Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 280]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

récents, le loess a certainement été produit par des eaux douces et les glaciers n'ont joué aucun rôle dans sa formation. La-chaîne du Caucase et de la Crimée étendait deux branches vers l'ouest, la

première vers le Balkan, l'autre vers Fidonisi, la seule île de la mer Noire, et vers les montagnes de la Dobrudscha.

L'affaissement du lit de la mer Noire mit les eaux douces en communication avec la Méditerranée ; et le régime actuel des eaux put s'établir par degrés. Dépôts glaciaires. -- Les blocs erratiques qui se retrouvent sur les chaînes du Jura ont-ils été amenés des Alpes à leur place actuelle

par des glaces flottantes, qui auraient voyagé sur un grand lac compris entre les deux chaînes ? M. Ramsay (f) ne le pense pas ; parce que le niveau d'un semblable lac qui eût été extrêmement étendu, si on le place à l'altitude des plus élevés parmi ces blocs, eût été marqué par certains dépôts lacustres, et qu'on ne les retrouve nulle part. M. Ramsay est donc revenu à l'hypothèse hardie d'A g ass i z : il pense que pendant l'époque du refroidisse-

ment, un glacier sortait du Valais et allait s'étaler tout ie long de la chaîne jurassique, qu'un autre issu de la vallée du Rhin couvrait le bassin actuel du lac de Constance : du côté de l'Italie, les glaciers descendaient jusqu'à Ivrée, et remplissaient les bassins du lac de Corne et clu lac Majeur. Suivant. M. R am sa y, ce sont ce8 glaciers eux-mêmes, qui ont creusé et approfondi les bassins actuels des lacs Alpins. Dans une coupe longitudinale faite de Genève à Villeneuve, le fond du lac de Genève présente la forme

d'une courbe concave, dont la plus grande profondeur est atteinte entre Lausanne et Evian : la diminution de profondeur depuis cette partie du lac jusqu'à. Genève serait en rapport,

TERRAINS.

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trer que ces réservoirs ne remplissent point des failles. Suivant lui, il ne pourrait jamais se former de failles béantes, parce que le phénomène des soulèvements est toujours accompagné par une puissante compression latérale. Mais il faudra remarquer cependant qu'en brisant les voussoirs de la voûte terrestre et en les amenant les uns contre les autres, la pression ne doit évidemment pas donner à la superficie générale des terrains disloqués une courbure partout convexe ; or dans les points où les courbures deviennent concaves, où les angles sont

obtus au lieu d'être aigus, on comprend très-bien qu'il puisse se produire des lacs. Malgré les objections que soulève la théorie glaciaire, elle reprend évidemment grande faveur en Angleterre : ainsi, M. Jam i es o n (f)

a donné une Carte qui indique la direction des stries dans les diverses parties de l'Ecosse et il en infère qu'elles sont dues au burinage des glaciers. Toutefois il admet qu'après l'époque où leurs rameaux descendirent très-profondément dans les vallées, Il s'est opéré un abaissement général des îles Britanniques, dont le tracé est encore bien marqué par les accumulations de coquilles marines et de silex qu'on retrouve dans le pays de Galles jusque vers Cm mètres d'altitude. Postérieurement des glaces côtières ont pu jouer leur rôle dans le phénomène du polissage et du striage des roches.

(i) Quart. Journ., vol, XVIII, p. 184.

suivant M. Ra ms ay, avec la diminution -d'épaisseur de l'ancien

glacier de l'un de ces points à l'autre. L'usure produite par le glacier était d'autant plus énergique que son épaisseur était plus grande. Si les choses se sont passées ainsi, le fleuve de glace devrait d'ailleurs remonter une pente depuis Lausanne jusqu'à Genève, et alors il est assez difficile d'expliquer comment la glace se mou-

vait par l'effet de son poids sur une surface horizontale très-étendue, et surtout sur une surface inclinée en sens contraire de la gravité. Pour faire accepter l'hypothèse qu'il propose et qui nous obligerait à considérer tous les bassins des lacs Alpins comme creusés par le puissant burin des glaciers, M. R am sa y cherche à démon(i) Quart. Journ., vol..XVII1, p. 185.

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