Annales des Mines (1872, série 7, volume 1) [Image 165]

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DES EAUX-BONNES.

ALTÉRATION DES EAUX SULFUREUSES

recherche, bien que mes expériences soient encore incomplètes. Cette méthode est basée sur la chlorométrie : mais c'est une tâche longue et difficile que de plier la chlorométrie aux exigences minutieuses d'une analyse qui porte,

pour ainsi dire, sur des infiniment petits. Toutefois,

ce

n'est qu'une question de sensibilité ; car on conçoit immédiatement que l'essai chlorornétrique, combiné avec l'essai sulfhydrométrique, donnerait l'analyse complète d'un mélange de sulfites et d'hyposulfites; il en serait sans doute de même pour le mélange d'un sulfure et d'un polysulfure, car les quantités d'oxygène absorbées par ces différents sels sont inégales. La solution serait donnée par deux équations entre deux inconnues. Quoi qu'il en soit, et tout en me réservant ce mode direct d'établir la formule de l'altération des eaux sulfureuses de Bonnes, je puis, dès à présent, établir suffisamment les propositions suivantes s° Il ne se dégage point de soufre à l'état d'acide sulfhydrique. 2o Tout le soufre du monosulfure de sodium passe, sous l'influence d'un air limité, à l'état du bisulfure de sodium et d'hyposulfite de soude. 3° Il ne se forme jamais de sulfite ni de polysulfure d'un degré plus élevé que le bisulfure. Ces trois propositions sont contenues implicitement dans une seule formule, qui représente avec une exactitude absolue les résultats des nombreux essais auxquels je me suis livré.

Je mesure d'abord la sulfuration de la source, et je calcule la quantité de soufre contenu à l'état de sulfure de

sodium ; je le représente par S. D'après l'iode absorbé par l'eau altérée, après désulfuration par l'acétate de zinc, je calcule la quantité de soufre correspondante et supposant qu'il soit en totalité à l'état

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d'hyposulfite, c'est-à-dire, en supposant que l'eau ne renferme point de sulfite ; je la représente par z-. Enfin, d'après l'iode absorbé par les sulfures seuls, je calcule le soufre correspondant comme s'il était à l'état de monosulfure : je représente le résultat par s, et j'appelle x le rapport qui existe entre les nombres d'équivalents de soufre et de sodium contenus dans les sulfures ; de telle sorte que sx représentera le poids réel de soufre contenu dans ces mêmes sulfures. S'il est vrai qu'il ne se dégage point du soufre à l'état d'acide sulfhydrique, on aura : a + sx

S.

Or l'expérience donne invariablement x _= 2, quel que soit le degré d'altération de l'eau considérée, c'est-à-dire quelle que soit la proportion relative d'hyposulfite et de pol y sulf u ces.

En d'autres termes, la somme du soufre contenu ci l'étai d'hyposulfite, et du double du soufre indiqué pour les sulfures par l'essai sulfhydrométrique, reproduit constamment le soufre total de la source, à un dixième de milligramme près.

Les réactions se passent donc comme si l'eau ne contenait qu'un mélange de bisulfure de sodium et d"hyposulfite

de soude. Il est évident que ce résultat pourrait se produire fortuitement, lors même que telle ne serait pas la composition réelle de l'eau ; mais si cette loi se vérifie dans

-un grand nombre d'essais, et pour des proportions trèsvariées de bisulfure et d'hyposulfite, elle ne peut être que l'expression d'un fait chimique constant. 11 faut bien remarquer en effet que si l'eau renfermait une proportion quelconque de sulfite, la quantité d'iode absorbée par ce sel. étant quatre fois plus élevée que celle qui correspond a l'hyposulfite, l'erreur venant de ce chef serait considérable ; la valeur attribuée à e serait trop