Modane et Bardonnèche. Sans rentrer dans les discussions antérieures, nous allons analyser d'une manière très-brève les résultats formulés par deux sa-

vants éminents, MM. Élie de Beaumont et de Si sm onda (1). Les terrains traversés par le tunnel peuvent se répartir en six zones

i" La zone anthraciteuse qu'on rencontre la première, en venant de Modane, après avoir traversé 128 mètres de terrain ébouleux, et qui est la plus élevée dans l'ordre de superposition des couches. Son épaisseur orthogonale est de 1,57 mètres. Elle offre l'aspect et la composition ordinaires des terrains anthracifères supérieurs de la Maurienne et de la Tarentaise 20 La zone des quartzites, d'une épaisseur do 2 2 1 mètres 5" La zone calcaréo-gypseuse, qui a 496 mètres. On y rencontre quatre alternances d'anhydrite ho La zone supérieure du calcaire schisteux, d'une épaisseur de 1.605 mètres ; 5° La zone moyenne des calcaires schisteux, d'une épaisseur de 1.509 mètres, qui se distingue par une proportion plus grande de

sable quartzeux;

6° La zône inférieure des calcaires schisteux, qui a 2.024 mètres et ne cesse qu'a l'entrée méridionale près de Bardonnèche. La cristallisation a du reste fait disparaître les bélemnites et les fossiles jurassiques, qui s'observent cependant dans le prolongement des zones calcaires quand elles n'ont pas été trop fortement métamorphosées. Suivant MM. Éli e de Be au m ont et d e Sis monda, toutes les roches traversées par le tunnel appartiennent à une seule et inênie grande formation. D'un autre côté, les six zones sont bien distinctes, physiquement et minéralegiquement, et aucune d'elles ne peut être .considérée comme la prolongation repliée de l'une des autres. Il en résulte que l'épaisseur orthogonale de ces zones est au moins de 7.000 mètres ou plus du double de la hauteur des montagnes de la Maurienne et de la Tarentaise au-dessus de leur base. Une faille capable de faire disparaître le système de couches traversé par le tunnel devrait avoir produit une dénivellation supérieure à 7.000 mètres,

et il importe d'observer qu'on n'a pas rencontré de faille dans les travaux.

GÉOLOGIE GÉOGRAPHIQUE.

499 « En résumé, dit M. Elle d e Be aumont, le terrain anthraci« fère de la Maurienne et de la Tarentaise est intimement lié au « terrain de calcaire schisteux qui appartient au lias supérieur. Il « lui est superposé, et il est d'une origine plus récente, ainsi qu'on « s'est efforcé de le prouver depuis quelque quarante ans. » « Cette dernière conclusion ne pourrait être infirmée que par la supposition que les 7.000 mètres de couches traversées par le « tunnel seraient toutes dans une situation renversée; mais cette « supposition ne pourrait,être vraie pour le tunnel sans l'être aussi « pour toutes les autres parties de la Nlaurienne et de la Taren« taise, qui seraient alors des contrées où les couches séditnen« taires ne se verraient jamais que dans une situation renversée

« hypothèse paradoxale, qui, je me hâte de le dire, n'a pas été « articulée d'une manière complétement explicite, et qu'il serait « prématuré, par conséquent, de réfuter dès à présent. » BELGIQUE.

A l'occasion du centième anniversaire de l'Académie des sciences de Bruxelles, M. G. D e wal q u e (I) a publié un rapport. sur les pro-

grès que la minéralogie et la géologie doivent à Einitiative de l'Académie. Ce l'apport de M. De wa lque comprend une période de cent années et donne un excellent résumé des nombreux tra-

vaux auxquels l'Académie de Bruxelles a pris part durant cette période; il permet de bien apprécier, par quelle longue suite d'efforts, la Belgique peut être citée comme l'un des pays dont la géologie est actuellement le mieux connue ; il explique aussi l'influence que les études géologiques, faites en Belgique par des savants tels que Duni on t, d'Om ali us, de Koninc k, etc., ont exercée sur la marche de la science dans les pays voisins. LIMBOURG.

A la base du terrain tertiaire de la Belgique, on

trouve dans le Limbourg des couches paraissant contemporaines dessables de Bracheux et désignées par Dumont sous le nom de système Heersien. Récemment M. G. De walq u e a découvert, dans une marne blanchâtre de Gelinden qui appartient à ce système, deux fossiles nouveaux qui ont été déterminés par M. le docteur

T. C. Win k ler (2). L'un de ces fossiles est un poisson du genre (t) G. Devvalque : Rapport séculaire sur les travaux de la classe des sciences.

(Livre commémoratif du centième anniversaire de l'Académie, 1772-1874

(t) Comptes rendus 4 juillet 1170 et 18 septembre 1571.

(5.) Harlem, 1869.