Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 315]

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inférieur; celle-ci n'est que grisâtre, elle est plus friable, le quartz y est pareillement en très-petits fragments, et peut-être aussi en moindre abondance. Je n'ai remarqué aucune effervescence avec les acides pour aucune de ces trois espèces ; il n'y a que

le phénomène que j'ai observé en délayant dans l'eau la première espèce ; ce sont probablement des bulles d'air renfermées dans la matière, lesquelles se trouvant libres s'élèvent au-dessus de l'eau; la deuxième espèce produit le même phénomène.

Nous venons de recevoir des lettres de nos confrères qui sont chez les sauvages ; ils nous donnent grand nombre de renseignements ; mais comme cela n'est point encore assez complet et qu'il y a encore une foule de choses plus ou moins vagues, je m'abstiens d'en parler cette fois-ci. 18 décembre 185i.

Deuxième lettre. Binh-Dinh, en Cochinchine, 9 octobre 1853.

Messieurs, Dans la première lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser

peu de temps après mon arrivée en Cochinchine, je vous disais que, peut-être, dans la suite je recevrais de la province de Quang-Nam un minéral que les Annamites disent renfermer du zinc. En effet, je viens de recevoir des échantillons d'un silicate de zinc. Que ce soit un silicate, j'en suis assuré par plusieurs expériences, dont l'une m'a valu la fusion du creuset en platine que je venais de recevoir, il y a seulement quelques

mois ; je me suis rappelé trop tard que le silicate de zinc, en contact avec le charbon, se réduit et donne du zinc qui attaque le platine. Ce zinc silicate est à l'état lamelleux : ce sont des tables minces, larges, appliquées les unes sur les autres, parfois fort irrégulièrement. Leur couleur générale est le vert bleuâtre ; quelques endroits sont gris ; sur les faces élevées, on aperçoit souvent une couleur rougeâtre ; la pre-

mière donne une couleur verte un peu plus prononcée que celle de l'échantillon en masse. Il raye facilement le verre, mais se laisse rayer par une pointe d'acier. Je ne parle pas de la densité, car je n'ai absolument rien pour la déterminer; je n'ai pas même une petite balance ordinaire. Chauffé dans le tube,

il n'a pas donné d'eau. Au chalumeau , il n'a fait que changer

un peu de couleur, il est devenu grisâtre; je n'ai pas remarqué autre chose. Avec le borax, il ne m'a donné qu'un verre incolore. Je dois confesser ici mon inexpérience dans l'usage du chalumeau, et d'ailleurs quel est mon chalumeau? un simple tube de bambou, armé d'un étui de plume en guise de bec; j'ai perforé d'une très-petite ouverture cet étui avec une aiguille a coudre.

J'ai reçu en même temps que le zinc silicaté un autre minéral de couleur noire que les Annamites appellent pierrecharbon. Il offre quelques parties lamellaires et même lamelleuses , mais il est beaucoup plus souvent à l'état granitoïde et terreux ; il tache les doigts ; on enlève très-facilement de petites lames dans les parties lamelleuses : je n'ai pas remarqué plus de trois clivages faciles; deux de ces clivages m'ont paru à l'oeil nu et à la loupe se couper à angles droits ; pour le troisième, il est sensiblement incliné sur les deux autres; je n'ai aucun instrument pour déterminer les angles exactement. La cassure à travers les cristaux est conchoïdale, mais d'un éclat vitreux très-vif. Dans la masse granitoïde et terreuse, on aperçoit aussi une infinité de points d'un éclat vitreux très-vif. De temps en temps, on remarque des endroits irisés qui ont des reflets comparables à ceux des gemmes précieuses ; j'ai re-

marqué surtout trois superbes couleurs : rouge améthyste, bleu de ciel et jaune de topaze. La poussière est noire comme l'échantillon en masse ; elle est entremêlée de points très-brillants. Le noir n'est pas parfait ; il a une légère nuance brune. Les cristaux obtenus par le clivage sont assez durs, mais ne rayent pas le verre ; je n'ai pas de substance pour déterminer exactement leur dureté. Au feu, ce minéral décrépite fortement ; au chalumeau, il n'a pas éprouvé de fusion, mais il s'est recouvert d'une poussière blanchâtre. Chauffé dans le tube, il a donné une grande proportion d'eau et a dégagé une légère odeur sulfureuse. Après un grillage préalable, la poussière, traitée par l'acide hydrochlorique, a mis en liberté un léger nuage de matière gélatineuse, sans doute de la silice. Je ne sais si l'acide muriatique a attaqué la poussière ellemême, car j'ai ajouté presque de suite de l'acide nitrique pour faire marcher plus vite l'opération; j'ai obtenu ainsi un chlorure soluble, et la dissolution a été incolore : j'ai plongé dans la liqueur la lame de mon couteau, il n'en est rien résulté; j'y ai plongé ensuite un morceau de zinc, pas plus de