Annales des Mines (1857, série 5, volume 12) [Image 345]

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TRAVAUX FAITS

AU LABORAT011tE b'ALGEB. EN 1856.

eaux du Zahrez recueillies au commencement de novembre

gemme, et, par suite, on ne saurait prétendre que le sel contenu dans le Zahrez-Chergui y est apporté par des ruisseaux qui, comme l'Oued-Itialah, ont passé au pied de masses considérables de sel gemme. Ce lac est alimenté par des cours d'eau qui descendent de crêtes rocheuses de la période secondaire et traversent ensuite une plaine quaternaire avant de se rendre dans le lac. Des affluents de même nature vont se jeter

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,855. Elles en diffèrent en ce qu'elles renferment des quantités plus considérables de carbonates terreux. Ces sources, de même que l'eau du Zahrez-Chergui, sont plus que saturées de sulfate de chaux, à cause de leur grande richesse en sel marin qui augmente la solubilité du sulfate de chaux. Elles sont reçues dans des bassins en argile damée où elles se concentrent. lise forme ainsi des croûtes de sel fini sont exploitées par l'intendance militaire pour les besoins des garnisons de Laghouat et de Djelfa.

Eaux r,,,10 CIII.

L'Oued-Malah est une rivière qui prend sa source aux environs de Djelfa et traverse successivement les terrains secon-

daire, tertiaire et quaternaire avant de passer au pied du rocher de sel du Djebel-Sahari. Elle roule auprès du Djebel-Sahari un volume d'eau considérable qui était de n mètre cube environ par seconde le 2 novembre 1855. Cette eau renferme

par kilogramme g,55h de sels divers parmi lesquels dominent les sulfates de chaux et de magnésie. Après avoir dépassé l'îlot formé par le rocher de sel, les eaux de l'Oued-Malah contiennent par litre e,975 de sels divers. Cet accroissement de ma tiè.res salines est dû à une certaine quantité de sulfate de soude et de chlorure de sodium. En amont du rocher, l'eau renferme par kilogramme 0%5601 de chlorure de sodium. En aval, elle en renferme n,5078, c'est-à-dire enviren quatre fois plus. On voit donc que l'action du rocher de sel sur les eaux de l'Oued-Malah est assez sensible. Cependant elle n'est

pas assez forte pour rendre ces eaux impropres à la boisson des animaux domestiques et à l'irrigation. Le débit de l'Oued. Malah est très-considérable en toute saison. On se propose d'utiliser les eaux en aval du rocher de sel au moyen d'un bar. rage pour l'irrigation des plaines quaternaires qui sont comprises entre le Djebel-Sahari et le Zahrez-Kharbi. Cette opéra. tien transformerait sans nul doute l'aspect d'un terrain qui est aujourd'hui sans valeur et ne produit que de maigres pâturages pour les troupeaux de moutons et de chameaux. Les eaux de l'Oued-Malah contribuent à augmenter la quan.

tité de matières salines qui arrivent annuellement dans le Zahrez-Rharbi ; mais on ne doit pas exagérer outre mesure l'importance des matières apportées par l'Oued-Malah, car autour du Zahrez-Chergui, qui est tout aussi salé et plus considé-

rable que le Zahrez-liharbi , on ne connaît aucun gîte

de sel

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dans le Zahrez-Iiharbi et contribuent, comme l'Oued-Malall , à augmenter la salure des eaux de ce lac. Du reste, l'Oued-Malah ne traverse pas le sel gemme lui-même, il passe sur des argiles

gypseuses associées au sel ; et quant aux sources salées sortant des flancs du rocher de sel, elles sont peu abondantes et presque à sec à leur confluent dans l'Oued-Malah. L'Oued-Bad-

jera, qui traverse l'îlot de sel gemme du même nom, roule très-peu d'eau et se perd dans les alluvions bien avant d'arriver dans le lac. Les eaux des affluents des deux Zahrez renferment des chlo-

rures, des sulfates et des carbonates. Elles arrivent dans des bassins fermés où elles sont soumises à l'action des vents et du soleil. Comme elles n'ont qu'une faible épaisseur, l'agitation superficielle se transmet à toute la masse liquide, l'acide carbonique en excès se dégage et les carbonates terreux se déposent. L'évaporation de l'été augmente ensuite la teneur en sul-

fate de chaux au point que ce sel devient insoluble ; il se précipite alors sur le fond du lac. Lorsque les eaux sont suffisamment concentrées, le sel marin se précipite à son tour,

et si l'évaporation peut se prolonger assez longtemps, on a un dernier dépôt où le sulfate de magnésie est très-abondant. Telle est la série des phénomènes qui se passent annuellement dans les Zahrez. Lorsque les pluies de l'automne reviennent , elles redissolvent la couche de sel gemme; les af-

fluents apportent de nouvelles quantités de carbonates terreux et de sulfate de chaux, qui se déposent ensuite au-dessus des couches déjà formées, et le sel marin reste toujours à la surface.

D'après cela, le fond du bassin des deux Zahrez serait formé par un dépôt de sulfate de chaux et de carbonates terreux, et c'est en effet ce que nous avons pu confirmer, ainsi qu'on le verra plus bas par l'analyse de la roche terreuse qui forme le sol du bassin des Zahrez. Si l'alimentation de ces lacs est due uniquement aux affluents