Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 26]

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RAPPORT AU MINISTRE

machines à petite vitesse, dont les mécaniciens, moins préoccupés que ceux des trains rapides, ont plus de temps à donner à la conduite du feu. Quant à la fumée, quoique la grande longueur de la grille soit par elle-même propre

à l'atténuer, cela ne suffit pas, tant s'en faut, avec les houilles vraiment fumeuses, ainsi que je m'en suis assuré moi-même.

Essai sur le chemin d'Orléans. - La machine l'ami du chemin de l'Etat Belge, a fonctionné à titre d'essai sur les chemins du Nord et d'Orléans. J'ai fait sur cette machine, un voyage de Paris à Orléans, un jour où on essayait du menu, ou plutôt du tout-venant d'Aubin. La fumée était trèsabondante, à la suite de chaque chargement. Il est vrai que le mécanicien belge, qui avait accompagné sa machine, et qui la conduisait, se souciait fort peu qu'elle fumât. Au lieu de charger le charbon près de la porte, et de le pousser peu

à peu avec le ringard, il le faisait répartir immédiatement sur la grille en le lançant avec la 'pelle, presque jusqu'au fond, faisant ainsi tout ce qu'il faut pour fumer. Nul doute que le foyer Belpaire, conduit d'ailleurs avec les précautions nécessaires, ne soit assez fumivore avec les houilles peu fumeuses, pour qu'on ne puisse opposer alors la fumée à une solution satisfaisante d'ailleurs, Mais seulement pour certains menus. Dans les essais faits en Belgique, le charbon maigre des charbonnages de la Basse-Sambre a donné des résultats très-médiocres.

Le mâchefer obstruait la grille, et la conduite était extrêmement difficile. il s'agissait' cependant- d'un menu criblé et lavé. Le demigras s'est au contraire fort bien comporté ; par contre, les ingénieurs du chemin du Nord déclarent que les essais faits sur cette ligne ont été concluants pour l'emploi des charbons menus et <, maigres. » Il est donc probable que cette dernière expression s'appliquait dans les deux cas à des états réellement très-différents ; d'ailleurs la difficulté résultait, dans le premier cas, non-seulement de la nature du charbon lui-même, mais aussi de celle du résidu de la combustion.

SUR L'EMPLOI DE LA HOUILLE DANS LES LOCOMOTIVES.

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Ce point a, dans certains districts houillers, une telle importance, il se rattache si étroitement au sujet de ce rapport, qu'on me saura

gré de résumer ici les observations que veut bien me communiquer un ingénieur très-compétent, M. Van Merde, directeur des chemins de fer de l'Est-Belge. Membre de la commission chargée

d'examiner la machine de M. Belpaire, M. Van Ilôgârde s'est livre pendant plus d'un an, d'abord en cette qualité, et ensuite comme fortement intéressé dans la question par sa position même, à des expériences nombreuses et concluantes sur l'emploi des menus. C'est surtout le charbon maigre que M. Belpaire avait d'abord en vue, par suite de son bas prix, qui n'excède pas, en général, sur les fosses belges, 5',50 à û francs. Mais la grande proportion de poussier que contient ce combustible exige impérieusement des opérations de lavage et de criblage, opérations coûteuses, qui ne livreraient, en définitive, aux machines que des fines braisettes, et encombreraient les charbonnages d'un poussier presque. sans valeur, o',75 à peine; dans de telles conditions, les avantages qu'on recherche, c'est-à-

dire l'économie, la facilité et la sûreté des approvisionnements, auraient bientôt disparu. La question, c'est de brûler le menu tel qu'il est, sans manipulation, sans élimination, sans déchet; c'est de brûler le poussier avec la braisette.

Les essais prolongés faits sur les chemins de fer de l'État et de l'EstBelge prouvent qu'il faut renoncer à cet emploi immédiat des menus maigres ; mais, par contre, les charbons demi-gras s'y prêtent parfaitement. c, Sans criblage ni lavage, dit M. Van Iiiigiirde , les résultats sont excellents. Or le demi-gras ne coûte que 6`,5o c( 7 francs, c'est-à-dire moins cher que le menu maigre après en-

« lèvement du poussier. » La conviction de la compagnie de l'Est-Belge est si bien établie, qu'elle a commandé aux établissements de Couillet dix locomotives du système Belpaire, modifiées en vue de l'emploi exclusif du menu demi-gras, dont le bassin de Charleroi produit des quantités trèsconsidérables. La longueur du foyer est réduite de e,LtIt à a mètres, et l'espacement des barreaux porté de om,00Lt à 0'0)05. L'épaisseur de combustible atteindra o". 25 et même o'n,5G. Si l'on peut en effet aller jusque-là, ce sera certainement grâce à la pureté du charbon ;

avec des menus moins purs, cette épaisseur serait à coup sûr exagérée.

Cette disposition de grille, aux dimensions près, appliquée pour essai à trois locomotives ordinaires de l'Est-belge dont les foyers n'ont que i",25 de longueur, a donné des résultats très-satisfaisants; ces machines font un service très-régulier sur une ligne dont les