Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 94]

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DÉCOUVERTE, DES GISEMENTS DE PHOSPHATE

tout riches en carbone subissent la fermentation acétique , et celles qui sont azotées provoquent la nitrification par la combinaison de l'azote et de l'oxygène de l'air. Ces phénomènes s'opèrent par une sorte de combustion lente, qui ne peut s'achever d'une manière complète qu'a la condition que les produits auxquels elle donne lieu seront absorbés au fur et à mesure de leur formation. C'est ainsi que les terres acides ou riches en humus, telles que celles des défrichements finissent par dégager leur azote à l'état d'ammoniaque et par abandonner les sels minéraux, tels que le phosphate de chaux, renfermés dans les détritus qui s'y trouvent enfouis, quand on les marne ou qu'on les traite par la chaux. On sait aussi que toutes les matières azotées se décomposent facilement en présence de l'air humide, par suite de la double affinité du carbone pour l'oxygène et de l'azote pour l'hydrogène laquelle donne lieu à de l'acide carbonique et à de l'ammoniaque, et l'on conçoit par suite combien il importe que les engrais renferment de l'azote. D'un autre côté, si l'on admet avec M. Becquerel que les actions chimiques développent de l'électricité, et que réciproquement l'électricité provoque des combinaisons

et des changements d'état dans les corps, on arrive à conclure que les engrais agissent non-seulement par leur ammoniaque, mais encore et surtout par la nitrification provoquée sous l'influence de cette base et des actions électriques qui accompagnent la fermentation, nitrification qui s'accomplit dans les conditions les plus favorables si elle a lieu en présence de corps poreux qui,

ainsi que l'ont prouvé les expériences de M. Kulmann, secondent puissamment les combinaisons chimiques. Les forces électriques seules tendent bien à la forma-

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DE CHAUX TERREUX EN FRANCE.

fion de l'ammoniaque par la décomposition de l'eau et la combinaison de l'hydrogène naissant avec l'azote de l'air. Mais si l'ammoniaque existe déjà, c'est surtout en activantla nitrification que l.' électricité peut manifester sa puissance. Ainsi, en admettant que les conditions physiques du sol soient favorables à la décomposition des engrais, ces derniers deviennent une source abondante d' a- chie carbonique, d'ammoniaque et aussi d'acide nitrique.

Considérons seulement ce qu'une récolte de blé abSorbe d'azote. Ce corps y entrant dans la proportion de p. r oo, le produit d'un hectare, soit 2 000 kil, de grains et LI. 000 kil. de paille, exigera Go kil. d'azote (i) ;

or les 4 hectolitres ou les 38o kil. de noir animal que l'on sème sur cette surface, ne contenant pas au delà de à 2 p. ioo d'azote, en apporteront au plus 7',6o et.la plupart du temps beaucoup moins encore. C'est donc

seulement le huitième de ce qu'exige la récolte, et il faut que les 7 autres huitièmes soient pris en dehors de l'engrais. Si l'on fait un calcul analogue pour l'acide phosphorique qui entre dans le blé dans la proportion de o,55 sur ioo parties, on trouve que les 6. 000 kil. de grains et paille doivent contenir 51',8o d'acide phosphorique. Or, en admettant que le noir en renferme 5o p. 100, les 58o kil. de l'engrais introduiront dans le sol 4 kil. de cet acide, c'est-à-dire trois ou quatre fois plus que 1

ce que réclame la végétation du blé. Il est probable, d'ailleurs, que le pouvoir fertilisant du noir animal tient non-seulement au phosphate qu'il renferme, mais aussi à sa couleur qui permet une plus grande absorption de calorique et à son état poreux qui favorise la. condensation des gaz. (i) On admet ici un rendement de chaque par hectare.

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hectolitres de So kil.