Annales des Mines (1855, série 5, volume 8) [Image 191]

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ESSAI SUR LA GÉOLOGIE DE NOSSI- BE. ESSAI SUR LA GÉOLOGIE DE NOSS1-BÉ.

ligrades ; le goût en parut âpre et astringent, ce qui lui fit supposer que c'était une eau ferrugineuse. En octobre 85o, M. Pervillé ayant su que je m'occupais de recherches géologiques sur Nossi-bé, me fit part de la découverte de cette eau, me priant d'en faire l'analyse. Nous étant transportés sur les lieux pour y puiser

voulus voir de nouveau si la source de Djabala n'avait pas reparu. Rien n'était changé ; seulement, comme nous étions à l'époque des grandes marées, les berges de la rivière étaient couvertes par la Mer, et je vis se dégager dans plusieurs endroits, à travers les fissures du terrain, des courants continuels de gaz.

Je fis creuser un trou de quelques décimètres de profondeur dans l'endroit où le gaz sortait en plus grande quantité. Après le retrait de la mer, ayant

l'eau que je devais analyser, nous reconnûmes immédiatement que la rivière dans laquelle se jetait la source

avait changé de lit et recouvrait entièrement la place qu'occupait jadis la source thermale. Seulement, dans cet endroit, l'eau de la rivière était agitée par un bouillonnement continuel qui indiquait le dégagement d'un gaz. Le gaz , recueilli dans des vessies, me donna avec l'eau de chaux un précipité abondant de carbonate calcaire. Le thermomètre plongé dans cet endroit s'élevait à peine à 2 degrés de plus que dans les autres parties de la rivière. L'eau analysée fournit du carbonate calcaire, du sulfate de chaux, du sulfate de magnésie, du sulfate de soude, plus une quantité de chlorure de sodium et du chlorure de magnésium, mais pas la moindre trace d'un sel soluble de fer. Comme cette composition ne diffère guère de celle de l'eau de la mer qui remonte deux fois par jour dans la rivière de Djabala, je restai persuadé que la source Minérale avait complétement disparu, et que je n'avais

recueilli que de l'eau de mer contenant un excès de carbonate de chaux dissous à la faveur de l'acide carbonique libre. Je bornai là mes recherches, qui, du reste, étaient devenues dangereuses à cause de la saison d'hivernage. Ayant repris en mai mes excursions géologiques, je

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voulu goûter l'eau contenue dans ce trou, je fus frappé de l'odeur d'oeufs pourris qui s'en dégageait. Cette

odeur était si intense que j'en fus presque suffoqué. 11 n'y avait pas à s'y tromper, c'était l'odeur du gaz acide sulfhydrique. La source de Djabala ne serait donc pas une source

d'eau ferrugineuse, mais probablement, et ce qui est bien plus précieux , une source thermale sulfureuse. Je recherchai par des moyens chimiques si réellement j'avais affaire à l'acide sulfhydrique. Un morceau _

de papier,- trempé dans mie dissolution d'acétate de plomb et placé dans le trou où avait lieu le dégagement de gaz, ne tarda pas à noircir. Il y avait donc de l'acide sulfhydrique. D'un autre côté, ayant fait traverser de l'eau de chaux par un courant de ce gaz, j'obtins un précipité de carbonate de chaux. Il résulte de ces expériences que le gaz qui sort des fissures du sol, aux environs de l'ancienne source ther-

male, est un mélange d'acide carbonique et d'acide sulfhydrique. L'importance de cette découverte m'engagea à chercher les moyens de détourner ou de creuser la rivière de Djabala , afin de mettre à découvert la source thermale. J'adressai à ce sujet un rapport au commandant particulier de Nossi-bé , le priant de mettre à ma dispo-