Annales des Mines (1871, série 6, volume 20) [Image 317]

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REVUE DE GÉOLOGIE. -

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TERRAINS.

y a donc eu, suivant M. Cr o 1 I, un véritable glacier terrestre, che-

minant sur le fond de la mer et se dirigeant vers l'Atlantique en passant par les îles Shetland et les Orcades. Une partie de cet immense glacier descendait de l'Écosse, l'autre de la Scandinavie, et leur jonction' devait se faire précisément sur le promontoire de Caithness.

L'hypothèse de M. Cr oll donne lieu à une déduction intéressante qui lui a été suggérée par M. G.e i k i e. La mer du Nord étant barrée par un glacier, les eaux du Rhin, de l'Elbe et de la Tamise ne pouvaient s'écouler que par la Manche. Or, si le détroit de Douvres n'était pas ouvert à cette époque ou seulement s'il était barré par le grand glacier de la Baltique, les fleuves en question, ne trou-

vant pas d'écoulement, devaient inonder toutes les terres basses situées au sud. De là résulterait la grande extension du limon dans le bassin du Rhin, en Belgique et dans le nord de la France. ANGLETERRE. NORFOLK. Dans les parages du Norfolk, l'argile de Chillesford est surmontée par des sables et des galets, bien développés à Southvvold. M. P r es tw i c h (i) a étudié leur composition et reconnu que les matériaux de cette formation provenaient à peu près tous du sud. On y trouve notamment beaucoup

de fragments roulés de chert et de ragstone empruntés au grès vert inférieur de Kent. Ces sables et galets forment, aux yeux de M. Pres t w ic h, une très-bonne ligne de base pour la période qua-

ternaire, d'autant plus qu'avec leur dépôt a coïncidé l'établissement de l'époque 'glaciaire. Selon l'auteur, il est impossible de baser une division des périodes sur l'étude des formes de la vie, spécialement chez les mammifères, car la transition est tellement graduelle qu'on serait exposé à remonter indéfiniment sans trouver de solution de continuité.

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Il existe le long de la côte du comté de Dorset un corDORSET. don de galets, connu sous le nom de banc de Chésil, qui, sur une longueur de plus de 25 kilomètres, s'étend en ligne droite depuis Burton Bradstock jusqu'à l'île de Portland, contre laquelle il s'appuie. A partir d'Abbotsbury, ce cordon, composé de galets de plus en plus gros jusqu'à Portland, est séparé de la côte par une sorte de lagune découpée, dont là formation a beaucoup occupé jusqu'ici les géologues qui, pour l'expliquer, ont généralement imaginé des mouvements plus ou moins compliqués du sol en ce point. (i) Geol. Mag., Vil,

129.

Geol. Society, 26 janvier 1870.

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MM. Bristo w et Whitak er (,) ont remarqué que, dans la partie où les galets s'appuient directement contre la côte, il n'y a pas un seul cours d'eau descendant à la mer, tandis que, depuis Abhotsbury jusqu'à Portland, un grand nombre de ruisseaux aboutissent à la lagune, qui déverse ses eaux dans la mer entre Portland et Weymouth. De plus, cette portion de la côte est très-basse et il est rare d'y voir des Ialaises de 5 mètres de haut. Ces observateurs en concluent que primitivement le cordon littoral était contigu à la côte, mais que le travail des cours d'eau, agissant sur des roches molles par comparaison avec la compacité de cet amas de galets, a dû tendre à former, le long des galets, une rivière cherchant son écoulement vers Portland.

Il est à remarquer que cette explication est d'accord avec les particularités que présentent, en France, les étangs des Landes, qui forment aussi une ligne de lagunes entre la côte plate et le cordon des dunes. BELGIQUE. En dressant, au point de vue agricole, la carte d'en semble des diverses variétés de sols superficiels en .Belgique, M. Jen kins (2) a été amené à reconnaître que les quatre grandes régions de la Belgique, celle des polders, celle du sable de Campine, celle du loess ou limon hesbayen et celle du plateau ardennais, ont pour limites respectives des lignes de niveau bien définies. Ainsi, les polders, situés sur le bord de la mer et formés depuis la période historique, confinent au' sable caMpinien qui s'élève graduellement jusqu'à 25 Mètres pendant plus de 5o kilo-

mètres, soit moins de e millimètre par mètre. A partir de 25 mètres d'altitude, on atteint le limon hesbayen ; l'inclinaison du sol augmente brusquement et la courbe de niveau de 50 mètres n'est qu'à 5 kilomètres de celle de 25. Puis le sol s'élève jusqu'à 160 mètres à raison de 1'06 par kilomètre. La Meuse marque la limite de cette région, au delà de laquelle on arrive, par une pente abrupte, à la

courbe de 260 mètres, et le sol s'élève irrégulièrement jusqu'à 660 mètres, altitude des sommets de l'Ardenne. Le limon ne franchit presque jamais la vallée de la Meuse et sur la surface du haut plateau on ne rencontre que des nappes de cailloux ardennais. Selon M. J enkins, la disposition qui vient d'être signalée conduit forcément à cette conclusion que les dépôts caillouteux des Ardennes ont précédé le limon, lequel est antérieur au sable carn(I) Geo/. Society, 26 mai 1869.. Geol. Mao., VI. (2) Geol. May., VII, 119, 199.

TOME XX , 1871.