Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 26]

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PROCÉDÉS CHIMIQUES.

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

miers, la valeur des hommes qui les ont inspirés ou conduits (*) , leur méritent une attention tOute particulière. Aussi les décrirons-nous avec quelques détails. Les expériences de Clichy, tel est le nom sous lequel on les désigne, ont commencé en 1866 et se continuent encore; la ville de Paris a voté récemment (fin 1868) une nouvelle

'somme de s million pour les poursuivre sur une plus grande échelle en les reportant sur des points différents. Elles sont confiées à Y. Mille, ingénieur en chef des ponts et chaussées, assisté de M. Ernest Durand-Claye, ingénieur

ordinaire. Elles ont été instituées en vue de compléter l'étude d'un procédé chimique d'épuration proposé par M. Le Chatelier, ingénieur en chef des ruines ; on a joint, depuis, à ce programme l'arrosage des cultures par l'eau d'égout prise avant et après cette épuration. La méthode de M. Le Chatelier consiste essentiellement à traiter les eaux par le sulfate d'alumine ferrugineux et à séparer les matières dans des bassins de dépôt d'un système particulier. Le réactif employé est fourni économiquement par la dissolution de la bauxite dans l'acide sulfurique ou par les magmas rouges de Picardie ("); quant aux bassins de dépôt, également économiques, ils sont établis sur le principe des digues filtrantes de M. l'ingénieur

des mines Parrot. Le but des opérations est d'obtenir (1 M. Dumas a, comme on sait, encouragé ces expériences. L'illustre chimiste, bien que partisan, en principe, de l'emploi agricole direct, a pensé, nous disait-il, que l'épuration artificielle pourrait rendre provisoirement des services, et qu'en tous cas il y avait un grand intérêt pour la science à ce qu'aucune de ces questions ne restât sans examen. (*) Le produit de l'une ou l'autre de ces provenances, à la teneur de 10 pour 100 d'alumine et de 2 à 3 pour 100 de peroxyde de fer, revient, sur les rives de la Seine, à 65 ou 70 francs les 1.000 kilogrammes. M. Le Chatelier insiste sur le rôle essentiel que joue, selon lui, le fer dans les réactions. Le sulfate de fer, en présence des matières contenues dans l'eau d'égout, « forme, dit-il, du sulfure

de fer qui se régénère rapidement à l'état de sous-sulfate de

'des liquides assez purs pour être, sans inconvénient, évacués aux cours d'eau, ou employés à des arrosages nonobstant le voisinage des habitations. L'engrais solide provenant du dépôt séché à l'air est mis lui-même à la disposiion des cultivateurs. « Ce qui caractérise, dit M. Le Chatelier, ce procédé qui

n'exige aucune construction coûteuse, pour lequel il suffit d'endiguer quelques hectares de terre, c'est la facilité avec laquelle on peut faire varier les conditions de « son application. On peut emprunter aux conduites d'amenée ou aux canaux d'épuration toutes les quantités d'eaux impures ou épurées, que la culture pourra utilement appliquer soit à des colmatages, soit à de simples arrosages. Le jour où la totalité (des eaux impures) viendrait à être utilisée, on rendrait à la culture les surfaces occupées par les bassins, enrichies à un très-haut degré par les infiltrations de matières fertilisantes. Les eaux peuvent être plus ou moins épurées suivant la saison ou s l'état du fleuve; l'addition des réactifs peut être limitée à ce qui serait strictement nécessaire pour faciliter un dépôt sommaire et en même temps pour le désinfecter. Rien ne s'oppose à ce que. pendant les crues la défécation soit suspendue. La solution peut être immédiate et ne fait obstacle à l'adoption d'aucune autre combinaison « ultérieure. C'est dans ces termes, ajoute M. Le Chatelier, « que la question d'épuration a été posée pour le cas particulier de la ville de Paris. Le point de départ du procédé a été l'opinion, depuis longtemps exprimée par son auteur, que la solution adoptée à Londres (dont la description détaillée viendra plus loin) c( peroxyde de fer. C'est à sa présence que paraît devoir être attrihué surtout ce fait que le dépôt ne perd pas d'azote et reste désinfecté. Le sulfate de peroxyde de fer alumineux peut d'ailleurs remplacer le sulfate d'alumine ferrugineux et réduire la dépens de réactif. »