Annales des Mines (1863, série 6, volume 3) [Image 203]

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Des granites, des syénites, des diorites, des schistes micacés, terreux ou porphyroïdes, avec calcaire cristallin, des

marnes, des grès tertiaires, en couches peu étendues et relevées au pied de la montagne, puis de vastes amas détritiques de la période diluvienne, étendus en nappes épaisses sur les roches précédentes, et par-dessus tous ces terrains des coulées de basalte et des dépôts de tufs et de conglomérats.

Pt

DE L'OR EN CALIFORNIE.

DU GISEMENT ET DE L'EXPLOITATION

La position relative de ces divers terrains est indiquée par la fig. 3, Pl. IX , qui donne une coupe idéale de la Nevada, passant par Knight's Ferry et Columbia. Cette coupe fait voir que prise en masse, la Sierra-Nevada se compose de deux moitiés, l'une supérieure formée de roches cristallines, l'autre inférieure formée de divers terrains d'origine sédimentaire. Cette structure générale est constante tout le long de la chaîne, la ligne de division des terrains éruptifs et des terrains sédimentaires restant toujours à mi-côte parallèle à la ligne de faîte de la Sierra. Roches cristallines. - La roche qui constitue le massif cen-

tral de la zone cristalline, celle que l'on trouve sur les pics les plus élevés, est composée de feldspath, de quartz et de mica ; cette roche est donc un granite, mais elle se distingue des granites ordinaires par des caractères essentiels. Le quartz est en général fort peu abondant, quelquefois même on peut difficilement affirmer sa présence. Lorsqu'il existe, il est hyalin uniformément distribué dans la roche dont il semble empâter les autres éléments. Le feldspath est d'une seule espèce ; il est blanc et vitreux, ne présente qu'un seul clivage facile dont l'éclat est vif et nacré, clivage toujours très-développé, ce qui donne aux nodules feldspathiques une cassure lamelleuse très-prononcée. Il est inattaquable aux acides, fusible en émail blanc, et présente sur ses cristaux un peu développés des stries fines et serrées, tous caractères de l'oligoclase. Le mica est noir brillant, nettement cristallisé et fusible

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en émail noir. A côté du mica on trouve des grains cristal-

lins de fer oxydulé titanifère et des cristaux de sphène d'un vif éclat, couleur jaune de miel. Le fer oxydulé est fort abondant, aussi la roche est-elle fortement magnétique.

Ce granite de la Névada californienne diffère donc des granites ordinaires par une composition éminemment basique; on tiendrait compte de ses principaux caractères en

le distinguant par le nom de granite magnétique à base d'oligoclase. On trouve ce granite conservant sa composition

à peu près constante sur toute l'étendue de la chaîne ; vers le sud cependant la roche devient amphibolique ; le mica est alors aussi moins brillant et de couleur grisâtre. Quelquefois encore la roche présente des noyaux à contours

indécis où se sont concentrés le fer oxydulé et le sphène. On trouve aussi des veines d'épidote, des filons plus ou moins étendus de feldspath enclavés dans la roche, et des nodules de quartz avec pyrite de fer blende et galène. Mais ces accidents de composition sont fort rares, et n'altèrent pas l'homogénéité générale du massif central de la chaîne. Cette constance de composition de la roche éruptive suivant la ligne de faîte du soulèvement, ne se retrouve plus le long de la ligne qui sépare les terrains cristallins

des terrains sédimentaires. On trouve alors un grand nombre d'autres roches dont les principales sont : les syénites, les diorites et les porphyres feldspathiques, Les syénites de même que les granites sont magnétiques et à base d'oligoclase, elles contiennent indifféremment du mica, de l'hornblende et de l'amphibole verte ; elles passent d'ailleurs au granite par une sorte de gradation continue et je n'ai rien vu qui puisse faire considérer ces deux roches comme le produit de deux soulèvements distincts. Les diorites au contraire ont été amenées au jour par une

éruption distincte, postérieure à celle des granites. Les premières roches s'éloignent en effet des secondes par TOMEIII, 1865.