Annales des Mines (1856, série 5, volume 10) [Image 22]

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28 Chaux.

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

Dans les localités. où il n'existe pas de chaux hydrauliques on les remplace souvent par des chaux artificielles obtenues en cuisant un mélange de calcaire ou de

chaux avec de l'argile. Si on se contente de broyer le calcaire avec l'argile et de cuire le mélange préalablement séché et mis en pains, la chaux est dite à simple cuisson. Lorsque le calcaire est d'abord transformé en chaux et mélangé ensuite avec l'argile on obtient de la chaux à double cuisson. Les chaux à double cuisson passent pour être meilleures que celles à simple cuisson et elles le sont effectivement, mais cela doit surtout tenir à ce que. pour obtenir de bons produits, il faut arriver à un mélange intime des matières qu'on obtient plus facilement avec de la chaux cuite qu'avec du calcaire. Comme on est maître des proportions du mélange, on peut obtenir des chaux artificielles aussi hydrauliques qu'on le désire et qui, si elles sont faites avec soin, donneront d'aussi bons produits que les calcaires naturels.

Les précautions et les soins qu'il faudra prendre

pour les fabriquer en rendront le prix assez élevé. On ne pourra d'ailleurs avoir une confiance absolue que dans ceux qu'on aura fait fabriquer sous ses yeux. Jusqu'à présent on s'est toujours servi d'argile pour fabriquer les chaux artificielles, mais du moment où il est constaté que les chaux siliceuses réussissent trèsbien à la mer, on doit chercher à en reproduire artificiellement. Il sera facile d'y arriver en mélangeant avec des

chaux grasses du silex pulvérisé. Des essais faits au Havre ont donné d'excellents résultats. De simples hydrates fabriqués avec des proportions variables depuis

SUR LES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

0,50 jusqu'à 4 de chaux en poudre pour de silex, ont fait prise dans des délais de trois à vingt jours et résistent parfaitemeut bien depuis vingt-deux mois à l'im-

mersion dans des cuves. Ils y ont acquis une dureté souvent égale et quelquefois très-supérieure à celle du ciment de Portland immergé depuis un ou deux mois.

Il serait donc tout à fait rationnel d'organiser sur une grande échelle et de diriger dans cette voie des essais de mortiers pour les travaux des ports de mer. On le ferait avec d'autant plus de raison que la seule chaux

qui ait réussi jusqu'à présent à la mer est une chaux purement siliceuse. En mettant ainsi de la silice pure en présence d'une

chaux grasse, les réactions chimiques seront on ne peut plus simples et les produits très-réguliers (1). De pareilles chaux artificielles remplaceraient avec avantage les ciments à prise lente. Les ciments naturels ou artificiels proviennent de la cuisson d'un mélange suffisamment homogène de calcaire et d'argile. Les combinaisons et les réactions qui accompagnent et suivent la prise sont différentes suivant la proportion de chaux libre qu'ils renferment et le degré de cuisson

qu'ils ont subi. Elles sont exposées en détail dans la première partie du mémoire. Nous rappellerons seulement que l'hydratation de l'aluminate de chaux , et principalement celle du silicate de chaux, formés tous les deux par voie sèche, déterminent la prise qui est plus ou moins rapide, suivant que le ciment contient (1) Le silicate de chaux n'étant pas fusible, un excès de cuisson n'aura aucun inconvénient. C'est une grande facilité pour la fabrication.

Mortiers et Ciments.