Annales des Mines (1865, série 6, volume 8) [Image 196]

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GÉOGÉNIE.

REVUE DE GÉOLOGIE.

M. de De ch en regarde, d'après cela, le dégagement de l'acide carbonique comme un phénomène aussi général dans l'intérieur de la terre que l'accroissement de température. On l'observe partout où l'écorce terrestre a été traversée par des fentes s'étendant depuis la surface jusqu'à une profondeur suffisante. Cette hypothèse permet d'expliquer simplement pourquoi, dans certaines parties des régions volcaniques, il existe des dégagements considérables d'acide carbonique, tandis qu'il n'y a en a pas dans d'autres; il est facile de comprendre, en effet, que ces dégagements ne peuvent avoir lieu que dans les parties où l'écorce terrestre a été profondément fissurée.

Diminution dans le niveau des mers. La Revue de géologie a déja mentionné une hypothèse de MM. Sm;

m a nn et H. Lecoq, appuyée par M. D el e ss e, d'après laquelle notre planète absorbant l'eau qui existe à sa surface à mesure qu'elle se refroidit et que ses dépôts sédimentaires augmentent, serait destinée à passer à l'état de lune (i). M. Tr a uts ch ol d (2) arrive à la même conclusion par l'étude de la Russie. En effet, clans cette contrée, les divers étages géolo-

giques, depuis le terrain silurien jusqu'à la craie, se succèdent de l'ouest à l'est, avec une extrême régularité, sous la forme de zones parallèles, toutes très-riches en fossiles, et paraissant représenter des formations littorales. La mer semble donc s'être retirée peu à peu vers l'est, où maintenant elle ne serait plus représentée que par la mer Caspialau et celle d'Aral.

M. T r au t sc h o) d ajoute que cette grande régularité dans la succession des dépôts fait de la Russie un pays éminemment propre à l'étude du développement de la vie organique ainsi que des passages d'une faune à une autre. La même remarque s'applique à l'Amérique du Nord où l'on peut facilement reconnaître les niveaux successifs et décroissants des dépôts sédimentaires sur des étendues immenses et depuis les époques géologiques les plus reculées.

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breuses observations empruntées à la géologie et à l'histoire naturelle, écrivait : u La côte septentrionale de l'Afrique est beaucoup moins nettement séparée de l'Europe par la Méditerranée qu'elle ne l'est du reste du continent africain par le Sahara. Tout porte à croire que le désert était autrefois recouvert par les eaux., de sorte que les côtes barbaresques formaient une île de la Méditeranée. Cette idée adoptée par différents géologues vient d'être reprise par M. Suess (i) Lia suite des travaux de MM. H n es et A n c a. Le premier a retrouvé, dans les mollusques fossiles du bassin de Vienne, des espèces identiques à celles qui vivent aujourd'hui sur les côtes du Sénégal, notamment : Cyprea sanguinolenta, Buccinum lyraturn, Oliva flammulata, Lutraria oblonga, Tellina crassa, Tellina lacunosa, Venus ovata, Trigonia anatina, Mactra Bucklandi. De son côté, M. C h. L an rent a rencontré le Cardium edule sur les terrasses de l'Aurès. Enfin la comparaison des faunes terrestres conduit à réunir les îles Canaries, le Maroc, l'Algérie et le sud-ouest de l'Europe en un groupe homogène. A une certaine époque, une communication existait sans doute

entre le continent africain proprement dit et le sud de l'Europe. En effet, M. An c a a trouvé, dans les cavernes à ossements de la Sicile, à côté des coquilles d'espèces vivantes, comme l'Ile/ix aspersa et le Cardium edule, des os de loups et de renards, c'està-dire d'animaux franchement européens associés à des restes d'Elephas africanus et d'hyène tachetée, dont la patrie est l'Afrique orientale ou méridionale et qui ne franchit jamais le désert. De plus la chaîne de rochers sous-marins, qui réunit la Sicile à la côte d'Afrique et qui est si bien marquée sur les cartes hydrographiques, paraît être un vestige de cette ancienne communication. Si le Sahara était autrefois une vaste mer, Sir Charles Ly el 1 (2) observe, avec quelques géologues glaciéristes, qu'il a par cela même exercé une grande influence sur le climat de l'époque post-tertiaire. On peut penser notamment que les vents du sud, après avoir traversé le Sahara, arrivaient en Europe chargés d'une grande quantité de vapeur d'eau, et quand ils atteignaient les Alpes, cette vapeur se précipitait sous. forme de neige. Ainsi, ce même courant aérien

ancienne mer du Sahara.

qui aujourdhui, sous le nom de Sirocco, dessèche tout sur son passage, a dû être autrefois la source principale à laquelle s'alimentaient les neiges et les glaces des Alpes, et contribuer à leur

Dès l'année 1846, M. André Wagner, s'appuyant sur de nom-

donner plus d'extension.

(I) Revue de géologie, II, 133. E. (2) Zeitschrift d. deut. Geologischeu Gesellschaft, XV, 411.

Jahrbuch d. K. K. g. Reichsantalt, 1863, 26. Elements of Geology, 175.