Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 117]

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EXAMEN

pour du bon acier Bessemer. Le fer brut ainsi obtenu fut néan-

moins refondu au cubilot, selon la méthode du Dr Parry,' et le métal, recarburé par cette refonte, directement coulé dans la cornue Bessemer. L'opération ainsi conduite n'est pas impraticable; toutefois la fonte manque- de silicium,. et les frais sont trop élevés. Le procédé Parry n'est réellement possible, eu égard aux frais, que si le phosphore est éliminé par voie de mazéage ou de finage, ainsi que je le proposais dans mon mémoire sur l'acier, en 1867 (page 106);

mais ce mazéage, comme je le disais alors, doit se faire sous une couche de scories basiques.

INotre savant maître, P. Berthier, a prouvé depuis longtemps que cette épuration est réalisée, d'une façoridu moins partielle, dans le finage anglais (Traité de la voie sécht,tome II, p. 289. Analyse d'une scorie de finerie de Dudley), et le fait a été mis hors de doute, en 1835, aux forges de Decazeville, par M. Thomas, ancien élève de l'École des mines de Paris (s). Il est certain néanmoins qu'il vaudrait mieux encore tenter la déphosphoration dans un réverbère, hors du contact du combustible ; seulement il làudrait disposer ce réverbère à la façon des fours à puddler, avec une

sole et des parois en fonte, convenablement refroidis et garnis d'oxyde de fer. C'est ce qu'a essayé tout récemment un maître de forges anglais, M. Samuelson de Bambury (brevet du 51 décembre 1868). Le four est muni d'une sole en fonte garnie de riblons. Pour faciliter la coulée du métal finé, la sole est rendue mobile; elle peut pivoter autour d'un axe horizontal et s'incliner vers les lingotières. La sole est renouvelée, ou du moins réparée, toutes les huit charges, par une addition de 5o kilogrammes de riblons neufs. ha fonte, refondue au réverbère, ou amenée directement du haut -fourneau, est soumise à la réaction du fer oxydulé riche, (") Mémoire sur l'affinage de ia fonte, par M. Thomas. Annales -des mines, 5 série, tonie III, p. 1153 (i853).

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DU PROCÉDÉ HEATON.

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employé seul, ou de concert avec une dose plus ou moins forte de sel marin. Le métal, ainsi épuré, est ensuite puddlé à la façon ordinaire, ou transformé en acier fondu dans un réverbère Martin-Siemens. Le brevet affirme que i. 00o kilogrammes de fonte, affinée par 15o kilogrammes d'oxyde magnétique, d'une teneur de 58 p. ioo de fer, donnent 965 1.1.025 kilogrammes de fine-métal ; que la teneur en phos-

phore, en traitant la fonte du Cleveland, est ramenée de 0,012 à o,004, et que le fer en barres, obtenu par puddlage ordinaire de ce fine-métal, ne retient plus que 0,0010 de phosphore et o,00c5 de, silicium. Ce résultat, tout incomplet qu'il est, confirme cependant de nouveau la possibilité d'une déphosphoration au moins partielle par voie de finage, lorsque le four et le bain de scories remplissent les conditions ci-dessus formulées. Mais, pour

arriver à une épuration plus avancée, il faut des réactifs plus énergiques que l'oxyde de fer; il faut de l'oxyde de manganèse et des matières alcalines. On sait, au reste, que ces réactifs. furent essayés à diverses époques; dans le mémoire ci-dessus cité de M. Thomas, il est question de chaux et d'oxyde de manganèse, employés dans les fineries de la forge de Decazeville. On constata dans ces essais que les

deux substances favorisent l'élimination du soufre, du phosphore et du silicium ; mais rappelons à ce sujet que si le phosphore a été enlevé d'une façon énergique, et si les scories tenaient 4 et 5 p. 100 d'acide phosphorique, c'est iniquement grâce à leur état basique. La proportion de silice n'y était pas supérieure à 5o p. 100 ; c'est du reste aussi la teneur en silice des scories phosphoreuses de Duddley ci-dessus mentionnées d'après Berthier. On connaît encore, comme agent épurateur, la poudre du docteur Schafhaûtl, de Mtinich, composée de sel marin et de peroxyde de manganèse, et longtemps employée dans le puddlage pour acier. Vers la même époque, dans mon

Cours lithographié de métallurgie de l' École des mineurs