Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 289]

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MÉMOIRE SUR L'EMPLOI

En substituant à la plaque tournante le petit goniomètre G, dont la tige centrale .porte comme support de la lame biréfringente, soit un disque de verre mobile dans un anneau de cuivre V, soit une pince à ressort H, il est facile, en orientant cette tige à 45° du plan de polarisation, de mesurer l'écartement apparent des axes dans l'air, même sur des lamelles travaillées ou .sur des fragments de clivage

ayant à peine un millimètre de côté, pourvu que cet écartement ne soit pas supérieur à 155° ou 4o°.

Lorsque l'angle apparent des axes optiques dépasse 135°, la mesure de cet .angle ou seulement l'observation des deux systèmes d'anneaux nécessaire pour apprécier leur disper-

sion, ne peut plus avoir lieu dans l'air, et l'on est alors obligé d'avoir recours à un milieu plus réfringent, tel que du sulfure de carbone, une huile fixe ou toute autre substance analogue dont l'indice de réfraction est déterminé d'avance. Le procédé le plus commode consiste, dans ce

cas, à disposer le microscope horizontalement (voy. fig. 2,

VI) et à lui fournir de la lumière polarisée par un

prisme de Nicot N' (*). Entre l'éclaireur et l'objectif, se place de la lumière moins parfaitement polarisée qu'un prisme de Nicol,

je l'ai adoptée de préférence pour le microscope vertical, parce que l'expérience montre qu'une partie des rayons perdus qu'elle

réfléchit sert à augmenter le champ du microscope, si l'ouverture de la plaque tournante D est suffisante. On peut. encore obtenir une très-bonne polarisation à l'aide d'une large tourmaline ou

d'une Iiérapatite placée entre l'éclaireur E et la plaque tour-

nante D; malheureusement il est très-difficile de rencontrer ces substances en lames assez larges pour polariser tous les rayons qui pénètrent dans le champ maximum de l'instrument, et de plus elles sont peu propres à étudier les couleurs qui caractérisent les

divers modes de dispersion des axes optiques, à cause de leur absorption souvent considérable et inégale pour les différentes couleurs. (*) Un champ de vision très-étendu n'étant plus ici de première nécessité, puisqu'en général on ne pourra voir chaque système d'anneaux que successivement, il est clair qu'il y à tout avantage

à substituer à la pile de glaces un appareil à polarisation parfaite. Le Nicol peut au besoin être remplacé par un polariseur

DU MICROSCOPE POLARISANT.

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une petite cuve en verre C d'environ 12 millimètres d'épaisseur, fermée par des glaces parallèles et contenant le liquide réfringent (ordinairement de l'huile d'olive décolorée par l'exposition au soleil). La plaque biréfringente seule ou fixée sur une petite lame de verre mince, à l'aide de térébenthine épaissie, de baume de Canada, d'arkanson (*) ou de gomme, suivant qu'elle peut ou qu'elle ne peut pas être chauffée, est soutenue dans l'huile par une pince en platine ou en acier ; cette pince est soudée à l'extrémité d'une tige verticale F, mobile à frottement doux

dans un axe creux qui porte une alidade A munie d'un veiL nier et passe au centre d'un cercle horizontal gradué H, sur lequel on peut lire la minute (voy. fig. 4). Le mouvement de l'alidade entraîne celui de la plaque, et si, l'on fait successivement coïncider le centre de chaque système d'anneaux avec le centre du micromètre intérieur, la mesure angulaire de ce double mouvement donne celle de l'écartement des axes optiques dans l'huile (**) . Il suit de là que le plan dans Foucault précédé d'une lentille à long foyer et monté dans un tube qui permet de le placer derrière l'éclaireur E à une distance

convenable pour obtenir un champ bien uniforme. (*) L'arkanson est un mélange en parties variables de cire jaune et de colophane fondues ensemble (ordinairement de cire pour 3 de colophane). Il est d'autant plus fusible qu'il contient plus de cire, mais son adhérence sur les surfaces polies est toujours considérable et il est très-utile pour fixer sur des lames de verre les petits cristaux que l'on veut user et polir. (**) Il est évident qu'il est bon d'adopter la disposition du microscope horizontal, même pour opérer dans l'air, toutes les fois qu'il s'agit d'une mesure d'écartement et non d'une simple observation des courbes isochromatiques qui exige en général un champ trèsétendu. Dans ce cas, on enlève la cuve à huile et on rapproche l'un de l'autre l'éclaireur et l'objectif, autant que le comporte la largeur de la plaque biréfringente. La même disposition permet d'obtenir avec exactitude l'angle que chacun des axes optiques fait avec une normale à la plaque, car il suffit pour cela de l'orienter bien perpendiculairement à l'axe du microscope. Or on arrive facilement à cette orientation en observant, presque sous l'incidence rasante, l'image d'une lumière éloignée réfléchie simultanément