Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 30]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

laissé la majeure partie de ses principes fertilisants au dépôt des bassins. » On ne peut que savoir gré à la ville de Paris d'avoir ortout l'été de 1867 sur une superficie de 6.700 mètres cubes. On

« a employé un cube journalier de ec,36 par mètre quarré, soit une épaisseur journalière de om,036 d'eau fertilisante. C'est en eau

ce que les maraîchers de Paris emploient couramment (0,030 par mètre quarré); niais on a gagné à Clichy toute la fourniture « de fumier, dont aucun atome n'est entré dans les cultures. Pendant la saison d'hiver, l'eau noire a été consacrée au colmatage des terres vides du champ d'essai. Un cube de ir",.2o par mètre quarré, soit une hauteur d'eau de im,2o, a été absorbé pendant le mois de janvier. Quant aux produits obtenus par l'utilisation directe des eaux d'égout, ils étaient de bonne qualité. Leur goût et leur aspect étaient satisfaisants. Les rendements se sont élevés à 6o.000 logrammes par hectare pour les choux, à 56.00o kilogrammespour

les betteraves, à 1i.000 kilogr. ou 100 hectolitres pour les maïs. « Les analyses ont donné une composition élementaire analogue à celle des produits similaires, obtenus par d'autres procédés. « En résumé, les expériences de Clichy conduisent à ce double résultat

L'épuration chimique peut se faire pratiquement à l'aide du sulfate d'alumine. Elle assure la désinfection de l'eau. Elle donne

« un excellent terreau et une eau claire, propre à l'arrosage, mais non à l'engraissement des terres ou au colmatage. Elle coûte or,o2 environ par mètre cube épuré et exige le maniement et le transport des dépôts. L'utilisation agricole directe assure la désinfection par la répartition de l'eau noire en rigoles de dimensions restreintes. La nature se charge de faire la séparation en dépôt et en eau claire; le dépôt se trouve mis en place de lui-même. L'eau noire convient à la fertilisation et au colmatage. Elle ne coûtera que son prix d'élévation. La solution générale du problème de l'épura-

tion et de l'utilisation des eaux d'égout semble comporter la

« réunion et la juxtaposition des deux systèmes expérimentés. L'eau

« noire doit être offerte aux cultivateurs et circuler renfermée « dans des tuyaux et enfoncée sous des remblais dans les plaines « de Gennevilliers ou d'Argenteuil. Le procédé chimique d'épura-

« tion intervient pour permettre le rejet en Seine des eaux non utilisées, ou pour fournir de l'eau claire destinée au simple bu« mectage des terres. Ce sont ces principes généraux qui guident les ingénieurs dans les recherches auxquelles ils se livrent pour résoudre cette grande Question. »

PROCÉDÉS CHIMIQUES.

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ganisé des expériences qui, par le soin et la méthode qui y président, seront toujours fort utiles à connaître ; mais au point de vue de la solution pratiqué à intervenir, il ne nous

semble pas que la question ait été posée sur son véritable terrain. En effet, les eaux d'égout sur lesquelles on expérimente aujourd'hui sont très-faiblement chargées d'impuretés, puisqu'un cinquième environ seulement des maisons y envoient leurs résidus ménagers et aucune les matières fécales (5). Or ce n'est point là, on est en droit de le penser, l'état normal de l'avenir. Non-seulement, dans un temps peu éloigné, toutes les maisons devront, aux termes du décret de 1852, écouler directement aux égouts leurs

eaux ménagères, mais il nous paraît impossible que tôt ou tard elles n'y envoient pas aussi leurs matières fécales. Paris ne saurait rester en arrière de Londres et de Bruxelles, ni s'accommoder éternellement de ces Pratiques barbares

qui vont à l'encontre des lois naturelles, puisqu'au lieu d'éloigner promptement de l'homme tout ce qui offusque ses

sens et compromet sa santé, elles retiennent au contraire dans son voisinage ce qui risque le plus de lui nuire. La ville qui a tant fait pour embellir et assainir sa surface, voudra aussi sans doute abolir les fosses d'aisance qui souil-

lent son sous-sol et supprimer la vidange qui déshonore ses rues : la véritable salubrité est à ce prix (**). Le point de vue pratique exige donc, selon nous, qu'on (*) 11 y a environ trois mille maisons à Paris qui écoulent leurs eaux vannes aux égouts au moyen de tinettes filtrantes, mais aucune

n'est autorisée à mettre ses cabinets d'aisance en communication directe avec les égouts. Encore même croyons-nous qu'on cherche plutôt à restreindre l'emploi des tinettes. Cl Tant que les fosses d'aisance subsisteront, Paris exhalera toujours cette odeur mi generis, bien connue de ceux qui ont eu occasion de parcourir les rues vers quatre ou cinq heures du matin, alors que le calme de la nuit a permis aux émanations de se ramasser au-dessus du sol. Peut-on dire qu'une ville dont le som-

meil se passe au sein d'un air aussi impur se trouve dans de bonnes conditions de salubrité?