Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 269]

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TERRAIN A N THRAX1 FERE DES ALPES.

par M. Élie de Beaumont dans un mémoire connu de tous les géologues. Nous nous contenterons de donner

ici en peu de mots la coupe du terrain telle qu'elle résulte de nos propres observations. Les roches les plus basses sont formées de gneiss et de talcschiste faisant partie de la chaîne talqueuse que l'Isère traverse au-dessous de Petit-Coeur. Leurs couches sont dirigées vers le nord-nord-est et plongent fortement vers la région est. Sur ces roches cristallines reposent immédiatement en stratification concordante, des schistes argilo-talqueux passant à une grauwacke schisteuse à fragments irréguliers de quartz et de talcschiste. Cette grauwacke , dont l'épaisseur n'est que de quelques mètres, ne diffère pas essentiellement de celle que l'on trouve quelquefois intercalée au sein même du terrain talqueux , comme aux environs d'Aileyard et près du Freney en Oisans. A ces couches arénacées succède un banc de schiste argilo-calcaire noir, très-fissile , renfermant des bélemnites très-minces fusiformes et facilement reconnaissables à leur cassure transversale radiée. Ce schiste à bélemnites s'enfonce sous un système peu épais de grès et de schiste argileux, où l'on trouve de l'anthracite et un grand nombre d'empreintes végétales recouvertes d'un enduit talqueux qui les rend brillantes et comme argentées. Ces restes

de végétaux, examinés par M. Adolphe Brongniart, ont été reconnus appartenir aux espèces suivantes : Pecopteris polymorpha , Pecopteris arborescens , Pecopteris Beaumontii , Pecopteris Plukenitii , Pecopteris obtusa, Neuropteris tenuifotia, Odontopteris Brardii , Ochintopteris obtusa. Toutes ces fougères sont propres au terrain

houiller. Au-dessus de ces grès anthraciteux à empreintes, on observe de nouveaux bancs de schiste argilo- calcaire qui renferment un grand nombre de

TERRAIN ANTHRAXIFÈRE DES ALPES.

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bélemnites. Ces derniers schistes font partie d'une série très-longue de roches de même nature, superposées les

unes aux autres et se terminant près de Moutiers par une puissante assise de calcaire talqueux à structure bréchiforme , que nous avons montrée précédemment être le prolongement direct du calcaire des Trois-Évêchés. Les couches les plus basses, qui renferment alternativement des bélemnites et des empreintes de fougères, sont tellement liées entre elles qu'il est impossible de ne pas les rapporter à la même époque géologique. C'est sur ce fait remarquable que M. Élie de Beaumont

a surtout insisté, et sa manière de voir a été partagée par tous les observateurs qui ont visité les lieux. La vallée de la Romanche, aux environs du Mont- Grès de de-Lans en Oisans, est coupée, à peu près perpendiculairement à sa direction, par deux assises distinctes de grès anthraciteux dont l'épaisseur est médiocre, mais qui sont remarquables par leur continuité et leur liaison intime avec des roches cristallisées. La première assise, qui est la plus étendue, est composée de couches fortement inclinées vers l'est et dirigées à peu près du nord au sud. Sa puissance ne dépasse guère une centaine de

mètres. Elle forme une bande arénacée très-distincte qui commence au sud près de Venosc , traverse le col des Mays et va couper la Romanche au-dessous du village de Bons, à Sou mètres environ à l'ouest de la galerie de l'Infernet , percée pour le passage de la grande route. Au delà de ce point, cette même bande de grès

continuant à se diriger vers le nord, suit le flanc gauche d'un grand ravin nommé Cornbe-Gillarde, entre le Freney et Auris , et se prolonge jusqu'à l'extrémité la plus élevée des pâturages d'Huez , où elle disparaît sous les glaciers qui recouvrent le versant occidental de

la chaîne des Grandes-Rousses. Sur toute cette lonTORE V, 1854.

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l'oisons.