Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 233]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

444

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ESTAUNIÉ.

rempli sa tâche, et laissait à son successeur une place honorée. Ses nombreux amis le voyaient à. regret s'éloigner. Tous faisaient des voeux pour son bonheur ; tous présageaient pour lui une brillante destinée. Son union avec une personne qu'il aimait sembla à, ce moment un premier accomplissement de ces voeux et de ces présages , et tout souriait à notre camarade en prenant possession de ce service de Saint-Étienne dont il était chargé sur sa demande. .Estaunié était digne de son bonheur, non-seulement par son activité au travail et sa belle intelligence, mais aussi par ses qualités morales. Quel amour et quel dévouement pour les siens! Quelle amitié sûre et tendre! Quelle élévation de sentiments! Il avait conservé intactes les traditions pieuses de sa famille, et rien n'avait atteint la pureté de coeur et la fraîcheur de sentiments de ses jeunes années. La sérénité de sa croyance et sa générosité native éclataient dans la délicate tolérance qu'il pratiquait antour de lui, au point d'avoir des amis de croyances bien diverses et de les aimer également.

Par tous les traits de sa vie, on reconnaît une nature d'élite, et il en a laissé la vive et dnrable impression à tous ceux qui ont eu le bonheur de le connaître dans l'intimité. Dans le court séjour qu'il a fait à sai nt-Éti.enne , il a déployé les mêmes talents que dans son précédent service ; mais c'est à peine si on eut le temps de l'apprécier. Le i5 novembre, Estaunié alla visiter les travaux souterrains du puits Saint-Joseph de la Béraudière , après avoir déjà fait de nombreuses et pénibles visites les jours précédents. Il eut à descendre

et à remonter une fendue étroite, tortueuse, humide, de 'Go à

170 mètres de, développement. Dans l'après-midi, il 'éprouva une

grande lassitude qui n'avait d'abord rien d'inquiétant, mais qui, sous l'influence de l'épidémie alors régnante, dégénéra au bout de cinq jours en une fièvre muqueuse. Il succomba à cette maladie le h janvier '862. âgé de trente et un ans. Ce fut dans toute la ville une pénible surprise quand se répandit cette triste nouvelle. Le lendemain, à la cérémonie funèbre assistaient les autorités supérieures, les principaux fonctionnaires, tous les directeurs et ingénieurs des industries houillères et métallurgiques. Cette unanimité exprimait bien l'estime et la sympathie déjà acquises à notre

regretté camarade, le sentiment profond d'un si grand malheur, et le deuil universel des coeurs. La fin d'Estaunié a été le digne couronnement d'une vie consacrée au travail et à l'accomplissement du devoir. A ce titre, sa mémoire doit être conservée dans nos annales après les noms plus illustres qui y sont inscrits. Il a cherché à suivre leurs exemples pendant le peu de jours qu'il a vécu.

TRAITEMENT DE LA C. ALE,E, ETC.

445

NOTICE SU R

LES USINES A PLOMB DE PONTESFORD, PRÈS SFIREWSBURY (SHROPSHIRE).

Traitement de la ga:ette ma four gallois. Par M. L. MOISSENET, ingénieur des mines.

But de cette notice.- La métallurgie du plomb constitue Une des branches les plus importantes de l'industrie miné-

rale de l'Angleteue. Parmi les méthodes appliquées à la fonte des minerais de plomb, celle dite galloise, qui est suivie dans les grandes usines des environs d'ilolywell (Flintshire) occupe le premier rang. En dehors de ces vastes

établissements, le four gallois est en usage dans diverses localités, entre autres à Pontesford, près Shrewsbury. Ayant eu l'occasion de visiter plusieurs usines du Flintshire, et récemment (*) celles beaucoup plus petites de Pontesford , il m'a paru utile de donner une description

succincte de ces dernières. Par leur consistance restreinte comme par le prix du combustible, elles se rapprochent davantage des conditions dans lesquelles on peut se trouver placé sur divers points de la France.

Toutefois, je dois signaler dès à présent une des la-. curies que l'on rencontrera dans cette notice. Les compagnies sont propriétaires à la fois des mines et des usines, et n'achètent que rarement de petits lots de minerais provenant de travaux de recherches ; elles négligent de faire l'essai des minerais et des produits divers, crasses

scories, fumées. Il leur est donc impossible de se rendre

compte de la perte en métal, dont l'estimation est si (*) En septembre '860.

Tom I, 1862.