Annales des Mines (1861, série 5, volume 20) [Image 365]

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694 Ceylan.

REVUE DE GÉOLOGIE

Dans une lettre adressée àM. B e y r i ch, M. de Ri ch t h o f en(i)

donne, d'après ses propres recherches et d'après celles de M. Caley, un aperçu de la géologie de l'île de Ceylan. Tandis que la partie montagneuse de l'île est formée de schistes cristallins, la partie plane présente, au contraire, des dépôts récents. Ce qui domine dans les schistes cristallins, c'est le gneiss qui est remarquable par la présence presque constante de la chaux carbonatée; cette dernière s'y trouve disséminée d'une manière tellement intime que M. de Ri ch th o f en la compare à l'eau qui remplirait une éponge. En outre, le gneiss montre une tendance toute spéciale à la décomposition qui s'opère sur de grandes étendues : les indigènes l'appellent alors cabuk , et les géologues indiens latérite ; c'est d'ailleurs l'une des roches les plus importantes de Ceylan. Dans la péninsule Jaffna, vers le nord, on trouve une roche calcaire, jaunâtre, ressemblant extraordinairement à l'éocène

de l'Asie occidentale; et ce qui paraît le confirmer, c'est qu'au-dessus vient un sable blanc et calcaire renfermant des cérites. Parmi les dépôts récents, il faut signaler des conglomérats, du grès caverneux, surtout des bancs de coraux. On

observe ces coraux non-seulement près de la côte et audessus du niveau des plus hautes marées, mais même jusque

dans la partie plate à l'intérieur de l'île, particulièrement au nord. Il y a aussi du silex, ayant une origine lacustre, et contenant les débris de mollusques terrestres vivant encore maintenant dans l'île. D'après la tradition, l'île de Ceylan aurait alternativement subi des soulèvements et des affaisse. ments, et c'est aussi ce que l'observation géologique vient confirmer dans certaines limites. Il ne paraît pas que, depuis les temps les plus anciens, cette île ait été plongée sous la mer d'une manière permanente ; mais la présence de bancs de coraux dans son intérieur indique bien évidemment qu'elle s'est élevée. D'un autre côté, sa faune et sa flore qui ont les plus grands rapports avec celles de l'Inde méridionale portent à croire qu'elle lui était d'abord réunie. A une certaine période, elle a dû subir un affaissement. Toutes les observations montrent d'ailleurs, que dans la période actuelle, elle éprouve au contraire un soulèvement. (1) Zeit. d. d. geai. Ces., XII, 52

POUR L'ANNÉE 1860.

695 M. le docteur F. Jungh u h n ( e) a publié une carte géologique de l'île de Java, sur laquelle sont figurés les volcans avec l'indication de leurs éruptions et de leurs principales coulées

Java.

de laves.

M. F. de Rich th o f en (2) a donné une description de la côte nord de l'île Formose, dans la mer de Chine. Vers l'intérieur de l'île, il existe des roches anciennes et du trachyte;

Formose.

mais près de la côte il n'y a guère que du trachyte avec les conglomérats et les turfs stratifiés qui l'accompagnent si fré-

quemment. Près du port de l'île de Kilung se trouve une exploitation de combustibles qui a déjà été visitée par MM. Joncs et Preb I e. Ces combustibles occupent une grande étendue, sont de bonne qualité, et présentent plusieurs couches exploitables ayant o'n,35 à e mètre de puissance; ils sont intercalés dans un

grès tuffacé, et appartiennent sans doute au terrain tertiaire. Le soufre est l'objet d'un commerce Important dans les ports au nord de Formose, et son gisement était tout à fait inconnu jusque dans ces derniers temps ; mais M. Svinh o e qui a vi-

sité, en i858, les mines dans lesquelles on l'exploite, a donné sur ce sujet des renseignements très- curieux. C'est

dans une vallée qui paraît s'être ouverte par déchirement que

se trouve le soufre. Sur quelques points la vapeur d'eau se

dégage avec un bruit terrible, comme si elle s'échappait d'une machine à haute pression. Dans d'autres endroits le soufre liquide forme de petites mares dans lesquelles il suffit d'aller le puiser pour pouvoir le livrer au commerce. A l'extrémité de la vallée coule d'ailleurs un petit ruisseau boueux qui con tient du soufre à l'état de schlamm. Sur la côte nord de Formose et à Kilung, M. de Rich th o f en signale l'existence de dépôts récents qui indignent un soulèvement lent de la côte. Il en est encore de même aux îles Liu-kiu et Kiu-siu.

M. Clarke (5) a découvert en Australie, dans le Queensland, Auatralie. à une distance de 700 ou 800 milles vers le nord, une forma- Nouvelle-Galles tion qui jusqu'à présent était inconnue dans ce pays. Elle condu Sud. tient des pentacrinites, des belemnites et des dents de poissons Breda, 1355. Zeit. d. d. geol. Ges., XII, 532.

Extrait d'une lettre de M. Clarke à M Delesse.- Saint-Léonhard,

Nouvelle-Galles du Sud, 21 juin 18,3I I.