Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 70]

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ENTREPRISES D'IRRIGATIONS.

EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

principe de l'expropriation prévaudra dans les conseils du gouvernement. Si cette prévision se réalisait, il en résulterait une grande facilité offerte à l'assainissement des villes du Royaume, puisque le principal obstacle à la pratique des irrigations, c'est précisément, on l'a vu, l'impossibilité où se trouvent souvent les municipalités de se procurer les terrains à des conditions acceptables. On a remarqué la différence que présente le système de Bruxelles comparé à celui de Londres, à savoir la clarifica-

tion préalable qu'on y fait subir aux eaux, tandis qu'a Londres on les emploie à l'état naturel. La raison de cette différence tient, avons-nous dit, aux circonstances locales. En effet, tandis que la compagnie métropolitaine opère dans une contrée à peu près inhabitée et jette ses eaux invendues sur une plage déserte, le concessionnaire de Bruxelles, au contraire, pratiquera l'arrosage à une faible distance de bourgades peuplées, non loin de la capitale elle-même, et dans une région sillonnée de voies de communication. Il y a donc ici un grand intérêt, un intérêt primant la question d'économie, à ce que l'irrigation developpe le moins d'odeur possible. Or il est certain qu'en séparant, avec des précautions convenables, les matières les plus grossières en suspension dans les liquides, on est encore plus sûr d'atlége échevinal s'engage si les seconds soussignés (les concessionnaires) en font la. demande, à faire toute diligence auprès du gouvernement pour obtenir : i° l'expropriation, pour cause d'utilité

publique, des terrains dont il est parlé à l'article 17 ; 20 l'autorisation de raccorder l'usine de décantation et d'épuration par voie ferrée au réseau des chemins de fer de l'État ou des chemins de fer concédés. Cette clause, insérée dans un document officiel, est le premier pas fait dans la voie que nous avons indiquée, comme devant seule donner la solution au problème de l'emploi des

eaux d'égout. Il serait fort à désirer pour les progrès de l'assainis-

sement que l'expropriation fût accordée par le gouvernement belge. Ce fait aurait une portée qui dépasserait les limites du royaume : il préparerait les esprits, en tous pays, beaucoup plus efficacement que les publications scientifiques, à accepter une mesure rendue nécessaire par les besoins des sociétés modernes.

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teindre le but ; car on prévient ainsi les émanations que des corps

abandonnés sur le sol pourraient dégager pendant

leur lente décomposition. La combinaison belge a donc sa raison d'être comme celle de Londres avait la sienne. 5' Irrigations de Milan.

Les eaux d'égout de la ville de Milan, chargées, comme celles des villes précédentes, des déjections de la population (y compris les matières fécales), servent à l'arrosage d'un millier d'hectares de prairies situées en aval de la ville sur un parcours d'environ 16 kilomètres. La population est de i5o.000 âmes, mais le volume des liquides est beaucoup plus fort que celui qui correspond d'ordinaire à un pareil chiffre, car il atteint ioo.000 mètres cubes par jour, soit près de 700 litres par habitant; c'est que dans ce volume figurent pour une très-large part les eaux naturelles qui traversent la ville, et dans lesquelles se délayent les résidus des maisons. Le drainage, tant public que privé, est d'ailleurs assez primitif, ce qui s'explique par sa grande ancienneté; il paraît remonter à plus de cinq cents ans. Les égouts et les drains particuliers se réunissent dans deux collecteurs qui ne sont autres que des cours d'eau naturels canalisés: l'un, la Sevese, dessert la partie centrale ou la ville proprement dite, et est maçonné et couvert ; l'autre, le Naviglio, qui se jette dans le précédent, dessert la partie excentrique ou les faubourgs ; il est beaucoup plus grossièrement établi et circule à ciel ouvert. L'ensemble de ces liquides est finalement recueilli par un troisième canal, également à ciel ouvert, la Yettabia, qui sert d'émissaire à la ville. C'est sur le parcours de ce dernier que les eaux sont vendues aux propriétaires des prairies. L'excédant rejoint

la rivière Lambro, à 17 ou 18 kilomètres au sud de Milan. La surface des prairies confine aux portes mêmes de la ville, et toute la région est soumise à un arrosage très-