Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 328]

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NOUVEAU MODE DE BOISAGE

dans la fosse Sophie, concession de Vieux-Condé, au

niveau de 74 mètres, où la compagnie d'Anzin fait faire en ce moment l'essai de ce nouveau système de boisage. L'inclinaison de la veine est de 2o° ; son épaisseur om,65 ; le toit est peu solide, et se fissure facilement lorsqu'on le laisse quelque temps sans appui, La taille a 9m,50 de relevée, y compris 1.-,5o pour la voie supérieure, soit 8 mètres de longueur réelle. On place sur cette longueur dix-huit bottes qui sont ainsi espacées d'axe en axe de om,45; les madriers ayant o",na de largeur, il reste d'un bord à l'autre une largeur de toit non soutenue de O",20 seulement. Au commence-

ment de la journée, les dix-huit bottes sont en ligne droite depuis la voie de fond jusqu'au haut de la taille; elles sont placées au milieu de la largeur de la taille; les madriers avancent d'un côté jusqu'au front de taille, et de l'autre pénètrent de ou', Io dans les remblais placés la veille. La tâche des ouvriers est réglée de telle manière que l'avancement en direction doit être de tm,5o dans la journée. A mesure que l'abatage du charbon avance, on met à découvert une largeur de toit de plus en plus grande. Lorsque cette largeur est arrivée â on',75 environ, les ouvriers placent de distance en dis-

tance, pour soutenir le toit, des bois de taille provisoires surmontés de petites pièces de bois destinées répartir la pression. Lorsque, sur un point, l'avancement du travail est arrivé à sa limite de n'",5o, on avance

les madriers qui sont en regard ; un seul ouvrier suffit pour faire cette manoeuvre : il soutient d'abord l'extr&

mité libre du madrier par une fourche en bois, présentant à sa partie supérieure une ouverture en forme de tiroir, dans laquelle celle-ci entre à frottement doux:

puis il desserre l'écrou et fait glisser le madrier de la quantité convenable ; il retire alors la botte et la reporte

ESSAYÉ DANS LES MINES D'ANZIN.

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à, am,5o plus loin, c'est-à-dire encore au milieu de la nouvelle position du madrier ; alors il resserre l'écrou de la vis, de manière à rétablir la pression, il enlève la fourche, et le madrier se trouve ainsi supporter le toit de la veine qui vient d'être mis à découvert. Les ouvriers de la taille ont soin de n'avancer ainsi qu'un

madrier sur deux, et de laisser l'autre dans la position primitive, de sorte qu'à la fin de la joUrnée d'aba-

tage, le toit se trouve encore suffisamment soutenu sur la largeur de 5m,2o qu'il présente. L'après-midi, un autre poste d'ouvriers est chargé de faire les remblais: à mesure qu'ils font ce travail, ils avancent de la même manière les madriers qui sont restés de deux en deux à la position qu'ils occupaient la veille ; la réaction qu'ils exerçaient sur le toit se trouve remplacée par la résistance des blocs de schiste formant le remblai ;

et, le lendemain matin, lorsque les ouvriers mineurs reviennent à leur travail, ils trouvent, comme la veille, toutes les bottes en ligne droite, et les madriers espacés d'axe en axe de om,45 ; seulement tout le système aavancé de v in,5o dans le sens de la direction. On s'est aperçu que pour diminuer leur travail, les remblayeurs desserraient d'abord les écrous des vis, ce qui permettait au toit de suivre ce mouvement et de s'affaisser presque aussitôt de on',20 : ils remblayaient ensuite le vide

laissé, qui avait diminué d'un tiers ; mais cette manière de proééder a le double inconvénient de briser tous les terrains supérieurs, et de laisser non employés

une grande quantité de remblais, qu'il faut ensuite transporter à grands frais dans d'autres parties de la mine; il faut, au contraire, remblayer d'abord jusqu'au toit, et c'est seulement alors qu'un ouvrier chargé spécialement de ce travail doit desserrer les écrous et avancer les madriers.