Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 95]

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CATASTROPHE DES IIIINES DE LALLE (GARD).

Le trou de sonde est également continué pour arriver jusqu'au mur de la couche n° après avoir traversé la couche n° 2, et donner des indications utiles pour le fonçage du puits. Le 25 octobre, le puits a atteint 1 oni,45 de profondeur et

le trou de sonde 25 mètres. La fendue N a 19-,5o de profondeur ; commencée dans la couche n° 2, on a passé par un petit travers banc de 5 mètres, dans la couche n° 1, très-rapprochée de la première.

Le même jour on a pu commencer à visiter quelques parties émergées du niveau de 5o mètres par la descenderie E` du Tri-de-Chaux. On trouve l'entrée de cette .couche dans le travers banc de 5o mètres, complètement obstruée par les terres qui ont coulé de l'effondrement. Un poste est installé à ce point pour rétablir le passage. Deux ouvriers de la compagnie de Robiac et Meyrannes, Maury et Brun, travaillaient à ce poste dans la soirée du 24 vers 9 heures et demie, lorsqu'ils entendirent des cris poussés dans la partie de la mine dont ils étaient séparés par les remblais. Ils crurent qu'un accident était survenu aux hommes occupés à réparer la descente de la lampisterie et remontèrent promptement par la fendue E' des Muriers pour donner l'alarme à l'ingénieur de service M. Mérieux.

Celui-ci me fit prévenir aussitôt qu'un accident était arrivé. Je descendis rapidement au bas du passage de la lampisterie où je trouvai les ouvriers et où j'appris que non-seu-

lement il n'était pas arrivé d'accident, mais que trois hommes vivants se trouvaient dans une galerie nouvellement

émergée et demandaient du secours. L'heureuse nouvelle s'était répandue avec la rapidité de l'éclair ; M. l'inspecteur général des mines Fournel, M. le sous-préfet d'Alais, les directeurs et les ingénieurs de la compagnie des l'orges, les ingénieurs de la compagnie houillère de Robiac, leurs

TRAVAUX DE SAUVETAGE.

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maîtres mineurs et bon nombre d'ouvriers s'étaient hâtés d'accourir.

Le plan du sauvetage était très-simple ; il n'y avait qu'à aller jusqu'aux malheureux mineurs épargnés par la mort, et les transporter au dehors par le passage de la lampisterie, mais il était nécessaire d'avancer avec de grandes précautions à cause du mauvais air et du mauvais état du passage de la lampisterie à sa partie inférieure. En effet depuis la plaque de la couche Saint-Henry, à l'entrée du travers banc et sur une longueur de .7 à 8 mètres, le chemin avait été emporté et remplacé par une flaque d'eau dont on ignorait la profondeur. Les bois avaient été entraînés, et à cause du grand vide qui s'était formé, des blocs de rocher menaçaient de toute part. Le poste de Maury et Brun et de leurs camarades, Clément, Olivier, Terme et Trossevin, ouvriers de la compagnie des forges, réclamaient l'honneur d'aller délivrer ceux dont ils avaient eu le bonheur d'entendre les premiers l'appel. Je les fis descendre sous la conduite de M. Mérieux et du maître mineur Trouvé ; et je les fis suivre d'un poste de

boiseurs pour assurer la retraite, tandis que nous installions rapidement dans la descente les ventilateurs et les tuyaux nécessaires pour lancer de l'air et entretenir la combustion des lampes sans lesquelles il était impossible d'avancer. Arrivés au bord du trou qui les séparait du tra-

vers banc, les hommes purent causer avec deux des prisonniers qui se trouvaient à l'entrée de la galerie sud de la couche n° 1. Un troisième était resté en arrière. Le maître mineur Trouvé attaché solidement à une corde descendit dans l'eau qu'il traversa hardiment, et s'approcha des deux hommes nommés Privat et Hours, qui se cramponnaient à lui le priant de les faire sortir ; il les rassura et les couvrit de ses vêtements ; pendant ce temps un passage provisoire était établi ; des boiseurs consolidaient les parties les plus urgentes et tous les objets nécessaires arrivaient. Privat et

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