Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 145]

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CHEMINS DE FER D'ALLEMAGNE.

propriété sur le tassement, et par suite sur l'état fin al d'équilibre de la voûte. Quoique moins prononcés pour la brique que pour

les matériaux bruts, à cause de la régularité de sa forme et de sa résistance ordinairement médiocre, les avantages du ciment sont donc encore très-réels. D'ailleurs la brique employée ici était d'une qualité exceptionnelle. L'expérience a donné en moyenne, pour sa résistance à l'écrasement, i5o kil., chiffre bien rarement atteint par la brique, et qui place celle-ci sur la même ligne que le mortier le plus dur fait avec nos ciments de Pouilly et de Vassy (c'est-à-dire celui qui renferme des volumes égaux de sable et de ciment. L'argile employée à la fabrication d'une grande partie de ces briques provenait du lit même de la rivière et de ses bords. Les déblais des fouilles ont même été utilisés pour cet usage. Cette argile était très-pure, ni calcaire ni ferrugineuse, et on la

mélangeait avec 1/3 de sable. Les deux espèces de briques mises en oeuvre ont des teintes très-différentes, l'une claire, l'autre foncée, et dont on a tiré un parti assez heureux pour Cintres.

Décintrement.

l'aspect du pont. L'activité de la navigation, pendant l'été, avait déterminé à exclure des cintres (fig. 1) tout support intermédiaire. Aussi n'avaient-ils pas la rigidité nécessaire. Un approvisionnement con-

venable de matériaux sur le sommet, a suffi, du reste, pour rendre leur forme sensiblement invariable pendant la construction des reins. Le décintrement eut lieu quatorze jours après la fermeture des voûtes ; il suffit de chasser très-légèrement les cales des

poteaux pour rendre les cintres complétement libres (1), ce qui confirme l'extrême petitesse du tassement des voûtes maçonExemple du pont nées en ciment. Le même fait a été observé tout récemment, de de Bercy. la manière la plus nette, au décintrement des grandes arches de 54",5o, surbaissées au 1/8 (rayon, 56-,67), du pont du chemin de fer de ceinture, à Bercy. Les sacs de sable disposés, suivant la

méthode connue, pour régler l'abaissement du cintre et empêcher la voûte de prendre de la vitesse, ont été complétement inutiles ; les voûtes ne suivaient pas sensiblement les cintres. Voûtes dans les Le pont de Wronke a encore quelque analogie avec le pont tympans. de Bercy sous deux autres rapports ; la nature du terrain, et l'é(i.) Par excès de précaution, on les laissa en place pendant quelques jours, mais sans qu'ils reprissent charge le moins du monde.

PONTS EN MAÇONNERIE.

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videment des tympans. Ils sont élégis par un système de petites voûtes longitudinales y, y (fig. s et 2), aboutissant sur chaque pile à une galerie transversale, -u; mais cette disposition ne figurait pas dans le projet et a été introduite après coup, par suite de quelques mouvements inquiétants des piles, qui imposaient l'obligation de mettre tout en oeuvre pour réduire leur charge. Le fond est formé d'un banc d'argile, de 12 à 22 mètres de

puissance, qui affleure sur l'une des rives, et plonge ensuite sous Une couche de sable d'épaisseur croissante. Les piles en rivière ont été fondées sur pilotis et grillage. Les pieux ont

9',4o de long et 7. à 7.,5o de fiche ; leur refus était

de orn,o2 par volée de trente coups d'un mouton en fonte de 900 kil.,

manoeuvré à tiraudes (s). L'enceinte était formée de palplanches de 9"',!to de long, assemblés à rainure et languette (2). Ces pieux battus, on installa sur eux un échafaudage qui servit au battage des pieux de fondation. On fit alors l'épuise-

ment au moyen de pompes à vapeur. Pour obtenir des joints étanches, on avait ménagé entre la languette et le fond de la rainure un intervalle, j, dans lequel on refoulait, avec un bourroir, de l'étoupe imprégnée de ciment de Portland. On faisait aussi dans le joint lui-même, en a, a (fig. 2), un véritable calfatage au moyen d'étoupe, de ciment, et de petits fragments de briques. Tous ces soins minutieux réussirent complétement. (s) On employait pour cette manoeuvre 55 sonneurs, nombre exagéré et très-peu favorable à l'ensemble, et par suite à l'économie du travail. Mais on a battu aussi à, déclic, et on a été conduit à regardes' la sonnette à tiraudes comme bien préférable pour le battage dans le sable, à cause de la lenteur de la manuvre à déclic et de l'influence très-prononcée du temps sur la résistance à l'enfoncement dans ce terrain. Il était donc essentiel surtout que les coups se succédassent rapidement. C'était l'inverse pour le battage dans l'argile. (2) On a eu, dans le courant de ce travail, à extraire trois palplanches qui refusaient absolument d'avancer, soit à tiraitdes, soit à déclic. On essaya, mais sans succès, d'employer d'abord la sonnette et le câble de mise en fiche, puis un grand levier et une chaîne. On ne réussit qu'en installant sur les moises de tenceinte, de part et d'autre de la palplanche à extraire, deux verrins à vis en fer, et en virant sur une grosse barre de fer, liée à la palplanche par une broche et des estropes. On trouva les fibres des bouts épanouies de part et d'autre du milieu, et indiquant la présence d'un corps très-dur. On détermina ses limites par des sondages, et on prit le parti de le comprendre dans l'enceinte. TOME V,

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Fondations.