Annales des Mines (1861, série 5, volume 20) [Image 149]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

262

ÉTAT PRÉSENT DE LA METALLURGIE DU FER

en 1845-1846, c'est-à-dire, coïncidence digne d'intérêt, au moment même où la ligue pour la liberté de com-

merce, sertie des ateliers de Manchester eu 1858 et rapidement grandie dans l'opinion publique, parvenait jusque sur les bancs du parlement britannique et allait définitivement triompher par le concours décisif de Sir Robert Peel. 40 A cette révolution économique correspond une modification importante dans l'allure industrielle des fonderies écossaises. Condamnées, dès cette époque, à des prix de vente inférieurs, elles cherchent dans l'ac-

croissement de la production et dans l'élasticité du marché, une compensation à la baisse de leurs bénéfices. C'est à cette date, en effet, que commencent les progrès les plus rapides de la production journalière des hauts fourneaux progrès qui aboutissent à une production totale, double en 1859 de ce qu'elle était en 1845 et quintuple de celle de 185o à 184o. Les nombres de hauts fourneaux de ces trois époques sont

loin de suivre la même progression, car ils restent entre eux comme 1,35 : : o,66. Les fondeurs ont-ils trouvé dans l'accroissement de production une compensation parfaite de la baisse des prix? Il serait inexact de l'affirmer absolument ; mais il est aisé de voir que cette modification leur a procuré des avantages qui ne sont pas sans importance. Et d'abord, nous avons montré ci-dessus que malgré

l'augmentation du prix des matières premières, les fortes productions journalières avaient permis de maintenir jusqu'ici les prix de revient à très-peu près constants, pour les mêmes taux de salaires. D'un autre côté, si, dans la période de 1845 à1859, les prix de vente ont toujours été inférieurs à ceux de 185o à i84o, ils se sont pourtant relevés assez haut,

EN ANGLETERRE.

265

à certains moments, pour permettre, par chaque haut fourneau, un bénéfice très-comparable à celui des anciens temps. Il suffit pour s'en convaincre, de comparer le revient de 3 liv., en 1854, au prix de vente de

la même année, c'est-à-dire à 3 liv. 19 sh. Un haut fourneau produisant alors 6 à 7.000 tonnes à 19 sh. de bénéfice par tonne, réalisait un grain annuel de 6. 000 liv. sterl Or, avec un écart de 2 liv. à 2 liv. 10 entre les prix de revient et de vente, un haut fourneau de la période 1850-184o, qui ne produisait, au maximum. que 5. 000 tonnes, n'obtenait de bénéfice annuel que 6.000 à 7.5oo liv. On voit donc combien les résultats définitifs se rapprochent, dans des circonstances commerciales d'ailleurs comparables.

Il est vrai que les prix de 'vente n'ont atteint le chiffre de 3 liv. 19 sh. qu'une fois depuis 1845. Ils se

sont tenus bien plus généralement entre 5 liv. 5 et 5 liv. Mais si l'on se rappelle ce que nous avons dit des

variations du taux des salaires, on remarquera aussi que les prix de revient se sont généralement tenus au. dessous du chiffre de 1854 (3 liv.).

Cependant, même en tenant compte de ces variations, si l'on se borne à la simple comparaison des prix de revient et de vente d'une même année, preon arrive à la conclusion que les usines les plus favorablement situées ne réalisent qu'un bénéfice de 1, 2 ou 3 sh. par tonne, c'està-dire que, malgré les fortes productions, elles seraient aussi voisines de la perte que du gain. nons, pour exemple 1859,

C'est là, en effet, ce qu'on voit d'abord. Mais là aussi

il y a ce qu'on ne voit pas, sans un examen plus approfondi des documents qui précèdent.

En étudiant d'un peu plus près les chiffres de la production de 1845 à 1859, on est frappé des écarts