Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 147]

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FUSION DE L'ACIER

AU FOUR A RÉVERBÈRE.

venant exclusivement de limes refondues, présentait une mauvaise qualité intrinsèque due, non au mode de fusion, mais à la cause que nous avons déjà signalée, et qui nous était encore inconnue. L'essai de forgeage de ce petit lingot eut lieu devant MM. le colonel Treuille de Beaulieu, le capitaine Caron et Sainte-Claire Deville. Il en avait été de même du forgeage du gros lingot n° 2. Ces messieurs, parmi lesquels M. le capitaine Caron surtout avait une grande con-

naissance du travail de l'acier, reconnurent qu'avec les moyens imparfaits dont nous disposions, il était impossible d'étirer convenablement des lingots, et que des aciers de la meilleure qualite pourraient tomber en morceaux sous des pilons et des laminoirs où rien n'était convenablement agencé pour ce genre de travail. Nous fîmes plus tard marteler au pilon de 5. 000 kil, petit lingot d'essai provenant de la 40 fusion. Bien que ce lingot eût été cassé par le retrait dans la lingotière, comme nous l'avons indiqué précédemment, il se laissa forger beaucoup mieux que le précédent, et l'on put en étirer une barre sans criques ni pailles. Un fragment du lingot fut en outre passé au laminoir et résista bien à cette opération. Les barres offrirent àla cassure Ull très-beau grain. Il fut évident pour nous que cet acier provenant d'un mélange de moitié limes et moitié acier puddlé était beaucoup meilleur à chaud et

plus facilement forgeable que celui de la fusion n°

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provenant de limes seules ; comme nous l'avions soupçonné, et comme cela nous fut confirmé et expliqué

par la suite, la nature rouveraine de l'acier des fusions n" 2 et 5 tenait à la matière employée. C'est un point sur lequel les résultats subséquents, obtenus avec de l'acier

puddlé seul, ne laissent plus aucun doute. Nous fîmes casser la partie cylindrique supérieure ou goulot du gros lingot n° 4 correspondant au précédent essai. La cassure présenta un grain bleuâtre, régulier, paraissant dénoter un acier assez doux. Elle offrait en outre

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un certain nombre de bulles, pas plus cependant que les lingots fondus au creuset. C'est du reste au sommet de la partie conique du lingot, lieu où la cassure fut opérée, que les bulles avaient dû s'accumuler de préférence. Le fragment cylindrique pesant environ 6o kil, fut buriné le mieux possible et forgé sous le pilon n° 5, de 5. 000 kil. Il résista bien au forgeage quoique tourmenté et écrasé plutôt qu'étiré, par suite de la forme vicieuse de l'enclume et de la panne, et on en fit une grosse barre carrée avec angles abattus, de or', o de côté. Cette barre cassée au

pilon offrit un grain régulier, mais un peu plat et sans arrachements. De plus, elle était traversée longitudinalement par une grande paille provenant de ce que cette partie du

lingot avait, comme nous l'avons dit, été touchée à la coulée.

Bien que l'acier de cette fusion n° 4 se fût convenable-

ment étiré sous le pilon, et qu'il présentât une grande résistance à froid, néanmoins sa qualité à chaud laissait à désirer. En effet, des morceaux de la barre provenant du petit lingot d'essai furent envoyés au dépôt de l'artillerie et soumis à diverses épreuves. On constata que cet acier s'étirait difficilement en petits échantillons, et qu'il criquait et se brisait quand on le tourmentait sur la bigorne de l'enclume avec la panne ronde du marteau. La nature rouveraine de cet acier provenait des limes, dont le vice

intrinsèque apu être atténué, mais non cotnplétement effacé, par le mélange d'une partie égale d'acier puddlé. Pour terminer l'étude des lingots de ces fusions, nous indiquerons le retrait qu'ils ont pris par la solidification et le refroidissement. La lingotière avait à froid un diamètre de o"',559, qui devenait au moins om,56o lorsqu'elle était chauffée pour la coulée. Le lingot n° 3 mm présente froid un diamètre de om,352, et le lingot n° om,553. Mais ce dernier avait éprouvé une gerçure longitudinale, et il est probable que le retrait aurait été le même qu'au lingot n° 3,