Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 232]

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REVUE DE (4É0L0GIE.

outre il y a différents systèmes de fissures qui pénètrent dans l'intérieur de la colonne et qui proviennent sans doute de l'agrandissement des fissures naturelles qu'on observe dans tous les granites; elles ont pu encore être déterminées par les vibrations ou les secousses qui résultaient nécessairement, du transport et du travail d'une masse de granite aussi colossale. C'est d'ailleurs sur les faces S.-0. et N.-N.-O. de la colonne que les dégradations sont les plus marquées. Des fissures microscopiques se montrent toujours à la surface du granite de Finlande ; comme l'a déjà remarqué H n e s s, elles

doivent vraisemblablement être attribuées à ce que les cristaux qui composent ce granite, et en particulier ceux d'orthose, qui

sont très-grands, se dilatent d'une manière très-inégale suivant leurs axes, ainsi que l'ont prouvé les recherches de M i tsc he rlise h. 11 faut observer, en effet, que dans un climat aussi 'extrême quo celui de la Russie, il y a plus de 55 degrés de différence

entre les températures de l'été et de l'hiver. L'eau pénètre d'ailleurs dans les fissures microscopiques et elle contribue à les augmenter, lorsqu'elle se dilate en se congelant

pendant l'hiver; de plus elle détermine des fissures nouvelles, indépendamment de celles qui résultent de la dilatation inégale des minéraux qui composent le granite. Mais c'est en pénétrant dans l'intérieur des fissures profondes

que l'eau contribue surtout à produire des dégradations; car toutes les roches étant mauvaises conductrices de la chaleur, une colonne de it mètres d'épaisseur éprouve dans son intérieur des variations de température qui sont beaucoup moins grandes qu'a sa surface; par suite l'eau qui imbibe les fissures profondes se solidifie à la surface lorsque les premiers froids de l'automne se font sentir, et c'est seulement pendant l'hiver qu'elle se solidifie à l'intérieur. Quand vient le printemps, au contraire, l'eau, déjà liquéfiée à la surface, pénètre à l'intérieur des fissures où elle se congèle

de nouveau parce que la température y est encore inférieure à zéro. D'après ces considérations que nous empruntons à M. G. de H el-

m erse n, il est donc facile de comprendre comment le climat rigoureux de la Russie peut dégrader aussi rapidement le granite de la Finlande.

MODIFICATIONS DES ROCHES.

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MÉTAMORPHISME.

Cailloux impressionnés. M. Ka u f in an n (1) a signalé dans le INagelflue. de la Suisse des cailloux calcaires qui ont laissé leur empreinte sur des cailloux de silex.

Silificalion. - Orbicules siliceux.- On connaît depuis longtemps les orbicules siliceux à couches concentriques qui s'observent sur les têts de divers mollusques fossiles. particulièrement sur ceux

des huîtres, des spondyles, des peignes, des bélemnites, des rudistes, des échinides, des brachipocles; toutefois on est loin d'être d'accord sur leur origine Tandis que les uns les considèrent comme produits par des animaux parasites, d'autres pensent qu'ils résultent d'une cristallisation imparfaite. Telle paraît être l'opinion adoptée

par Alexandre Brongniart, qui les a comparés aux agates et aux globules siliceux contenus dans différentes roches. M. ffArchiac (2) vient de faire une étude nouvelle de ces orbicules siliceux. D'après ses observations ils se composent d'une mul-

titude de petits tubercules de silex calcédoine, entourés de stries déprimées, concentriques, irrégulières, ondulées et formant des bourrelets. A leur centre il y a souvent un point opalin. Lorsque le têt calcaire du mollusque est feuilleté comme dans les huîtres, la silice a pénétré séparément chaque feuillet superposé. Le remplacement du têt calcaire par la silice peut d'ailleurs être total ou simplement partiel; et dans certaines échinides avec orbicules, la silice s'est simplement infiltrée dans les interstices des plaques formant ainsi un réseau d'hexagones. Ces faits mis en lumière par M. d'Arc h i ac montrent bien que les orbicules siliceux ne sauraient être attribués ni à des animaux parasites, ni à une cristallisation imparfaite. 11 est visible qu'une infiltration lente de silice en dissolution dans l'eau explique de la manière la plus naturelle la silicification du têt calcaire; cette silicification peut être partielle ou totale selon l'abondance et la durée de l'infiltration; elle s'exerce surtout sur le têt calcaire des mollusques, parce qu'il est formé par du carbonate de chaux pur. D'un autre côté la surface du têt n'est pas toujours en contact (I) Bibliothèque universelle de Genève.Archices des sciences physiques, 1361 XV, 140.

(2) D' Arc h i a c. Cours de paléontologie stratigraphique, 1, te` partie.