Annales des Mines (1864, série 6, volume 5) [Image 274]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE DE CONCENTRATION

de 5 atmosphères, la tôle aurait dû avoir om,611 d'épaisseur

elle

n'a que cc,ofo; la différence n'est point telle qu'elle ait dû se rompre; en effet elle n'a pas fléchi. L'effort de traction longitudinale qu'elle supportait par millimètre quarré était de 2.1',55 pour 5 atmosphères; or elle peut supporter avec sécurité 6 kilogrammes. Si la chaudière avait été tout entière en tôle, il est donc très-probable qu'elle aurait résisté. C'est la cuve en fonte qui a cédé ; elle s'est rompue suivant un cercle parfaitement net dans la partie cylindrique un peu au-dessus de la courbure. Quant au fond plat, il a été cassé en plusieurs morceaux; est-ce par le choc? est-ce par la pression de la vapeur? C'est ce qu'on ne saurait dire (1. Ce qui est positif, c'est que la vapeur a rompu le cylindre en fonte suivant un cercle; la cassure de la fonte est très -nette ; il n'y a pas d'éclats.

Pour un cylindre en fonte de 2m,1i0 de diamètre et une pression de 5 atmosphères, l'épaisseur, calculée d'après M. Morin, doit être de om,o5 L c'est à très-peu près ce qui existe

un cylindre en fonte

aurait donc résisté à la pression de 5 atmosphères. Il aurait résisté

également à l'effort de traction longitudinale suivant l'arête du

cylindre ; car pour 5 atmosphères cet effort est de ok,824 par milli-

mètre quarré et la fonte supporte avec sécurité 2'07. Si le fond avait été une demi-sphère, la partie cylindrique en fonte n'aurait eu à résister qu'aux deux efforts mentionnés ci-dessus, et il est probable qu'elle n'aurait pas cédé; mais le fond était plat ; les conditions de résistance se trouvaient tout autres pour une pression de 5 atmosphères. La cuve peut être considérée comme un solide dont les extrémités, c'est-à-dire les rebords cylindriques, étaient encastrés (**). Le fond supportait l'énorme pression de 1j86.852 kilogrammes qui tendait à le faire fléchir ; c'est la partie encastrée, c'est-à-dire le cylindre qui a dû rompre près de la courbure. On s'explique donc parfaitement comment la rupture a eu lieu et le cercle suivant lequel elle s'est produite. Une objection cependant peut être faite à cette conclusion. Le hl mars '863, sur la demande de M. Théry, le garde-mines a fait l'épreuve de la chaudière sous une pression effective de A atmosphères 1/2 ; elle avait parfaitement résisté. Mais on peut ré-pondre à cela que la pression de la vapeur vapeur a pu dépasser (*) J'ai fait casser des morceaux de fonte; la cassure indiquait une fonte de bonne qualité.

() Ajoutons que la fonte n'est jamais parfaitement homogène et que hors de la coulée, c'est surtout près des courbures que se manifeste le manque d'homogénéité et de résistance.

À SÉRAUCOURT (AISNE).

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Il atm. /2 ; ne se fût-elle même pas élevée plus haut, l'explosion

aurait pu avoir lieu encore, si à tt atmosphères 1/2 on était arrivé près de la limite de la résistance à la rupture. Le contre-maître de M. Théry a émis l'opinion que le serpentin

s'était détaché à l'intérieur de la chaudière près du point où il

était fixé ; le collet aurait pu être arraché ; ce fait n'est point rare

dans les cuves à concentrer les sirops (*). On conçoit alors quê la vapeur des générateurs se précipitant avec force dans l'intérieur de la chaudière aurait produit un choc et causé la rupture. Cette explication est plausible. Mais il ne nous paraît pas probable que le serpentin se soit détaché au nioment où, suivant toutes les présomptions, la tension de la vapeur à l'intérieur de la chaudière était à peu près la même que dans les générateurs. Le serpentin a été examiné ; il ne portait- aucune trace de déchirure due à la pression intérieure de la vapeur. Il était rompu à o"',60 environ de sa naissance, et ce bout de 0",60 dont l'extrémité était fixée à l'intérieur de la chaudière n'a pu être retrouvé. L'ingénieur soussigné est donc d'avis que l'explosion a été produite par l'élévation de la pression de la vapeur du jus dans l'intérieur de la chaudière et non pas la rupture du serpentin, et il n'hésite pas à attribuer cet accident à l'ouvrier imprudent qui, sans ordre du contre-maître, a ouvert le robinet du premier serpentin et a poussé la négligence à ce point que, quoiqu'une heure se soit écoulée entre le moment où il a ouvert son robinet et l'explosion, il n'a donné aucun avis ni au contre-maître ni à son camarade préposé à la conduite de la deuxième chaudière. Ceux-ci devaient croire que la première chaudière ne travaillait pas, car il arrivait souvent que l'on suspendait son travail. L'appareil à double effet venait en aide en quelque sorte à l'appareil à triple effet de Cail, lorsque la fabrication marchait très-vite, et son service subissait de fréquentes interruptions. Il nous reste pour terminer, à examiner une question toujours très-délicate, c'est la part de responsabilité qui incombe au chef de l'établissement, M. Théry. S'il y a négligence de sa part, s'il n'a pas rempli les obligations imposées par les règlements, il est du devoir de l'Administration de provoquer des poursuites quelque pénible que soit ce devoir. (') Ces cuves sont ouvertes et la rupture du serpentin n'occasionne pas d'accident; c'est souvent près du point d'attache que la rupture a lieu.