Annales des Mines (1861, série 5, volume 19) [Image 182]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

354

EMPLOI DES TÔLES D'ACIER FONDU.

provisoire, qui pourra être, au besoin, l'objet d'une révision prochaine.

Tels sont les motifs qui déterminent la commission à ne pas ajourner davantage la présentation de son rapport, et à renoncer à appuyer ses conclusions sur des documents plus complets.

Elle ne pouvait, toutefois, se dispenser de rechercher les observations qui avaient pu être faites, hors de France, sur la question dont elle était saisie.

État de la question : 1" en Allemagne;

Cette question n'est pas avancée en Allemagne. L'a-

cier fondu, si répandu, en Prusse surtout, dans la construction des machines, l'est beaucoup moins sous forme de tôle. Une circulaire du ministre de l'industrie, du commerce et des travaux publics, en date du 11 octobre 1859, déclare qu'on ne peut, à défaut d'expériences suffisantes, fixer les épaisseurs à donner aux tôles d'acier fondu employées dans la construction des chaudières à vapeur. Le ministre ajoute que les essais d'où l'on a conclu la possibilité d'une réduction de 5o p. ioo environ ne tiennent pas compte d'une influence inconnue : celle du feu. Il se borne à laisser provisoirement aux agents chargés de la surveillance le

soin d'apprécier dans chaque cas si les épaisseurs paraissent suffisantes, et à prescrire de soumettre les chaudières en acier aux mêmes épreuves que les chaudières en fer.

l'

20 en Angleterre.

1

L'industrie métallurgique et l'emploi de la vapeur sont trop développés en Angleterre pour que les avantages de l'application de la tôle d'acier n'aient pas frappé les ingénieurs et les constructeurs. L'élévation

toujours croissante des pressions admises dans les chaudières, celles des locomotives surtout, et les inconvénients de natures diverses qu'entraîne alors la grande

RAPPORT AU MINISTRE.

535

épaisseur des tôles de fer pour les générateurs de grand diamètre, donne en ce moment à la question un intérêt plus pressant encore. D'après M. D. K. Clark, auteur d'un ouvrage récemment publié ( ) , on fait à Sheffield des tôles d'acier fondu

pour chaudières, supportant en moyenne 67 kil, par millimètre quarré, tandis que les tôles de fer tout à fait supérieures du Yorkshire se rompent sous une charge de 591,40 et celles du Staffordshire sous une charge de

51',50 Il ne paraît pas, malheureusement, qu'on ait constaté l'allongement de rupture qui correspond au chiffre de 67 kil. Il importerait de savoir si cette résistance considérable n'est pas obtenue aux dépens de la ductilité. Quoi qu'il en soit, l'auteur, fort compétent en cette matière, exprime l'opinion la plus favorable sur l'application du nouveau métal à la construction des chaudières. D'après d'autres renseignements publiés en 1858 par

le Nining Journal, la tôle d'acier puddlé a été employée également avec succès. Un bateau à vapeur destiné à une exploration du Niger, et dont le poids devait être réduit au minimum strictement nécessaire,

a toute sa coque et ses chaudières en tôle d'acier puddlé. On a admis que toutes les épaisseurs pouvaient être réduites de moitié, « le métal ayant une résistance double de celle des meilleures tôles de fer. » Cette assertion ne paraît pas, toutefois, appuyée sur des expériences positives, celles que l'on cite ayant été faites sur des barres d'acier martelé. Sous cette forme l'acier puddlé aurait présenté une résistance supérieure encore

à celle de l'acier fondu. Nous ne citons, du reste, ces faits que pour mémoire. L'acier puddlé est jusqu'à pré(e) Recent practice in the locomotive engine. Londres, 1860.