Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 32]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

ne prouve donc pas absolument contre celui-ci. 11 convient même de dire que d'après les études du laboratoire et les résultats obtenus à Clichy, le sulfate d'alumine ferrugineux paraît être plus apte à jouer le rôle d'épurateur que les autres substances déjà expérimentées. Toutefois nous ne

pensons pas qu'on y trouve une solution complète et définitive de la difficulté. A notre avis, aucun procédé chimique ne vaudra jamais la méthode que nous allons décrire, à savoir l'emploi direct des eaux en irrigations de prairies. C'est à favoriser ce dernier mode que tous les efforts, selon nous, doivent tendre. Il faut travailler à écarter les obstacles, trop justement signalés par M. Le Chatelier, qui s'opposent aujourd'hui à son adoption, et qui se résument dans l'impossibilité de se procurer à des conditions raisonnables une surface convenablement disposée pour l'arrosage. Or la difficulté disparaîtrait le jour où l'on accorderait l'expropriation pour cause d'utilité publique des terrains indispensables à l'épuration (*) . Car ce jour-là il ne serait plus nécessaire d'aller jusqu'à Dieppe ou au Havre pour trouver un champ d'irrigation ; il suffirait de se rejeter à quelque distance des bords de la Seine pour obtenir des emplacements favorables. Le pire serait d'avoir à élever les eaux à quelques dizaines de mètres de hauteur; mais le drainage de Londres montre que ce n'est point là (*) Sans vouloir entrer dans des considérations de droit, qui seraient déplacées dans ce travail, nous ne pouvons nous empêcher

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PROCÉDÉS CHIMIQUES.

un obstacle insurmontable ni même un obstacle par trop coûteux. En attendant que l'on soit entré dans la voie que nous indiquons, l'épuration au sulfate d'albumine pourra rendre d'utiles services, et à ce point de vue il est désirable que l'étude du procédé soit continué, en s'attachant particulièrement à déterminer l'étendue du débouché que l'engrais estsusceptible de trouver dans les populations environnantes.

Mais on aurait tort, à notre sens, de voir dans cette fabrication autre chose qu'une ressource provisoire son succès même ne devrait pas détourner l'attention de l'application agricole directe, laquelle, quand on pourra la réaliser,

constituera, comme nous le verrons bientôt, le moyen le plus sûr et le plus avantageux (*). (*) Nous recevons en cours d'impression le compte 'rendu officiel de MM. Mille et A. Durand Claye, en date du i" mars 1869, lequel

donne le résultat des essais continués à Clichy pendant l'année '868. Les chiffres de la note précédente ne se trouvent pas sensiblement changés, sauf en ce qui concerne le débit du collecteur, porté de 13o.000 mètres cubes à i90.00. mètres cubes par jour, et qui, par suite de la jonction de la rive gauche, effectuée en novembre 1868, atteint vraisemblablement aujourd'hui un chiffre voi-

sin de 250.000 mètres cubes. Les opérations ont été poursuivies d'après les mêmes errements, au triple point de vue de l'arrosage, du colmatage et de l'épuration au sulfate d'alumine. Notons seulement, en ce qui concerne ce dernier procédé, qu'on paraît se trouver mieux de l'emploi de sulfate exempt de fer que de l'emploi du sulfate ferrugineux ; on évite ainsi, disent les auteurs, le trouble couleur de rouille, qui altère souvent la pureté du liquide, par suite de la décomposition du sulfate de fer pendant les fortes chaleurs. Quant à la constitution chimique des dépôts et à l'analyse des

de signaler en passant cette mesure à laquelle il nous paraît impossible qu'on ne soit pas amené d'une manière générale dans un avenir prochain, sous l'impérieuse nécessité de protéger les cours d'eau contre l'infection croissante des villes. Car si l'on n'accorde

liquides, nous n'avons rien de nouveau à en dire. Nous ne parlerons pas davantage du colmatage et de l'arrosage, pour lesquels toutes nos observations subsistent. Relativement à l'épuration, les auteurs donnent quelques chiffres fort intéressants à connaître et qui vien-

pas l'expropriation des terrains, on réalisera difficilement l'arrosage sur une grande échelle : il serait téméraire, selon nous, de compter sur le libre concours des cultivateurs pour amener la formation de grandes entreprises d'irrigations. Aucune compagnie, aucune mu-

à fait les 2/5 de la richesse fertilisante de l'eau d'égout (exactement

nicipalité n'exécutera de tels travaux, si elle n'a pas la certitude d'utiliser ses eaux. Au surplus, nous reviendrons plus tard sur ce point à propos des projets d'irrigations mis en avant pour Paris.

nent à l'appui de l'opinion que nous avions émise. Nous voyons d'abord que le traitement au sulfate d'alumine ne retient pas tout

2.655 sur 6.847), ou, si l'on veut, que l'eau épurée emporte à la rivière un peu plus des 5/5 de l'engrais contenu dans l'eau d'égout; aussi MM. Mille et Durand Claye conseillent-ils d'employer cette eau épurée en arrosage. Mais on peut douter que la valeur en soit TOME XVI, 1869.

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