Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 91]

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'niers savants, éminemment observateurs, étaient sobres d'inductions. Mais Werner alla plus loin ; il

Système de Werner, ou école de Freyberg.

HISTORIQUE.

ÉTUDES ET EXPÉRIENCES SUR LE MÉTAMORPHISME.

chercha à analyser, à classer, à coordonner les faits, à les décrire dans un langage fixe et précis, et donna à la science le nom de géognosie pour l'opposer à la géologie, qui jusqu'alors n'avait guère été qu'un assemblage de conjectures (1). Pour nous reporter aux doctrines qui régnaient quand les idées de métamorphisme ont apparu, nous devons d'abord rappeler les principes fondamentaux du célèbre professeur de Freyberg, notamment ceux qui ont disparu devant les découvertes postérieures. D'après Werner. le granite et les autres roches cristallines sont des dépôts de la mer, tout aussi bien que les roches stratifiées et fossilifères. A une époque recu-

lée, les diverses matières dont dérivent ces terrains ont été soit dissoutes, soit en suspension dans l'océan. C'est de cet océan chaotique que se sont successivement séparés tous les terrains, les uns par voie chimique, les autres par voie mécanique. Cette dernière différence de formation distingue les roches cristallines des roches sédimentaires. D'après ce système, le granite qui compose les cimes les plus élevés du globe et qui, en outre, supporte les terrains régulièrement stratifiés a été formé le plus an-

ciennement, avec le gneiss et les roches schisteuses cristallines qui lui sont souvent associées. Comme on dents locaux. De Saussure déclarait en 1798, après avoir visité

l'Auvergne, qu'il ne pouvait admettre que le basalte ait été formé par le feu ; à plus forte raison repoussait-il cette opinion pour le granite. (i) A l'aide de faits positifs, que Füchsel avait déjà en partie

signalés dès 1762, Werner montra qu'on pouvait établir une sorte de chronologie des événements physiques qui ont concouru à la, structure du globe. ,

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n'y trouve jamais de débris organiques, la formation de ces terrains a dâ précéder l'existence des animaux et des végétaux, ce qui leur a valu le nom de primitifs. Plus tard, la mer diminua de hauteur, en se retirant dans des cavités intérieures du globe (1). Pendant cette seconde période, elle continuait à opérer une précipitation chimique de silicates ; mais, en même temps, elle commença aussi à former des dépôts mécaniques. C'est par ce double procédé chimique et mécanique qu'ont pris naissance les terrains de transition ou intermédiaires qui renferment, en effet, des roches cristallines associées à des roches sédimentaires contenant des fossiles.

Dans une nouvelle période de décroissement des eaux, se sont formés les terrains secondaires dont les montagnes 1,3s plus élevées n'atteignent jamais, supposait-on alors, l'altitude des cimes des terrains plus anciens. Ils sont souvent en couches horizontales, et abondent en débris organiques. Pendant leur consolidation , les terrains ont éprouvé des ruptures d'où sont résultées des cavités de toute dimension : l'eau, en se retirant dans ces cavités, a incrusté, des différentes matières qu'elle tenait en solution, les longues fissures par lesquelles elle y pénétrait, et a donné ainsi naissance aux filons métallifères.

Telle est, d'après Werner, l'origine de tous les terrains qui composent l'écorce du globe, à part toutefois les alluvions, la terre végétale et les produits du feu volcanique, qu'il attribuait à des incendies souterrains de couches de combustibles charbonneux. 11 explique (i) Leibnitz avait déjà chercbé à expliquer la mise à sec des continents par la retraite de l'eau dans les vastes cavités intérieures qu'il attribuait à d'anciennes boursouflures produites lors de la fusion primitive.