Annales des Mines (1861, série 5, volume 19) [Image 98]

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EN ANGLETERRE.

166 Situation économique actuelle des forges.

ÉTAT PRÉSENT DE LA MÉTALLURGIE DU FEB.

Depuis i858, les prix de vente ont été fort peu rémunérateurs en Angleterre ; et lorsqu'on les compare aux prix de revient que nous donnerons spécialement bon pour chacun des districts, il semble même que nombre de forges ont dû fabriquer à perte. Pour quelparfaiques établissements, la conclusion est en effet tement vraie, et la fermeture de plusieurs d'entre eux en est la meilleure preuve. Mais, d'un autre côté, la plupart des grandes usines du pays de Galles, du Cleveland et de l'Écosse profitent de divers produits indirects les péou accessoires qui leur permettent de supporter longtemps avec des prix riodes de crise et de marcher de revient, sinon supérieurs, au moins équivalant aux prix de vente. Tels sont spécialement les bénéfices que procurent la houille et la location des maisons d'ouvriers.

On a vu, en effet, que plusieurs forges, possédant des houillères, vendent une partie du charbon extrait. On consomme à l'usine un mélange de menu et de demi-gros, tandis qu'on exporte la majeure partie du véritable gros ; ainsi font, dans le pays de Galles, les établissements d'Ebbw-Vale , Aberdare, etc., dont les produits houillers, recherchés par la marine et les chemins de fer, s'embarquent à Newport et à Cardiff. Les

bénéfices fournis par le charbon viennent donc en aide au commerce du fer, lorsque le prix de vente de ce dernier descend jusqu'au niveau du prix de revient. Au reste, cet état de choses n'est pas spécial à l'Angleterre. Les usines de Belgique, et plus spécialement celles de Charleroi, sont dans le même cas. On expédie à Paris le gros charbon, et on cède le menu à vil prix aux forges du pays. En France même, plusieurs éta-

et blissements profitent de conditions analogues, forges au bois d'ailleurs, qui ne sait que beaucoup de

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étaient à l'origine, ou sont encore maintenant, dans une situation tout à fait identique? On fabrique du fer pour mieux vendre ses bois.

La location des maisons d'ouvriers est une autre source de produits dans le pays de Galles. Chaque fa-. mille ouvrière paye en moyenne 5 sh. par semaine, et reçoit en retour, outre l'usage d'un appartement complet, 10 à 12 tonnes de houille par an. C'est 100 sh. par an pour le loyer proprement dit. Pour un maître de forges qui possède I.000 à 1.50o maisons pareilles, c'est un revenu annuel d'au moins ioo. 000 à 15o. 000 francs. Or, en vue de sauvegarder ce revenu et de retenir les ouvriers pour de meilleurs temps, on consent sans peine à marcher même à perte pendant quelque temps.

D'autre part cependant les forges disposent rarement de capitaux assez considérables pour travailler long-

Importance des stocks.

temps sans commandes. On rencontre çà et là des stocks de fonte ; mais presque jamais, au moins dans les usines mêmes, de grands stocks de fer. Ces stocks sont d'ailleurs plutôt aux mains des négociants de Londres,

Liverpool et Glasgow qu'aux mains des maîtres de forges. Nous reviendrons avec quelques détails sur la question de ces stocks, en traitant du mode de ventes des principaux produits. Au moment de notre voyage (juin 1860 ), le stock était d'environ 100.000 tonnes

de fonte dans le Cleveland, de 400. 000 tonnes en Écosse et relativement insignifiant dans le Staffordshire et le pays de Galles. Un stock de 50o. 000 à 600.00o tonnes n'est d'ailleurs nullement exorbitant, puisqu'il équivaut à peine au sixième de la production annuelle du Royaume-Uni. Une circonstance qui influe évidemment d'une façon

très-heureuse sur le développement des entreprises

Abondance

des capitau;,