Annales des Mines (1861, série 5, volume 20) [Image 166]

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PROGRÈS RÉCENTS 296 poser les choses pour les faire avec une grande économie de main-d'oeuvre ; l'essentiel est de placer la recette à un niveau suffisamment élevé, Li ou 5 mètres au moins au-dessus du sol, pour qu'après le culbutage des chariots, les classements de grosseur et les chargements se fassent en quelque sorte d'euxmêmes par l'action de la gravité, qui fera cheminer les matières sur des systèmes de grilles inclinées ou de couloirs superposés. Cela est facile à concevoir et a été en effet résolu de diverses manières. Il faut prendre garde seulement, et c'est un point de vue qu'on a quelquefois eu tort de négliger. de ne pas payer trop cher cette apparente simplification de travail.

Un pareil classement ne se fait jamais sans occasionner un notable déchet sur le gros ; il n'est jamais complet et ne

permet qu'un tirage assez imparfait. Si donc on opère sur des houilles friables et schisteuses, s'il .y a entre le prix du gros et du menu une très-grande diffé-

rence, si l'acheteur est exigeant sur la propreté du charbon qui lui est livré, il est fort possible qu'il y ait avantage réel à ne pas employer ces moyens expéditifs de classement et de chargement, et à prodiguer à dessein, en quelque sorte, la main-d'oeuvre, pour obtenir un meilleur travail. Dans un bassin houiller où la concurrence entre les producteurs sera très-développée, on ne devra pas perdre de vue ces considérations ; et il conviendra d'être très-circonspect dans l'introduction de procédés qui peuvent avoir pour conséquence une dépréciation des produits supérieure à l'économie réalisée sur la main-d'oeuvre. Ce qui précède se rapporte auX dispositions qui sont le plus

généralement en usage aujourd'hui; on doit reconnaître que ces dispositions constituent un ensemble satisfaisant, qui répond très-bien aux principales conditions à remplir, du moins tant que l'exploitation des mines n'aura pas à être portée à des profondeurs beaucoup plus grandes qu'aujourd'hui. On peut dire qu'avec un puits ainsi installé, les moyens d'extraction seront généralement au moins égaux à la puissance de production du champ d'exploitation. Il n'est pas douteux d'ailleurs que le système d'extraction par câbles ne doive être préféré aux appareils mécaniques plus ou moins complexes proposés jusqu'à ce jour, tels que la machine Méhu, qui a cessé de fonctionner tant aux mines d'Anzin

DE L'EXPLOITATION DES MINES.

297 où elle a été d'abord placée, qu'aux mines de Ronchamp qui en a eu deux en activité à la fois. Ne considérant donc que l'emploi des câbles, j'ajouterai seulement quelques mots sur diverses modifications qui ont été

récemment appliquées ou proposées, en vue de remplir certaines conditions particulières i° L'expérience indique que des deux câbles plats en service

sur un puits, celui dent l'enroulement sur la bobine se fait par-dessous a la moindre durée. Cela s'explique par l'excès de fatigue résultant de ce que chaque élément du câble est obligé de se plier successivement dans un sens au passage sur la mo-

lette, et en scies contraire à l'enroulement sur la bobine. M. Colson a proposé un système de machine :d'extraction qui fait disparaître cet inconvénient. La disposition est exactement celle qu'applique le même ingénieur pour faire mouvoir le ventilateur Fabry. Les deux roues à ailes du ventilateur deviennent ici les deux bobines qui se trouvent ainsi tourner en sens contraire l'une de l'autre. Les câbles passent l'un et l'autre audessus de leurs bobines ; l'un d'eux s'enroule quand l'autre se dé-

roule, et pour chacun d'eux le sens de la flexion est le même tant sur la molette que sur la bobine. 11 est bon de remarquer qu'un résultat semblable pourra être obtenu lorsqu'on le jugera utile, quelle que soit la disposition du moteur, en établissant un arbre spécial pour chaque bobine; l'un des arbres sera attaqué directement par les bielles de la machine et commandera l'autre au moyen d'un système de deux roues dentées d'égal diamètre. Il est d'ailleurs douteux que le résultat à obtenir vaille la peine de compliquer ainsi la machine d'extraction. ° M. onillacq, habile constructeur de Valenciennes, a cherché à simplifier la construction des charpentes qui portent les molettes, ou même à supprimer entièrement celles- ci par diverses dispositions sur le mérite desquelles l'expérience n'a pas encore prononcé. 3° M. Lemielle, ingénieur civil à Valenciennes, s'est préoccupé de l'inconvénient qui résulte pour les puits très-profonds

de l'irrégularité dans la résistance à vaincre pendant l'élévation d'une cage, et il a proposé pour y remédier l'emploi d'un câble unique fonctionnant comme chaîne sans fin. Ce câble jouit évidemment de la propriété d'être constamment en équilibre ; de sorte que la résistance est à chaque instant