Annales des Mines (1872, série 7, volume 1) [Image 114]

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EXTRAITS DE CHIMIE.

à du bisulfure, tout comme l'oxydation du sulfure simple de calcium : CaS FIS + 0

HO + CaS2.

Toutes ces différentes réactions ont lieu dans un temps variable

avec les conditions atmosphériques: pendant les chaleurs, elles sont quelquefois si rapides que la masse s'échauffe au point de brûler le soufre mis en liberté, et de dégager des torrents d'acide sulfureux. En définitive, la charrée complétement oxydée se compose de produits insolubles : sulfate et carbonate de chaux, silicate d'alumine, de chaux et de magnésie, soufre ; et de produits solubles

polysulfures de calcium et de sodium, hyposulfites de chaux et de -soude. A ces derniers il faut ajouter un peu de sulfate de soude et de chlorure de sodium, et du sulfate de chaux dont la solubilité .est rendue très-sensible par la présence des polysulfures. Les eaux des pluies et celles que contenait primitivement la -eharrée dissolvent les produits solubles, et donnent lieu à un liquide jaune, alcalin et sulfuré, qui s'écoule à la base des dépôts. Les réactions chimiques signalées plus haut peuvent être facilitées et régularisées par une bonne disposition des amas de charrée. Voici ce que l'on peut faire très-facilement sans augmenter beaucoup la main-d'oeuvre relative au transport et au maniement de tes matières. On établira le dépôt sur un terrain bien nivelé, sur lequel on aura battu une couche d'argile qui doit empêcher les de pénétrer dans le sol; ce terrain sera entouré de fossés liquides destinés à recueillir ces liquides, et revêtus également d'argile battue. On disposera la charrée en amas, sur i mètre à 1. mètre 5/2 de hauteur, entre lesquels on laissera des sillons réguliers qui seront l'emplis avec tous les débris de briques et de maçonnerie et les, mâchefers de l'usine. Sur cette première épaisseur de matière, on en mettra une seconde, et ainsi de suite, en ayant soin de changer la direction des sillons à chacune d'elles. De cette manière, l'air pourra circuler par l'intermédiaire de ces sillons, d'une façon à peu près uniforme dans toutes les parties du tas, et l'oxydation marchera régulièrement. On fera venir au-dessus de l'amas des tuyaux amenant de l'eau, pour arroser les matières quand il sera nécessaire ; on pourra ainsi faire des lixiviations de la masse. Ainsi disposés et traités, ces résidus s'oxyderont rapidement, et donneront finalement un mélange de carbonate et de sulfate de ,chaux qui constituera un bon amendement dont on pourra faci-

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lement se débarrasser ; on évitera par cela même l'encombrement excessif qui résulte des dépôts de charrée aux abords des usines.

Les eaux jaunes qui s'écoulent des tas, et qui sont recueillies dans les fossés qui les entourent, peuvent être utilisées de plusieurs

manières. Elles peuvent servir, soit à préparer des hyposulfites, soit à régénérer du soufre, soit enfin à neutraliser les résidus du chlore.

Pour préparer les hyposulfites, on peut agir de deux manières :

i° Pendant la saison chaude, on fait écouler les eaux jaunes dans des bassins peu profonds et d'une grande étendue ; la liqueur se concentre par l'évaporation et s'oxyde à Pair; les polysulfures

de calcium et de sodium donnent lieu à des hyposulfites de chaux et de soude, à du soufre libre, et à de la chaux et de la soude ; ces deux dernières bases se transforment en carbonates à l'air. Lorsque l'oxydation est terminée, on fait écoules' la liqueur

d'hyposulfite, et on lave le dépôt à l'eau chaude; ce dépôt renferme en effet souvent des hyposulfites cristallisés. Après lavage, ce dépôt ést brûlé s'il contient une assez forte proportion de sou-

fre, et sert à fabriquer l'acide sulfurique. On réunit toutes les liqueurs d'hyposulfites, on les laisse déposer, et on les décante après clarification ; elles sont alors traitées par une dissolution chaude et concentrée de sulfate de soude, en proportion convenable pour transformer en hyposulfite de soude tout l'hyposulfite de chaux ; il se produit du sulfate de chaux qui se dépose. On sépare la dissolution d'hyposulfite de soude, et par cristallisation on obtient un sel ayant pour formule Na0 . S205 + 5110.

2° Si l'on fait passer dans les eaux jaunes un courant d'acide sulfureux, de manière à les saturer presque complètement, les polysulfures sont décomposés, et il se produit des hyposulfites et des sels de la série des" thionates; il se dépose du sulfate de chaux. La liqueur d'hyposulfite est traitée comme dans la méthode précédente.

Pendant les temps chauds, si les amas de c,harrée ne sont pas suffisamment arrosés, il se produit à leur surface des efflorescences cristallines, d'un blanc jaunâtre, et qui sont constituées

par des hyposulfites de soude et de chaux. On les enlève et on les traite par l'eau. Quelquefois ces efflorescences sont tout à fait blanches; elles contiennent alors surtout du sulfate de soude.

La régénération du soufre au moyen des eaux jaunes est basée sur le principe suivant : si l'on dirige l'oxydation de manière TOME 1, 1872.

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