Annales des Mines (1869, série 6, volume 15) [Image 17]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

.à 8

NOTICE SUR P. BERTHIER.

NOTICE SUR P. BERTHIER.

Meuse, de la Marne et de la Haute-Marne, jusque clans celui de l'Yonne, sur une zone qui dépasse 5oo kilomètres. Plus tard, on les a découverts dans le midi de la France,

dans les départements de l'Isère, de la Drôme et de la Savoie, et jusque dans ceux des Alpes-Maritimes et du Var.

Aujourd'hui la chaux phosphatée est reconnue en France dans une quarantaine de départements. Après avoir constaté l'abondance de la phosphorite en 'France, on se mit à l'y exploiter ; l'importance de l'extraction, qui ne se fait encore que dans trois départements, ceux des Ardennes, de la Meuse et de la Marne, tend chaque

jour à s'accroître. Les gisements, jusqu'à présent susceptibles d'être exploités, ont été trouvés à un même niveau, appartenant aux couches que les géologues ont désignées sous le nom de gault.

Dans le terrain crétacé d'autres régions de l'Europe, on a retrouvé la chaux phosphatée, notamment en Bohême, dans le nord de l'Allemagne, en Bavière ; en Russie, au voisinage de Koursk, le phosphate se rencontre dans une pierre connue sous le nom vulgaire de samarode ; il se trouve aussi, en couche et sur une étendue considérable, jusque dans les gouvernements de Simbirsk et de Voronech. Enfin, cet horizon de phosphates se poursuit, dans le terrain crétacé, jusqu'en Espagne et en Portugal.

Comme s'il avait eu la prescience de toute l'utilité que les phosphates minéraux devaient acquérir dans la suite, Berthier les rechercha encore dans d'autres gisements, où on ne les soupçonnait nullement. On a vu qu'il avait constaté la présence très-fréquente de

l'acide phosphorique combiné, dans le minerai de fer des houillères. Six années après (*), cet éminent observateur retrouvait encore l'acide phosphorique dans le même ter(*) Note sur la chaux phosphatée des mines de houille de Fins (Allier). Annales des mines, t" série, t. XI, p. i!t, 1325.

a9

houiller, mais à l'état de chaux phosphatée ; c'était à Fins, département de l'Allier, dans des masses où ce minéral est rendu tout à fait invisible, par un mélange de matières charbonneuses et d'argile, qui devait le laisser inaperçu pour d'autres observateurs moins clairvoyants; rai

car ces rognons de chaux phosphatée ont, à s'y méprendre,

l'aspect du fer carbonaté argileux, si abondant dans les mêmes couches.

Or, trente-six ans plus tard, cette seconde découverte devenait, comme la première, le point de départ d'une exploitation en grand : en Westphalie, la phosphorite était reconnue dans les argiles schisteuses noires du bassin de la

Ruhr; elle y est mélangée de pyrite et de carbonate de fer. Ce phosphate occupe exactement la même position que le fer carbonaté lithoïde appartenant au même terrain, et en offre tout à fait l'aspect, remarque qui n'a pas moins d'importance au point de vue de l'origine de ces phosphates, qu'a celui de leur recherche. Il s'est bientôt établi à Hoêrde une fabrique, où l'on convertit le phosphate en superphosphate, comme en Angleterre. Il est un troisième gisement devenu récemment l'objet d'exploitations, déjà considérables, dont l'indication première est ..encore due à Berthier. On sait que les minerais de fer de certains gisements, comme ceux qui viennent d'être cités-, produisent des fers phosphoreux et qu'ils doivent cette propriété à ce qu'ils sont mélangés de phosphates; mais dans ces gisements les phosphates n'avaient pas encore été rencontrés constituant des masses considérables. Or un échantillon que M. de Bonnard avait rapporté de ses fructueuses explorations en Bourgogne, fut examiné par Berthier, qui y reconnut encore la phosphorite. Cette substance provenait des environs de Saint-Thibault (Côted'Or) ; elle y est associée au minerai de fer en grains, qui est superposé au terrain jurassique et constitue des masses isolées assez abondantes.