Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 113]

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GÎTES MINÉRAUX 194 Il est bien difficile de dire, parmi les nombreuses sources minérales de l'Algérie, quelles sont celles qui sont similaires des sources minérales si variées de la France. Les analyses chimiques manquent encore pour un grand nombre de nos sources. Du reste, ces analyses ne suffisent pas toujours pour se prononcer sur le rôle qu'une source minérale peut jouer dans la thérapeutique. Ainsi la chaîne des Pyrénées renferme un très-grand nombre de sources thermales sulfureuses, dont les compositions chimiques diffèrent très-peu, et dont cependant les propriétés curatives sont très-variables. Des faits analogues se reprod'dsent nécessairement en Algérie. Il paraît donc plus prudent de laisser à l'expérience de nos médecins le soin de faire connaître le rôle thérapeutique spécial, que chacune de nos sources minérales peut remplir.

CHAPITRE IV.

SONDAGES ET RECHERCHES D'EAU EN ALGERIE.

Les recherches d'eaux potables et d'eaux d'irrigation ont une grande importance en Algérie, où l'on trouve souvent de vastes espaces emplétement-dépourvus d'eau à la surface. On sait combien le sol de l'Algérie est fertile, lorsque l'action de l'eau vient s'ajouter à celle du soleil ; mais sans eau, les rayons brûlants du soleil dessèchent la terre qui devient alors d'une stérilité désolante : aussi, de tout temps, les populations qui ont occupé de le sol de l'Algérie ont-elles recherché avec ardeur les moyens recèlent les couches plus ramener à la surface du sol l'eau que ou moins profondes des terrains. Plusieurs moyens très-différents les uns des autres ont été employés selon les localités. Ainsi dans l'oued Bhir et à Ouargla, les indigènes font depuis un temps immémorial des puits artésiens qui ont de ito à 60 mètres de profondeur. On exécute ces puits artésiens comme des puits ordinaires, on leur donne une section carrée de 1 mètre environ de côté, et l'on a soin de soutenir avec des cadres en bois de palmier refendu les parties ébouleuses des parois. Lorsque le mineur est arrivé tout près de la nappe et qu'il suffit de frapper un derfait nier coup de pic pour donner issue à Peau jaillissante, il se

ET MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION DE L'ALGÉRIE.

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attacher sous les aisselles à l'aide d'une corde, et on le remonte avec rapidité, dès qu'il a fini son oeuvre ; mais souvent l'eau jaillissante se précipite avec une telle violence dans la nouvelle issue qui lui a été ouverte, que le mineur est asphyxié, et l'on ne remonte au sol qu'un cadavre; d'autres fois l'art du mineur indigène est arrêté devant l'affluence des eaux d'infiltration, ou devant la dureté de la roche ; et l'on doit abandonner un puits creusé à grands frais, lorsqu'il ne reste que quelques mètres à faire pour arriver jusqu'à l'eau jaillissante. L'introduction de la sonde dans l'Oued-Rhir a donc été un véritable bienfait pour ces populations laborieuses et tranquilles. Les dangers d'exécution ont disparu, et la sonde a eu facilement raison de la dureté de toutes les roches de cette région. Dans les oasis plus reculées de l'empire du Maroc, la nature perméable du sol a donné lieu à un autre genre de travaux. On creuse dans le terrain qui domine la plaine qu'on veut arroser des puits verticaux séparés par une distance de 8 à Io mètres d'axe en axe.

On réunit le fond de tous ces puits par une galerie presque de niveau et d'où s'échappe un cours d'eau plus ou moins considérable, selon la perméabilité du sol, la quantité de pluie tombée dans l'année, et le développement donné aux travaux souterrains. La galerie reçoit dans le pays le nom de Fog,gara.

Des travaux semblables ont été exécutés avec succès par les maures de Tlemcen, et pourraient être entrepris en d'autres points

de l'Algérie. A Alger, les maures se sont procuré de nouvelles sources ou ont augmenté le débit de sources existantes, en exécutant des galeries à la séparation d'une couche d'argile imperméable, et des terrains qui la recouvraient. Ce système a été appliqué en plusieurs points du Sahel, pour donner aux centres européens l'eau d'alimentation qui leur faisait défaut. On a multiplié de tous côtés les puits ordinaires; et lorsque /a déclivité du terrain le permettait, on a exécuté, à partir du fond des puits, une galerie débouchant au jour et donnant ainsi écoulement à une source ; d'autres fois il a suffi d'exécuter une galerie

de niveau recoupant une série de couches perméables pour se procurer ainsi de l'eau en abondance. C'est ce qui n été fait à la smala de Berouaguia et dans le ksar de Chellala (province d'Alger).

L'administration algérienne a fait exécuter de nombreux sondages dont la plus grande partie a été couronnée de succès. On voit par là que l'on peut employer en Algérie des moyens trèsvariés de se procurer des eaux. Indigènes et européens ont été forcés par les circonstances climatériques de l'Algérie, de recher-