Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 143]

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DE L'EMPLOI DES PROPRIÉTÉS OPTIQUES

cristaux transparents, le sens de la double réfraction se vérifie facilement, en plaçant horizontalement l'axe d'un de ces cristaux à 45° du plan primitif de polarisation, et cherchant à établir la compensation à l'aide d'une lame prismatique de quartz ; cette compensation ayant lieu lorsque l'axe du quartz est parallèle à l'axe de la pennine, on en conclut que celle-ci est de signe contraire au quartz, ou négative. Lorsqu'on promène une lame de pennine ou qu'on la fait tourner dans son propre plan, les branches de la croix noire paraissent souvent se diviser ; mais cette

division n'a rien de constant, et elle n'est sans doute due, comme Celle des apophyllites , qu'à des irrégularités dans la structure du minéral. La chaleur ne m'a paru produire aucun effet appréciable sur les dislocations des branches de la croix noire. Les analyses de la pennine publiées par MM. Schweitzer, Marignac et moi, n'ont porté jusqu'ici que sur des échantillons de Binnen et de Zermatt, dont les propriétés biréfringentes sont en général de même sens ; il serait intéressant de leur comparer la composition des cristaux d' Ala , qui offrent tantôt des propriétés biréfringentes opposées, tantôt une neutralisation complète de ces propriétés, et qui par conséquent, doivent être des combinaisons en proportions variables de corps géométriquement et chimiquement isomorphes, mais optiquement dissemblables. Les divers échantillons de pennine présentent donc exactement les mêmes phénomènes que les apophyllites , et ils offrent la réalisation des diverses combinaisons que M. de Sénarmont s'était proposé d'obtenir en faisant cristalliser ensemble l'hyposulfate de strontiane et l'hyposulfate de plomb. Si maintenant nous cherchons à distinguer, au moyen

BIRÉFRINGENTES EN MINÉRALOGIE.

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des propriétés biréfringentes, les divers minéraux rangés dans la grande famille des chlorites, nous trouvons qu' à côté de la pennine , vient se placer la Leuchtenbergite.

Les minéralogistes ne sont pas encore bien d'accord sur la composition et la forme de ce minéral, qui a été principalement trouvé dans l'Oural ; M. Breithaupt le regarde comme une espèce à part ; d'autres en font un pseudomorphe du talc ; d'autres enfin le réunissent à l'ancienne chlorite. Suivant M. Kenngott , la composition admise jusqu'à présent devrait être modifiée, car ce savant a reconnu, dans l'intérieur des lames de Leuchtenbergite, de petits grenats dont la présence n'a pas été remarquée par les chimistes auxquels on doit son analyse. Quant à la forme que lui assigne M. Kenngott, ce serait un prisme rhomboïdal oblique d'environ 120°, dont la base ferait, avec les pans du prisme, des angles de 95° et 87°. Les échantillons qui existent dans les collections de Paris sont tous trop altérés à la surface pour permettre de prendre leurs mesures autrement qu'au goniomètre d'application ; j'y ai reconnu de cette manière un prisme hexagonal de 120°, avec une base qui

m'a toujours paru normale aux faces verticales. Du reste, cette altération n'est que superficielle, car si l'on

clive un cristal parallèlement à sa base, on peut en extraire des lames transparentes où l'on reconnaît immédiatement un seul axe positif de double réfraction. Lorsque ces lames sont suffisamment épaisses, on aperçoit même les trois premiers anneaux ; leur pouvoir biréfringent est donc plus considérable que celui de la pennine. L'apparence uniaxe de la Leuchtenbergite prouve que sa forme dérive d'un rhomboèdre comme celle de la pennine, ou bien qu'elle appartient, comme celle des micas , à un axe, à un prisme rhomboïdal droit susceptible de modifications hémiédriques ; mais