Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 58]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

ENTREPRISES D'1R111 GAT: on.

jusqu'à cinq coupes de ray-grass; on y cultive aussi avec

point de vue : 1. La quantité de liquide à employer est infiniment plus considérable, quarante à cinquante fois aussi

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avantage divers légumes. Quant aux matières solides, séparées dans le bassin de dépôt, elles sont retirées huit à dix fois par an ; on les mélange avec des cendres et de la chaux provenant des épurateurs à gaz, et on forme ainsi un engrais auquel on attribue la même valeur qu'au fumier de ferme (5). Le plan d'irrigations de LonIrrigations de Londres. dres tranche sur les précédentes entreprises à un double (') Les dérogations au type urbain introduites par M. Menzie dans l'installation de Broadmoor s'expliquent aisément. D'une part, dans des établissements de ce genre, comme dans les habitations privées, il est visible que le rapport des surfaces découvertes aux surfaces bâties est infiniment plus grand que dans les villes; dès

lors, si l'on voulait convoyer ensemble les eaux des unes et des autres surfaces, on serait amené à donner aux conduites étanches des sections considérables, tandis qu'on peut les réduire à un très-petit diamètre en éliminant les eaux pluviales, lesquelles, de leur côté, se contentent d'évacuateurs du type le plus simple et le plus économique. D'ailleurs, le liquide fertilisant se trouverait souvent beaucoup trop étendu et perdrait alors de sa valeur ; de plus on serait obligé, l'hiver surtout, de surveiller pendant la nuit l'irrigation, tandis que, moyennant cette séparation, on n'a pas à s'en occuper, vu que la source d'engrais est à ce moment à peu près tarie. D'autre part, la précipitation des matières solides en suspension est justifiée par la nécessité où l'on est le plus souvent de conduire l'arrosage autour de l'habitation et dans des lieux qui

Il

servent à la promenade. Or la putréfaction de ces matières sur le sol développerait toujours quelques odeurs désagréables. Cet inconvénient est loin d'avoir la même importance dans les irrigations urbaines, car on choisit des emplacements éloignés de toute agglomération, et qui ne sont destinés, en aucun cas, à l'agrément. Un autre avantage de la séparation des solides, au point de vue des

frais d'installation, c'est de permettre la distribution avec des

drains simplement assemblés bout à bout et de supprimer toute espèce d'agencement pour dériver les liquides sur le sol. Les interstices des joints suffisent pour ce dernier objet, tandis que si les eaux charriaient des matières pâteuses ou des sables, ces joints ne tarderaient pas à s'obstruer. Ces considérations et quelques autres du même genre, qui ne se présentent évidemment pas dans les irrigations urbaines, peuvent commander de semblables modifications, quand on veut appliquer le système à de petits groupes d'habitations.

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grande que la plus importante de celles dont nous nous sommes occupé jusqu'ici ; 2° le liquide ne sera pas consommé exclusivement par l'entrepreneur lui-même, mais il est des-

tiné à être en partie vendu au public, à raison de tant le mètre cube. C'est le premier exemple que nous rencontrons d'une eau d'égout prenant Une valeur de marché et devenant l'objet d'un tarif. Cette entreprise a été suggérée principalement par l'intérêt agricole ; car les grands travaux de drainage du conseil métropolitain, bien qu'ayant laissé subsister le déversement des liquides danS la Tamise, avaient mis la salu-

brité à peu près hors de cause. Mais l'opinion publique s'est émue à bon droit de la déperdition d'une si énorme source d'engrais, dont la valeur commerciale est estimée de 3o à 4o millions de francs par an. De là sont sortis de nombreux projets pour utiliser les eaux d'égout tant de la rive nord que de la rive sud. Parmi ces projets, celui de MM. Hope et Napier, relatif à la rive nord, après une longue et savante discussion, a obtenu la préférence, et un acte du parlement, en date du 19 juin 1865 (5), en a confié l'exécution à la illetropolis sewage and Essex redonation Company ou Compagnie métropolitaine, qui s'est constituée dans ce but. Le plan de la compagnie consiste essentiellement à inter-

cepter les eaux d'égout de la rive nord, à l'extrémité de (5) Cet acte a été rendu, sur les conclusions conformes du conseil métropolitain et d'un comité d'enquête pris dans le sein de la chambre des communes. Le rapport du comité, en date du 5. mars 1865, concluait en ces termes : r Votre comité est d'avis que le (i projet qui lui a été soumis (celui de MM. Hope et Napier), constitue un mode avantageux et profitable d'employer l'eau d'égout « de la partie nord de la métropole, et il n'a pas de raison de peu« ser qu'aucun autre projet plus avantageux ou plus profitable a puisse être conçu.