Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 263]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1861.

suivant leur nature, qui peut être caillouteuse, argileuse, sableuse, humifère, etc. L'absence ou la présence du carbonate de chaux a en suite servi à grouper les espèces en sous-genres. Ces considérations sont spécialement appliquées par M. Sc. G ras au département de Vaucluse, et voici les divisions principales qu'il y établit entre les terrains agricoles: Sol végétal autochthone.

Sol végétal indépendant.

Sous-sol de calcaire compacte et sol fragmentaire; Sous-sol marno-calcaire et sol argilo-fragmentaire; 30 Sous-sol de grès calcarifère et sol argilo-fragmentaire ; 4. Sous-sol de grès calcarifère et sol fragmentaire. io Terrains alluviens; 2. Terrains de transport ancien à sous-sol de cailloux roulés. Quand il est calcarifère, il est tantôt marno-sableux, tantôt caillouteux. Quand il est siliceux, il est généralement sablo-caillouteux; 3° Terrain à sous-sol de calcaire compacte et à sol argileux.

Terre végétale provenant d'un sous-sol granitique et substances contenues dans ses eaux courantes. M. Albert Le Play (i) a fait des recherches intéressantes sur la composition de la terre végétale et des eaux courantes aux environs de Limoges. La roche solide qu'on rencontre près de Limoges en pénétrant dans le sous-sol est

un gneiss contenant deux feldspaths et de la pyrite de fer. 11 est recouvert par un terrain meuble qui peut avoir plusieurs mètres d'épaisseur et qui résulte de la décomposition du gneiss, laquelle s'opère de la même manière que dans les roches feldspathiques.

Quoique le gneiss ne contienne pas de carbonate de chaux, M. Alb. Le Play a constaté qu'il y en a dans le terrain meuble qui se trouve sous la terre végétale. La chaux qui lui correspond est environ de 0,0014, Quant à sa présence, elle s'explique par la décomposition du feldspath anorthose du gneiss sous l'influence d'eaux pluviales aiguisées d'acide carbonique qui s'infiltrent à la partie supérieure du terrain meuble. Dans la terre végétale ellemême, il n'y a qu'une proportion insensible de carbonate de chaux ; ce qui tient à ce que ce corps est dissous par les eaux météoriques ou bien absorbé par les végétaux. Examinant les eaux qui coulent

à la surface du sol, M. A. Le Play y a trouvé de l'acide sulfurique, provenant sans aucun doute de l'oxydation de la pyrite du gneiss ;, de plus, il y a constaté la présence d'une quantité notable de chlore. Ce résultat ne peut être attribué qu'à de petites (i) Camp, rend., 1861; L'II, 1054.

PHÉNOMÈNES ACTUELS.

449 quantités de chlorures existant dans les roches baignées par les eaux analysées; et M. C. Sorby a reconnu, en effet, qu'il existe des chlorures alcalins dans les cavités microscopiques des quartz qui composent les roches granitiques. Comme le remarque M. A. Le Play, le gneiss, quand il est à l'état normal, ne contient pas de substances minérales que les plantes puissent facilement assimiler; mais dès qu'il est décomposé il fournit aux plantes et même aux eaux pluviales, la silice, la potasse, la soude, la chaux, la magnésie, c'est-à-dire la majeure partie des substances minérales nécessaires à la végétation.

Influence du sol sur la végétation. On n'est pas encore parfaitement d'accord sur l'influence que la composition minéralogique d'une terre végétale exerce sur les végétaux qui s'y développent naturellement ; toutefois cette influence est incontestable.

Les travaux importants de MM. Thurmann, Lecoq, de Caumont, de Candolle ne laissent pas de doute à cet égard et, dans ces derniers temps, diverses observations sont venues les

confirmer.

Ainsi, M. A. Le Jolis (i) , qui s'est occupé de la géographie botanique des environs de Cherbourg, a constasé que la flore y est presque entièrement privée de plantes calcophiles ; on y trouve au contraire : digitalis purpurea, pteris aquilina, castanea vulgaris, ulex, carum verticillatum, etc. Il est d'ailleurs facile de s'en rendre compte; car le sol se compose de schistes, de quartzites, de granites; par conséquent il est essentiellement siliceux. M. E. Ravin (u) distingue quatre régions pour les plantes qui croissent naturellement dans le département de l'Yonne. La première, qui est granitique, a des eaux abondantes et comprend des montagnes couvertes de bois; la deuxième recouvre le terrain jurassique et la troisième le terrain crétacé. Comme il est facile de le comprendre, ces deux dernières régions ont beaucoup de ressemblance; leur soi est très-perméable et il est peu boisé. Leurs plaines sont découvertes et sous l'influence du soleil elles s'échauffentplus

que partout ailleurs, en sorte que la végétation y est riche et variée. La quatrième région est sableuse avec sous- sol argileux ; elle comprend les étangs, les marécages et les tourbières. Les parties (i) lierne des Sociétés savantes, 1862, 125. Mémoire de la Société impériale dem sciences naturelles de Cherbourg, VIL (2) Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, XIV, 39; 1660.

TOME II, 1862.

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